Assises : César Arribas Calvo peine à aborder les questions factuelles importantes
La présidente de la cour d’assises de Bruxelles, Anne Leclercq, a dû insister vendredi pour que César Arribas Calvo, accusé de l’assassinat de Teresa Rodriguez Llamazares, en vienne à la matérialité des faits dans les réponses qu’il fournit (en espagnol) à la cour sur le déroulé des événements du 27 octobre 2022. “On ne va pas revenir sur votre état d’esprit”, a insisté la juge, après que l’accusé se soit longuement attardé sur son état irrationnel, son agitation, son envie “d’en finir au plus vite” avec sa vie et celle de Teresa R. L., qu’il ne voulait pas dissocier de la sienne. Cette dernière l’avait pourtant quitté un mois plus tôt.
“Je sais que vous étiez perturbé ce jour-là, mais on ne parlera plus tard”, a réitéré Anne Leclercq, ramenant le débat aux faits, aux gestes, aux constats des enquêteurs et aux déplacements dans l’appartement repris dans la reconstitution vidéo du féminicide. César Arribas Calvo, policier de formation, a voulu s’asseoir pour témoigner, sous le coup d’une forte émotion. Demande validée en matinée, refusée en fin d’après-midi. L’accusé a pleuré, peinant à aborder les faits. La cour d’assises voulait obtenir des réponses sur trois grands points : qu’a-t-il fait pendant 20 minutes dans l’appartement avant de s’en prendre à la victime, sachant qu’il dit être entré chez elle en étant “déterminé à en finir” ? Comment a-t-il exécuté les 153 coups de couteaux (francs) et entaillé à ce point sa gorge ? A-t-il sauté de la corniche, dans une tentative de suicide, ou a-t-il chuté en essayant de prendre la fuite, après avoir tué Teresa R. L.?
L’accusé a finalement déclaré qu’ils ont eu “une conversation banale” pendant environ 20 minutes, dont il ne se rappelle pas car “son cœur battait trop vite”, entre peur et détermination. Il avait alors caché les deux couteaux de cuisine sous son pull. Il a expliqué avoir sectionné le cou de Teresa R. L. “quand elle était déjà sans vie”, après l’avoir assaillie de dizaines de coups parfois très profonds.
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César Arribas Calvo a admis qu’il avait tenté de faire passer le corps inerte de Teresa Rodriguez Llamazares par la fenêtre du 5e étage. “Je voulais mourir en me jetant avec elle”, a-t-il dit. N’y parvenant pas, il est sorti seul pour, dit-il, atteindre le point le plus haut et sauter. Il a expliqué qu’il n’avait pas eu le courage de le faire franchement et qu’il ne sait pas s’il est tombé volontairement ou s’il a glissé, mais que l’intention était de mourir aussi. L’analyse du téléphone de César Arribas Calvo, au cœur des débats vendredi, indique que la veille des faits, le 26 octobre 2022, l’accusé rédige une première version d’un texte d’adieu et d’excuses à envoyer à sa famille. Il fait ensuite une série de recherches internet sur l’aorte, les fractures au cou et les couteaux de cuisine. Le lendemain matin, jour de l’assassinat, il appelle la victime pour entrer chez elle. Une fois dans la rue, devant sa porte, il modifie son texte d’excuses et tente de l’envoyer à sa famille. L’accusé a complété ce constat vendredi en expliquant qu’il a prétexté l’oubli d’un objet sur place, qu’il connaissait les horaires de travail de Teresa R. L. à l’hôpital Erasme et qu’il savait que sa colocataire était absente ce matin-là.
Selon les images des caméras de surveillance, César Arribas Calvo est ensuite entré dans l’immeuble, vers 06h40, puis monté au 5e étage à pied en raison d’une panne d’ascenseur. A 07h00, le voisin du 4e étage a entendu un cri d’effroi, puis du mouvement, mais n’est pas intervenu. César Arribas Calvo est finalement sorti par la fenêtre du couloir et s’est rendu sur les toits, avant de tomber du 5e étage à 07h14. Au bout de ce procès, le jury d’assises devra notamment se prononcer sur le caractère prémédité de l’homicide, mais aussi sur le transport d’objets piquants ou tranchants qui ne sont pas conçus comme des armes, mais qui ont été utilisés comme telles. Teresa Rodriguez Llamazares avait 23 ans au moment des faits. De nationalité espagnole, née au Mozambique, elle était infirmière à l’hôpital Erasme depuis juin 2022. En septembre 2022, elle a quitté César Arribas Calvo, 24 ans à l’époque, après une relation sentimentale et changeante, étendue sur trois ans. De nationalité espagnole également, et résidant à Valladolid, César Arribas Calvo s’était rendu à Bruxelles du 22 au 27 octobre 2022 pour “essayer de la reconquérir”, a répété l’accusé plusieurs fois au cours du procès.
Belga





