Linkebeek se prononce ce soir sur le dossier du RER : “Une décision qui engage la commune pour les cinquante prochaines années”
Le conseil communal de Linkebeek se prononcera ce soir sur l’avenir des travaux du RER dans la commune, un nouvel épisode dans la longue saga du RER.
Pas un coup de pioche n’a encore été donné en terre linkebeekoise pour les travaux du RER. En cause : la commune n’a jamais donné son accord pour commencer les travaux sur le territoire communal. Le projet initial prévoyait le passage de deux à quatre voies sur l’entièreté de la ligne 124, qui traverse Linkebeek. Un scénario toujours rejeté par la majorité communale. Un blocage qui reporte sans cesse la tenue des travaux.
Un report qui a une conséquence principale : celui de la mise en service du RER (offre S pour “suburbaine”) sur la ligne 124 et donc de l’augmentation de la fréquence des trains S1 et S19. Le projet initial prévoyait le doublement de la fréquence de ces trains. Il s’agit du dernier tronçon de la ligne qui ne dispose pas encore de permis.
La proposition d’Infrabel
Le principe du passage à quatre voies permet de dissocier les lignes S, qui s’arrêtent à toutes les gares, et les lignes directes, qui ne seraient donc plus coincées derrière les trains “lents”. Plus de voies permettent aussi de limiter les retards en cas de problème sur l’une d’entre elles.
Le conseil communal doit aujourd’hui donner son feu vert, ou non, à la proposition d’Infrabel, gestionnaire du réseau, de ne pas passer à quatre voies une partie du tronçon linkebeekois. Au-delà du vote de ce soir, un autre danger pèse sur le RER : un recours citoyen contre le projet de réaménagement du territoire (GRUP) a été introduit. Il sera examiné par le Conseil d’État le 26 septembre.
Le projet d’Infrabel propose de ne pas entamer les travaux à Linkebeek et donc de ne pas passer à quatre voies sur le territoire communal. Mais pour garantir l’augmentation de la fréquentation et la fluidité du réseau, la gare de Linkebeek serait purement et simplement supprimée. Les aménagements prévus au niveau de la gare ne seraient donc pas réalisés.
Les quatre voies s’arrêteraient donc à la limite de la commune, au niveau de la gare d’Uccle-Moensberg, puis reprendraient au niveau de Rhode-Saint-Genèse. Un scénario qui resterait compliqué en cas de problème sur le tronçon linkebeekois, ce qui pourrait provoquer de nombreux retards.
Pour améliorer la mobilité douce dans la périphérie et compenser la perte de la gare, Infrabel s’engage à réaliser un cheminement sécurisé le long des voies, incluant une passerelle pour les piétons et cyclistes. Ces aménagements permettraient de réduire la distance entre la gare de Linkebeek et celle de Moensberg, qui deviendrait la plus proche du centre de Linkebeek en cas de suppression de la gare locale. Selon les prévisions, il faudrait trois minutes à vélo et sept minutes à pied entre les deux gares.
Un vote très incertain
Un accord de principe est intervenu en mars sur cette proposition d’Infrabel. Il a été validé de justesse par le conseil communal : 8 voix sur 15. La majorité n’avait pas soutenu le texte, ce sont l’opposition et deux élus de la liste du bourgmestre Yves Ghequière qui l’avaient adopté. Un vote très serré, d’autant qu’aucune consigne n’avait été donnée aux conseillers communaux.
Pour ce soir également, aucune consigne de vote claire n’a manifestement été donnée. Difficile donc de présager du résultat final. Selon Damien Thiéry, premier échevin et chef de l’opposition, “ le vote de ce soir s’annonce extrêmement serré”.
Du côté de Damien Thiéry et de son groupe, le vote devrait être similaire à celui du printemps : “Je suis ce dossier depuis 2004, c’est pour moi un bon compromis, une belle avancée.” Il ajoute que la gare d’Holleken sera mieux desservie, puisque les quatre voies s’arrêteront à cet endroit là. Il pourrait ainsi y avoir quatre à six trains par heure, contre deux actuellement. L’ancien bourgmestre souligne : “C’est un vote très important, il engage Linkebeek pour les cinquante prochaines années.”
En cas de vote défavorable du conseil communal, difficile de prévoir la suite du dossier. “Le dialogue pourrait être rompu avec Infrabel”, s’inquiète Damien Thiéry.
Rémy Rucquoi





