Le Théâtre national Wallonie-Bruxelles célèbre 80 ans d’imaginaire commun
Le Théâtre national Wallonie-Bruxelles (anciennement Théâtre national de Belgique) fête ses 80 ans ce vendredi 19 septembre. Pour marquer le coup, l’institution, plutôt que d’opter pour un “grand barnum” festif, a préféré s’orienter vers une “vision perspectiviste” et la “dynamisation d’une pensée Théâtre National”, selon son directeur Pierre Thys. L’objectif est de puiser dans son riche passé pour penser l’avenir, en développant une relation renouvelée avec son public.
L’histoire du théâtre commence en 1945. Fondé cette année-là à Bruxelles par décret du Régent, il est né de l’initiative de Jacques Huisman, acteur et metteur en scène belge. Ce dernier aspirait à répandre le goût du théâtre de qualité, à mieux faire connaître le théâtre belge, tant au sein du pays qu’à l’étranger, et à valoriser les comédiens nationaux.
En 1961, le Théâtre national de Belgique s’installe au Centre Rogier, en plein cœur de Bruxelles. En 1999, alors que l’immeuble est voué à la démolition, le théâtre quitte les lieux pour s’établir provisoirement dans l’ancien cinéma Pathé Palace, situé sur le boulevard Anspach.
Il rejoint ensuite un nouveau bâtiment, toujours au centre-ville, conçu selon les standards scénographiques les plus récents, sur le boulevard Émile Jacqmain. Ce nouvel écrin, abondamment vitré, est inauguré le 16 novembre 2004. Les architectes ont misé sur un travail basé sur l’alternance entre transparence et opacité, comme un voile tiré sur les mystères du spectacle.
L’édifice renferme trois salles : la plus grande, modulable, comporte 750 places ; la petite salle, de 250 places, favorise un rapport intime entre spectateurs et acteurs, et la troisième salle, le Studio, de 150 spectateurs environ, accueille des représentations destinées à une assemblée plus réduite encore.
Depuis mai 2021, la direction générale et artistique du Théâtre national Wallonie-Bruxelles est entre les mains de Pierre Thys. Son mandat est marqué par la volonté de faire émerger un “imaginaire commun créatif, solidaire et désirable” pour les artistes, le public et les équipes du National.
Depuis son arrivée, les services des relations avec les publics et de médiation ont été renforcés et leurs activités font partie intégrante de la programmation. La démarche du directeur vise à “s’extraire de soi pour aller rencontrer l’altérité” plutôt que de simplement “inclure”, afin de diversifier les publics. Un exemple emblématique de cette ouverture est l’inauguration en mai dernier d’un centre d’art au sein de la Résidence Sainte-Gertrude, maison de repos de la Ville de Bruxelles, en collaboration avec l’artiste Mohamed El Khatib.
Pour les 80 ans du Théâtre national Wallonie-Bruxelles, l’accent est mis sur la réactivation du centre de documentation et la création d’un fanzine pour partager l’histoire du lieu avec le public.
Par ailleurs, bien qu’aucun spectacle n’ait été spécifiquement programmé pour l’anniversaire du théâtre, certains se révèlent “parfaitement au bon endroit”, selon Pierre Thys. Le directeur cite par exemple “Maria et les oiseaux (histoires de Belgique)” d’Antoine Laubin, qui embrasse 80 ans de mémoire nationale, de 1945 à 2025, correspondant ainsi précisément aux 80 ans de l’institution culturelle.
Autre “heureux hasard” de la programmation, la présence de la metteuse en scène Isabelle Pousseur avec son spectacle ‘Du côté de chez Elle(s)’ lors de cette saison anniversaire. L’artiste a en effet marqué l’histoire du National, notamment en l’emmenant pour la première fois au Festival d’Avignon.
Le Théâtre national se définit avant tout comme un lieu de production et de diffusion au service des artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Depuis ses débuts, ceux-ci occupent une place prépondérante dans la programmation et, aujourd’hui, environ 70 à 75% de l’agenda est consacré à ces créateurs. Sous l’impulsion de directions successives, le théâtre a aussi ouvert sa scène à la création internationale, pour mettre en relation le public de la Fédération Wallonie-Bruxelles avec d’autres territoires artistiques, au-delà d’un regard eurocentré.
En moyenne, le National propose, par an, 165 spectacles au siège et en tournée (186 en y ajoutant les activités de médiation) et plus de 700 représentations au siège et en tournée (près de 1.000 en comptant aussi la médiation). Il accueille quelque 160.000 spectatrices et spectateurs au siège et en tournée, tandis qu’il emploie environ 100 équivalents temps plein permanents et non permanents (profils artistiques, techniques et administratifs).
Les principaux défis de la structure consistent à poursuivre l’élargissement et la diversification de ses publics. Le théâtre doit aussi maintenir un équilibre entre exigence artistique et accessibilité, qu’il s’agisse de théâtre de répertoire, d’écritures de plateau ou de grands ballets contemporains. Enfin, sur le plan financier, la préservation des subventions est cruciale pour garder des tarifs abordables, dans un contexte budgétaire incertain.
Belga





