La commission des Affaires étrangères se penche sur Gaza, 400 personnes rassemblées près du parlement

C’est ce jeudi que la commission des Affaires étrangères de la Chambre se réunit pour un échange de vues avec les ministres compétents sur Gaza, conformément à la décision prise fin juillet par sa présidente, Els Van Hoof (CD&V). Parallèlement, près de 400 personnes rassemblées près du parlement fédéral pour soutenir la Palestine.

Les Verts avaient été les premiers à demander que cette commission soit extraite de sa torpeur estivale pour évoquer la situation dans l’enclave palestinienne, soumise au feu israélien depuis près de deux ans. Les partis de la majorité CD&V et Vooruit s’étaient ensuite ralliés à cette demande, rejoints par la N-VA.

La réunion se tiendra par ailleurs sous l’oeil critique de la société civile. Une manifestation permettra ainsi de suivre les débats en direct et d’en tenir informé le grand public. “Nous ne pouvons plus assister à ce spectacle infâme sans rien faire. Nous donnons donc rendez-vous ce jeudi, à partir de 12h30, pour un rassemblement à l’initiative de la société civile qui se tiendra place de la Liberté“, à quelques encâblures du Parlement, indique la CNE, mercredi, dans un communiqué. “Par l’intermédiaire de rapporteurs spéciaux présents en commission, grâce à un live Twitch des débats et aux réseaux sociaux, l’opinion publique sera témoin“, ajoute le syndicat chrétien, selon qui “il est temps de passer des paroles creuses aux actes effectifs, non pas pour apparaître dans les médias mais pour mettre réellement fin au génocide en cours“.

Nous y rappellerons les exigences minimales reprises dans notre pétition du 1er août, appelant les partis du gouvernement fédéral qui prétendent se tenir aux côtés du peuple palestinien (Vooruit, CD&V et Les Engagés) à faire en sorte que la Belgique agisse, soit par un accord gouvernemental, soit en permettant à une majorité alternative d’émerger au parlement“, ajoute de son côté l’Association belgo-palestinienne.  A l’instar du fédéral, les parlements wallon et flamand réuniront également, le 19 août prochain, leur commission des relations internationales pour se pencher sur la situation à Gaza.

Près de 400 personnes rassemblées

Près de 400 personnes se sont rassemblées jeudi place de la Liberté, à deux pas du parlement fédéral, à l’appel de l’Association belgo-palestinienne pour soutenir la population de Gaza et exhorter le gouvernement belge à prendre des mesures contre le régime israélien de Benjamin Netanyahu.

Nous sommes ici pour dire qu’il faut passer de la parole aux actes“, a déclaré le président du syndicat socialiste FGTB, Thierry Bodson. Nous demandons deux choses : que des sanctions économiques soient prises par la Belgique contre l’État d’Israël et la reconnaissance immédiate de l’État de Palestine.” Selon lui, la Belgique dispose des moyens économiques et diplomatiques pour faire pression sur le gouvernement Netanyahu. Le syndicaliste reste toutefois pessimiste sur l’adoption de mesures concrètes lors de la commission.

De son côté, la CNE a appelé dans un communiqué la “commission Palestine” à prendre des décisions fortes, tout en dénonçant “l’inaction” du gouvernement belge et la “fuite en avant génocidaire” menée par Israël. De nombreuses associations réclament aussi de concert la rupture de l’accord d’association UE-Israël, un embargo militaire total et la reconnaissance immédiate d’un État palestinien.

La députée fédérale Ecolo Rajae Maouane était présente au rassemblement. “Nous avons convoqué une commission spéciale pour écouter les ministres sur ce qui se passe à Gaza. Les images sont dramatiques et le génocide continue. Nous attendons une position claire du gouvernement et l’adoption rapide de sanctions contre Israël, qui continue de violer le droit international“, a-t-elle souligné. Des dizaines de personnalités, artistes et universitaires, ainsi que plus de 13.000 citoyens, ont signé, depuis le 4 août, une pétition qui, sous le titre “GazArizonA STOP Genocide”, appelle le gouvernement fédéral à agir rapidement.

 

Le CD&V met la pression

Le président du CD&V, Sammy Mahdi, a regretté que le gouvernement ne se soit pas réuni au sujet de Gaza avant la réunion, ce jeudi après-midi, de la commission des Affaires étrangères de la Chambre sur ce thème. Pour lui, des mesures doivent être prises à l’encontre d’Israël, faute de quoi, son parti ne soutiendra pas sans réserve d’autres dossiers.

Jeudi après-midi, la commission des Affaires étrangères de la Chambre tiendra un échange de vues avec le ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot (Les Engagés) sur la situation à Gaza. Les Engagés, Vooruit et le CD&V souhaitent accentuer la pression sur Israël par le biais de nouvelles mesures et avaient insisté pour que le gouvernement se réunisse au préalable afin de prendre position, mais le Premier ministre Bart De Wever n’a pas donné suite à cette demande.

Dans une interview accordée à la VRT, Sammy Mahdi en remet une couche en accentuant la pression sur ses partenaires de coalition, en particulier la N-VA et le MR. “Espérons que le gouvernement se réunira rapidement et que, dès que tous les ministres seront de retour de vacances, ils se rendront compte qu’en période de génocide, c’est ici qu’il faut être“, a-t-il assené.

