90% des sages-femmes du CHU Saint-Pierre en grève: “Je devrai un jour, peut-être, renoncer à ce que j’aime le plus”

Les sages-femmes, elles aussi, sont en grève ce 14 octobre. Elles sont là à chaque naissance, malgré leur fatigue et leur mécontentement, mais ont décidé de lever le pied en signe de protestation. Pourtant, le service ne peut pas fermer. Alors, pour assurer un minimum de soins, il a fallu réquisitionner.

Au pied de l’hôpital Saint-Pierre, les sages-femmes crient leur colère, en ce 14 octobre, jour de manifestation nationale. 90% d’entre elles sont en grève.

Leurs revendications sont arrivées jusque dans les couloirs de la maternité. Ici, c’est une autre bataille qui se joue. Réquisitionnées, ces sages-femmes sont là, présentes pour poursuivre leur mission et accompagner la vie.

Moi, je fais grève. Mais quand on est sage-femme, faire grève, ça veut dire travailler de 9 h à 21 h“, nous explique Clémence. Son travail de sage-femme, c’est une passion qui la fait vibrer, mais à quel prix ? “J’ai 28 ans, je suis sage-femme ici à Saint-Pierre depuis cinq ans. Cet été, j’ai dû rendre mon premier arrêt-maladie prolongé pour des raisons de santé mentale totalement liées au travail pour un épuisement. C’est difficile d’en arriver à ce point-là. C’est difficile de s’en rendre compte. C’est difficile de le partager à ses proches. En même temps, c’est difficile de se dire que je devrai potentiellement, un jour peut-être, renoncer à ce que j’aime le plus et ce qui me passionne pour pouvoir me protéger, moi“.

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Ce sentiment est partagé par toute l’unité. “La profession de sage-femme s’essouffle, ça, c’est sûr“, confirme Alice Van Dormael, responsable sage-femme de la maternité du CHU Saint-Pierre. “Les soignants sont fatigués. On ne peut pas faire des économies sur nous. La qualité du travail, c’est le temps qu’on prend avec les patients, c’est les explications qu’on donne, c’est pas les actes qu’on fait, c’est la possibilité de demander le consentement à chaque acte. C’est la possibilité d’expliquer pour que les patients puissent participer à leurs soins. Et ça, malheureusement, ça ne se tarife pas“.

Face aux tout-petits qui viennent de naître, une question reste suspendue : quel avenir pour celles qui protègent les premiers instants de vie ?

■ Reportage de Adeline Bauwin et Frédéric De Henau

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