L’édito de Fabrice Grosfilley : Georges-Louis Bouchez, la carte PMR et la RTBF

Reconnaissez que vous avez commis une faute ou je me réserve le droit de ne plus venir sur vos antennes. Voici, en résumé, le message adressé hier par Georges-Louis Bouchez à la RTBF. On dit Georges-Louis Bouchez, mais on résume un peu vite : le communiqué parle du Mouvement Réformateur dans son ensemble.

Ce communiqué publié hier est donc le nouvel épisode d’une saga qui n’en finit plus et qui concerne l’utilisation frauduleuse d’une carte PMR sur une voiture appartenant au Mouvement Réformateur, et qui a pu servir à véhiculer Georges-Louis Bouchez ou sa compagne. Il est même arrivé qu’ils soient occasionnellement au volant, comme cela avait été expliqué dans l’article du Vif qui a lancé l’affaire. La carte, qui appartenait au père d’un chauffeur du parti, était périmée : l’homme étant décédé depuis plusieurs années, elle n’aurait donc pas dû se trouver sur le pare-brise. Le chauffeur a depuis été licencié.

Voilà pour l’affaire de base. Il y a ensuite eu une affaire dans l’affaire lorsqu’un article web de la RTBF, relayant les informations du Vif, a évoqué une voiture qui serait celle du président du MR. Une approximation que Georges-Louis Bouchez n’a pas laissé passer : il a appelé la rédaction de la RTBF pour demander une rectification. Le ton est monté, le président de parti est devenu menaçant, la conversation a été enregistrée à son insu, elle a commencé à circuler sous le manteau et a finalement été postée sur les réseaux sociaux.

C’est sur cette affaire dans l’affaire que porte donc le dernier communiqué du Mouvement Réformateur. Le MR estime que la RTBF a publié des informations inexactes et a tardé à les corriger, et que, d’autre part, l’enregistrement et la diffusion de propos à l’insu de GLB posent, je cite, « des questions éthiques et juridiques ». Le MR, demande donc que la RTBF reconnaisse des manquements et se réserve, sinon, le droit de ne plus répondre aux sollicitations de la rédaction.

Ce n’est pas la première fois que le ton monte entre GLB et la RTBF, mais cette fois-ci, la menace d’un éventuel boycott nous amène un cran plus haut. Qu’elle soit formalisée dans un communiqué, lui donne un côté solennel qui n’échappe à personne. Demander un droit de réponse ou saisir le Conseil de déontologie journalistique auraient été les moyens classiques de demander réparation, mais ils auraient sans doute fait moins parler d’eux. Pour les uns, ce sera donc une mise en garde sérieuse à l’encontre de la RTBF. Pour d’autres, une tentative de pression qui va à l’encontre de la liberté de la presse et de l’autonomie de la RTBF. Le tout intervient dans un moment sensible puisque l’administrateur général et le directeur de l’information de l’entreprise publique arrivent en fin de mandat.

Si on reprend l’ensemble de la saga depuis juillet, on a donc eu successivement : la révélation de l’affaire ; puis une dénégation du type « ce n’est pas ma voiture » ; l’incident avec la RTBF et l’enregistrement mis sur la place publique ; le licenciement du chauffeur ; une vidéo inspirée du film Mafia Blues ; et maintenant un bras de fer avec menace de boycott. On notera qu’il n’y a pas eu d’excuses. Ni pour avoir utilisé la fameuse carte, même à l’insu des personnes véhiculées. Ni pour avoir menacé des journalistes. Mais que le président du MR en demande, des excuses, à la RTBF.  Mettre l’accent sur des erreurs journalistiques n’est pas illégitime. Nous sommes en démocratie, on peut critiquer les médias.  On notera aussi qu’au gré de ces épisodes le débat se déplace. Mais cela n’efface pas le péché originel. Et cette faute-là, celle du départ, elle n’est pas à mettre au passif des journalistes.

Fabrice Grosfilley 

BX1
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