Dans la majorité toujours, le président de Vooruit, Conner Rousseau, avait déjà fait savoir que le conflit à Gaza pouvait conduire, pour son parti, à une crise gouvernementale. “Si rien n’est fait contre Israël, il deviendra impossible pour un démocrate-chrétien de continuer à traiter tous les autres dossiers comme si de rien n’était“, a ajouté jeudi le président du CD&V. “Nous avons été très constructifs ces derniers mois et nous avons soutenu toutes les grandes réformes. Mais vous ne pouvez pas attendre de notre parti qu’il reste constructif et accepte que d’autres formations ne respectent pas notre seuil moral. Il devient alors difficile de progresser sur d’autres dossiers“, a-t-il précisé.

Sammy Mahdi ne souhaite toutefois pas la chute du gouvernement. “Je ne sais pas si cela permettrait de résoudre beaucoup de problèmes. Mais il faut que quelque chose se passe. Il y a une limite éthique à respecter. Sinon, vous nous poussez dans une impasse où tout peut arriver“, a-t-il prévenu.

Plus de 125 membres du monde académique interpellent les parlementaires du MR

Plus de 125 membres du personnel académique des universités francophones et néerlandophones ont adressé début août une lettre à l’ensemble des parlementaires du MR et de la N-VA, a annoncé mercredi Françoise Bartiaux, professeure émérite à l’UCLouvain.

Les signataires ont décidé de s’adresser au MR car ils estiment que c’est le dernier parti au sein du gouvernement fédéral qui, “à l’échelle nationale et européenne, bloque toute mesure concrète concernant le génocide en cours à Gaza“. La lettre rappelle que le parti se targue, sur son site internet, d’être fondé sur un projet de société garantissant le “respect des droits humains”, précisant que “ces valeurs humaines et éthiques sont à vocation universelle” et “inspirent la politique étrangère et d’aide au développement”.

Le gouvernement israélien actuel n’agit pas comme un État démocratique et libéral: il bafoue toutes les normes humanitaires ainsi que le droit international et il poursuit le nettoyage ethnique par la violence génocidaire, avec l’objectif déclaré de remplacer l’ensemble de la Palestine historique par un ‘État purement juif‘”, écrivent les signataires. La missive appelle le Mouvement Réformateur à “condamner fermement toute forme de colonisation” israélienne en Palestine, ainsi que toute forme de “nettoyage ethnique” et de “génocide”. Elle incite également les parlementaires libéraux à plaider en faveur de sanctions contre le gouvernement Netanyahu pour mettre fin aux violences contre des civils à Gaza et permettre l’acheminement d’aide humanitaire par voie terrestre, sans restriction, dans l’enclave. En outre, les 127 membres du monde académique demandent une reconnaissance “sans condition” d’un État palestinien. “Nous sommes convaincus qu’au sein du MR, beaucoup de personnes considèrent ces demandes humanitaires comme justes et normales. Nous pensons qu’il est impératif d’entendre ces voix“, concluent-ils.

100 organisations appellent à la fin de la militarisation de l’aide par Israël

Israël menace d’interdire les principales organisations humanitaires alors que les pénuries alimentaires empirent à Gaza, dénonce jeudi un communiqué de Médecins Sans Frontières (MSF). La plupart des grandes ONG internationales n’ont pas été en mesure de livrer un seul camion de fournitures vitales depuis le 2 mars, ajoute l’organisation. Aujourd’hui, une centaine d’entre elles appellent à la fin de la militarisation de l’aide par Israël.

Au prétexte que ces organisations ne sont “pas autorisées à acheminer de l’aide“, les autorités israéliennes “ont rejeté plus de 60 demandes, rien qu’en juillet“, poursuit le communiqué. Cette obstruction est liée aux nouvelles règles d’enregistrement des ONG internationales introduites en mars, en vertu desquelles, l’enregistrement peut être refusé sur la base de critères vagues et politisés, tels que la prétendue “délégitimation” de l’État d’Israël, rappelle MSF.

Les ONG internationales ont averti que ce processus visait à contrôler les organisations indépendantes, à museler le plaidoyer et à censurer les capacités de témoignage des humanitaires. Cette nouvelle obstruction bureaucratique est incompatible avec le droit international établi, assène l’ONG. Elle a laissé des millions de dollars de nourriture, de médicaments, d’eau et d’articles d’abri bloqués dans des entrepôts en Jordanie et en Égypte. Si les ONG internationales ne se soumettent pas à l’intégralité des exigences d’enregistrement, y compris la soumission obligatoire des coordonnées de leurs donateurs privés, des listes complètes de leur personnel palestinien et d’autres informations sensibles sur ce personnel aux autorités israéliennes pour un “contrôle de sécurité”, nombre d’entre elles pourraient être contraintes de cesser leurs activités à Gaza et en Cisjordanie, avertit Médecins Sans Frontières. Certaines organisations ont même reçu un ultimatum de sept jours pour fournir les listes de leur personnel palestinien, affirme encore l’organisation.

Avec Belga – Photo BX1

BX1
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