Bruxelles face à l’incertitude : fin du mandat de Kristiaan Borret, et toujours pas de successeur pour le maître architecte
Alors que le mandat de Kristiaan Borret, maître architecte de la Région bruxelloise depuis 2015, expire ce dimanche 31 août, sauf revirement de dernière minute, aucun successeur ne sera officiellement nommé à cette date. Un flou institutionnel qui inquiète.
Depuis sa création en 2009, la fonction de Bouwmeester/Maître Architecte a profondément transformé les pratiques architecturales à Bruxelles : concours ouverts, exigences de qualité renforcées, suivi des grands projets publics. Mais aujourd’hui, la succession de Kristiaan Borret est bloquée.
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Pourtant, la procédure de sélection a été menée dans les règles : un appel public a été lancé, quatre candidatures ont été évaluées par un jury indépendant qui a recommandé Lisa De Visscher, architecte et figure reconnue du secteur. Une proposition de nomination a donc été déposée au gouvernement bruxellois, mais reste sans suite depuis juin, faute d’accord politique. “Moi je pense qu’elle est compétente pour réaliser le travail à faire. Il faut finaliser la procédure et la désigner”, affirme l’urbaniste Nicolas Hemeleers.
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Le MR et l’Ordre des Architectes francophone et germanophone contestent la procédure et la candidate, réclamant une réforme de la fonction, voir son remplacement par un collège d’experts. “Il serait plus cohérent et plus conforme aux exigences d’indépendance et d’expertise de confier cette mission non plus à une seule personne, mais à un collège d’experts composé, par exemple, d’architectes inscrits à l’Ordre depuis au moins 10 ans, d’urbanistes, de paysagistes et d’autres spécialistes de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire”.
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Si Nicolas Hemeleers reconnaît qu’il est important de baliser le cadre de la mission du BMA, voire de la faire évoluer, “il faut garder un certain équilibre.” Une position que partagent de nombreux acteurs du secteur. Ils ont dans ce sens, signé une carte blanche intitulée “qui a peur du bouwmeester”, qui a recueilli plus de 1 200 signatures.
Pendant ce temps, l’absence de bouwmeester pourrait avoir des conséquences juridiques majeures : les projets immobiliers et d’aménagement de plus de 5 000 m², qui nécessitent obligatoirement un avis du BMA, risquent d’être considérés comme irréguliers. Sans successeur officiel à Kristiaan Borret, dont le mandat expire le 31 août, ces avis ne peuvent plus être délivrés, ce qui pourrait suspendre le dépôt de nouveaux permis ou fragiliser la validité de dossiers en cours. La secrétaire d’État à l’Urbanisme, Ans Persoons (Vooruit), a alerté le gouvernement bruxellois par courrier, tandis que des voix du secteur, comme l’urbaniste Nicolas Hemeleers, dénoncent une mise en péril de la politique architecturale régionale, faute de coordination et de vision.
Une décision est attendue jeudi prochain, lors du prochain Conseil des ministres. Pour beaucoup, il est urgent de respecter la procédure entamée et de garantir la continuité d’un outil reconnu, bien que “perfectible”, reconnaît l’urbaniste.





