Aucun concert et quatre matchs de foot en 2025 : quel avenir pour le stade Roi Baudouin ?

Boudé par les stars pour les concerts, par les Diables Rouges et même par l’Union Saint-Gilloise, le stade Roi Baudouin est de plus en plus décrié, au point de se poser de réelles questions sur l’avenir de l’enceinte bruxelloise.

Aucun concert n’a lieu cette année au stade Roi Baudouin, une première depuis 2021 à cause du COVID. Cette fois, pas de pandémie, mais le stade Roi Baudouin est décrié par les artistes. En cause : une enceinte bien trop vétuste, une accessibilité mal gérée, l’absence de toit… Autant de raisons qui poussent les artistes à ne pas passer par la capitale de l’Europe pour leur tournée et à se rabattre sur les enceintes voisines de la Belgique.

En regardant la carte, on remarque que de nombreuses tournées se sont déroulées cette année, mais que les stades voisins de Bruxelles ont été préférés. Les stades de même importance et capacité que le stade Roi Baudouin ont tous accueilli au moins un concert cet été.

Les cinq stades cités sont à moins de 300 kilomètres du stade Roi Baudouin. D’autres très grandes enceintes, un peu plus lointaines, font aussi concurrence, comme le Stade de France ou Wembley.

Boudé aussi pour le football

L’accueil des concerts n’est pas la fonction principale du stade Roi Baudouin. Sa fonction première est d’être le stade national qui accueille les Diables Rouges. Mais la Fédération belge de football a décidé, elle aussi, de limiter le nombre de matchs disputés au stade Roi Baudouin. En 2025, les Diables Rouges n’ont joué qu’un seul match au Heysel : la victoire 4-3 en juin contre le Pays de Galles, dans un stade quasi comble.

Pour le reste des rencontres, Kevin De Bruyne et ses coéquipiers ont disputé leurs matchs de qualification pour la Coupe du monde à Anderlecht, à Liège (Sclessin), à Bruges (Jan Breydel Stadion) et à Gand (Planet Group arena). Lors des rencontres délocalisées à Anderlecht mais aussi à Genk, dans le cadre de la Ligue des Nations en début d’année, staff, joueurs et supporters ont tous partagé leur plaisir de jouer ailleurs qu’au stade Roi Baudouin. Les tribunes de ces stades sont plus proches et offrent davantage de fan experience. Pour les joueurs, la proximité avec le public crée une ambiance plus intense dans l’enceinte.

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Au stade Roi Baudouin, la piste d’athlétisme, la faible inclinaison des tribunes et le fait que l’enceinte ne soit pas entièrement fermée constituent autant de freins au confort des rencontres footballistiques. Un autre problème est également apparu : l’état de la pelouse.

La pelouse du stade Roi Baudouin a d’ailleurs causé une grosse frayeur à l’Union Saint-Gilloise, qui a failli ne pas pouvoir disputer son match de barrage d’Europa League contre l’Ajax Amsterdam après de fortes pluies. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles les Jaunes et Bleus n’ont pas voulu jouer leur match de Ligue des Champions cette saison au Heysel et ont préféré évoluer au Parc Astrid, dans le stade du Sporting d’Anderlecht.

Depuis le COVID, le Heysel n’a jamais accueilli aussi peu de rencontres footballistiques. À la fin de l’année 2024, le Sporting d’Anderlecht a décidé d’arrêter de faire jouer son équipe de jeunes, évoluant en deuxième division, dans le stade Roi Baudouin, pour finalement disputer ses rencontres à Deinze.

Quelques semaines plus tard, la Fédération belge de football a annoncé sa volonté de faire un “tour de Belgique” des stades. Cet été, l’Union a également annoncé jouer la Ligue des Champions au Parc Astrid. Trois décisions qui ont fait chuter le nombre de matchs organisés dans le stade et qui donnent ce triste constat : le dernier match a eu lieu le 9 juin et aucune prochaine rencontre de football n’est programmée pour le moment.

Des perspectives compliquées

Des organisateurs d’événements, comme Herman Schueremans, CEO de Live Nation, se sont exprimés sur le sujet. Pour le quotidien Moustique, il estime que la construction d’un nouveau stade multifonction doit se faire à la place du stade Roi Baudouin : “C’est même impératif si la Belgique veut rester sur la carte des grands concerts. Il faut bâtir un nouveau stade moderne d’une capacité de 40 000 spectateurs, avec un toit rétractable.”

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Herman Schueremans précise aussi qu’il existe une véritable envie des artistes de se produire en Belgique : “La Belgique rate plein d’opportunités. On a plein d’artistes qui nous disent : “Nous avons une scénographie adaptée aux stades et pas aux festivals. On adore la Belgique mais on n’aime pas le stade Roi Baudouin.”

Quand on regarde les cinq stades situés à moins de 300 kilomètres du stade Roi Baudouin, on remarque qu’ils sont tous plus récents que la dernière véritable rénovation du Heysel, qui date de 1995, dix ans après le drame. Depuis, aucun travaux majeurs n’ont été réalisés, si ce n’est le remplacement des sièges et le rafraîchissement de la salle de presse et des vestiaires en 2024.

Quelle place pour l’avenir ?

Pour l’avenir, la Ville de Bruxelles a lancé sa quatrième étude sur la rénovation du stade. Une démolition et une reconstruction complètes ne sont pas envisagées, même si les études précédentes indiquaient qu’il s’agissait de la seule solution. “Le stade Roi Baudouin est emblématique. C’est pourquoi une étude a été lancée pour sa rénovation. Toutes les options sont analysées, y compris le coût”, a déclaré l’échevine des Sports Florence Frelinx (MR) début septembre lors d’un conseil communal de Bruxelles.

L’échevine a aussi expliqué que l’importance de ce projet dépasse la Ville de Bruxelles. Mais il est difficile de mettre en place une stratégie régionale en l’absence de gouvernement bruxellois. Un partenariat public-privé pourrait être envisageable : dans ce cas, une entreprise privée prendrait en charge les coûts, qu’elle récupérerait ensuite par le biais d’un bail à la Ville, par exemple.

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La piste de la rénovation est privilégiée, mais le calendrier commence à être serré : Bruxelles est candidate pour l’organisation des championnats d’Europe d’athlétisme en 2030, à l’occasion du bicentenaire de la Belgique et du centenaire du stade. En 2026, deux matchs des Diables Rouges, un concert, le Mémorial Van Damme et la finale de la Coupe de Belgique sont prévus, un programme bien maigre pour le plus grand stade du pays.

Rémy Rucquoi

BX1
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