Déblocage pour le RER à Linkebeek : “Le seul point positif est qu’une décision est enfin tombée dans ce dossier”
La décision s’est prise dans une salle du conseil communal comble à Linkebeek. La commune accepte le compromis proposé par Infrabel d’une voix : 7 pour, 6 contre et 1 abstention. Quelles sont maintenant les suites pour le dossier du RER et pour la commune ?
■ Reportage de Thomas Dufrane et Jacques Vermeer
Rappelons que l’accord voté prévoit la suppression de la gare de Linkebeek, ce qui permettra de ne pas passer à 4 voies sur 700 mètres dans la commune, afin de garantir la fluidité du trafic et d’augmenter l’offre de trains. Les navetteurs seront redirigés vers les deux gares les plus proches : celle de Moensberg, à 7 minutes à pied, et celle d’Holleken, plus difficile d’accès.
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Comme prévu, le vote a été extrêmement serré : 14 des 15 conseillers communaux ont pris part au vote. Un conseiller de la majorité s’est retiré, sur conseil de l’avocat communal, car il est membre d’un collectif de riverains. Les 6 conseillers communaux de l’opposition, menée par Damien Thiéry (MR), ont voté pour, rejoints par une conseillère de la majorité et une abstention issue de la majorité. Un camp majoritaire divisé qui a donc donné raison à l’opposition sur ce vote crucial pour l’avenir de la commune.
L’opposition du bourgmestre
Le bourgmestre Yves Ghequiere a voté contre. Pour lui : “Dans le dossier RER, on essaie, par une offre plus intéressante, d’encourager les gens à prendre le train plutôt que la voiture. Donc il est essentiel de faire en sorte qu’on ait le meilleur réseau possible. Parallèlement, cette décision fait que la gare de Linkebeek est supprimée. Or, stratégiquement parlant, la gare de Linkebeek est très bien située puisqu’elle permet d’atteindre la jonction Nord-Midi d’une part, mais également la ligne 26 vers Schuman et l’aéroport de Bruxelles.”
Pour Yves Ghequiere, la bonne solution dans ce dossier était de passer à 4 voies sur tout le tronçon : “C’était la seule option pour garder toutes ces haltes et surtout la halte linkebeekoise. Il n’y avait pas d’autre plan que la mise à quatre voies partout. Je peux comprendre que, pour certaines personnes, avoir un chantier devant sa porte pendant des années n’est pas agréable, je le comprends très bien. Je peux comprendre également que, pour d’autres, la préservation de l’environnement linkebeekois, même sur 700 mètres, était une chose très importante, voire prioritaire.”
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Le bourgmestre insiste : pour lui, l’intérêt général aurait été la conservation de la gare de Linkebeek avec un passage à quatre voies sur l’entièreté du territoire linkebeekois. Yves Ghequiere ajoute toutefois : “Le seul point positif est qu’une décision est enfin tombée dans ce dossier qui traîne depuis je ne sais combien d’années. Je crois qu’il était temps que nous atterrissions dans ce dossier RER.”
L’opposition, elle, se félicite de conserver une partie de Linkebeek et d’avoir enfin trouvé un compromis pour un dossier qui dure depuis plus de 20 ans.
La commune d’Uccle se veut rassurante
Le trafic va donc être redirigé vers la gare uccloise de Moensberg. La commune d’Uccle se veut rassurante sur l’impact de la décision linkebeekoise : “Voyons le positif : la ligne 124 arrivera à la gare de Moensberg dans deux ans, avec deux trains S supplémentaires. Au niveau local, c’est clairement une plus-value”, a déclaré Jonathan Biermann, échevin de la Mobilité. Il a toutefois rappelé que, pour le collectif, “il aurait été plus avisé de passer à quatre voies”, tout en soulignant que “le passage à quatre voies aurait pris plus de temps”.
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L’échevin insiste toutefois sur la mise en place rapide de l’alternative cyclo-piétonne entre la gare de Linkebeek et celle de Moensberg : “C’est essentiel, cette passerelle doit être réalisée. Parce que, si de façon générale, pour Uccle, l’accord entraîne l’arrivée de la ligne 124 au Moensberg d’ici deux ans, pour les personnes qui habitent à proximité de la gare de Linkebeek, le trajet jusqu’à la gare de Moensberg est actuellement un peu plus long. Le chemin cyclo-piéton permettra de connecter tout ce quartier à la gare de Moensberg de façon plus rapide, et également d’accéder au parking réalisé par la commune d’Uccle sur la dalle de la gare de Linkebeek.”
Les prochaines étapes
On est évidemment encore loin de l’épisode final de cette saga du RER. Courant 2026, Infrabel déposera formellement un permis pour réaliser les travaux. La fusion des gares de Linkebeek et de Moensberg est envisagée en 2028. Les travaux seront terminés et la mise en service sera définitivement opérationnelle en 2033 sur cette ligne.
Rémy Rucquoi





