Budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles : les recommandations du groupe d’experts reçoivent un accueil glacial du terrain
Les syndicats des enseignants ont rejeté jeudi les recommandations avancées la veille par un comité d’experts chargé par le gouvernement d’analyser les perspectives budgétaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Leur rapport préconise notamment de mettre fin au régime de fin de carrière des enseignants, ou d’augmenter la charge horaire des profs. Interrogé sur la Première (RTBF), Luc Toussaint, président de la CGSP-Enseignement, a rejeté cette idée, assurant que le travail abattu aujourd’hui par les enseignants était en réalité déjà bien supérieur à ce qui est prévu par la législation. En augmentant la charge horaire des profs, cela va rendre le métier d’enseigner plus pénible, et donc aggraver la pénurie actuelle, a-t-il fait valoir.
Face à ces idées, les syndicats se disent prêts à monter aux barricades. “Si le gouvernement met en application les recommandations (du rapport d’experts), alors ça risque de chauffer“, avertit Roland Lahaye, secrétaire général de la CSC-Enseignement.
La FEF s’insurge sur le minerval
Le comité suggère aussi d’augmenter le minerval pour l’inscription dans l’enseignement supérieur. Son coût est fixé à 835 euros, un montant gelé depuis 2011. “Pour nous, augmenter le minerval n’est pas acceptable. On se bat déjà pour le faire baisser“, a réagi de son côté Adam Assaoui, le président de la fédération des étudiants francophones (FEF). “Si l’on compare avec la Flandre où le gel du minerval n’existe pas, cela veut dire que le minerval en FWB devrait augmenter de 340 euros. C’est énorme pour les familles!“, ajoute M. Assaoui. Pour la FEF, augmenter le prix du minerval va avoir pour effet de détourner une série de jeunes “qui vont se dire que l’université c’est trop cher“, les familles les moins favorisées n’étant souvent pas au courant des aides sociales à leur disposition.
Les critiques politiques du PS
Au niveau politique, le PS estime que ce rapport montre combien il importe pour le gouvernement MR-Engagés de renoncer à de nouvelles dépenses. Les socialistes pointent notamment le projet de fin des nominations des enseignants ou encore l’abandon du tronc commun jusqu’en fin de 3e année du secondaire. “Le rapport nous montre que ces deux mesures prises ensemble vont coûter 562 millions d’euros. C’est de la folie!“, selon Martin Casier, chef de groupe au parlement de la FWB. “On savait déjà que les choix idéologiques de la majorité n’allaient pas améliorer l’enseignement. On voit maintenant qu’ils vont avoir des conséquences budgétaires dramatiques“, ajoute l’élu. Selon lui, les conclusions du rapport d’experts placent le gouvernement devant “un moment de vérité“. “Face à la situation budgétaire, le gouvernement va devoir nous montrer maintenant ses priorités politiques, ses choix de société!” Pour le PS, faire des économies dans l’enseignement serait une très mauvaise décision pour l’avenir. “Toutes les études le montrent: un euro investit dans l’éducation rapporte 4 euros à la société sur le long terme!”, pointe encore Martin Casier, déplorant que le groupe d’experts n’ait pas pris cet élément en compte.
Dans l’opposition également, le PTB voit dans les recommandations un “catalogue d’attaques inimaginables contre les jeunes, les familles, les écoles, la culture, le sport, le monde associatif, le secteur de la jeunesse”, selon sa cheffe de groupe, Amandine Pavet. “C’est non seulement un bain de sang social qui s’annonce mais aussi une attaque contre la qualité de l’enseignement, l’avenir des jeunes, le pouvoir d’achat et la démocratie”, ajoute l’élue marxiste qui s’interroge sur la présence de personnalités du monde bancaire dans le panel d’experts choisis par le gouvernement. “Le gouvernement MR-Engagés sera-t-il guidé essentiellement par des questions économiques sans se rendre compte des conséquences humaines?”, se demande Mme Pavet.
Degryse réagit
Interrogée jeudi sur les conclusions du rapport d’experts, la ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Elisabeth Degryse (Engagés) évoque un rapport qui “objective la situation“. “Il devait poser les bases pour les discussions budgétaires et conscientiser le grand public à la situation catastrophique des finances de la FWB“, souligne Mme Degryse, en charge du Budget. “Sur base de ce rapport et des groupes de travail organisés depuis quelques mois, le gouvernement pourra en connaissance de cause poser des choix éclairés dans les semaines à venir“.
Les mesures envisagées inquiètent aussi DéFI. “Si ces propositions permettent certes des économies à court terme, elles risquent de mettre en danger nos enseignants, d’aggraver la pénurie de professeurs et de réduire la qualité de l’enseignement, tout en faisant supporter aux parents et aux étudiants le poids d’un déficit qui n’est pas le leur”, commente sa présidente Sophie Rohonyi. “MR et Engagés promettaient hier l’excellence… mais en augmentant le prix de l’école et en épuisant les enseignants, il devient clair que seuls les étudiants les plus privilégiés pourront goûter à cette excellence”, selon elle.
Le rapport devrait théoriquement être présenté la semaine prochaine en commission du Budget du parlement par le président du comité d’expert, Pierre Crevits.
Belga





