Accord Etats-Unis-UE sur les droits de douane : entre soulagement et inquiétudes

L’accord commercial entre les États-Unis et l’UE établit à 15% les droits de douane américains sur les produits européens.

La FEB salue un accord qui “constitue une étape importante et offre la perspective d’une relation transatlantique plus stable“. Sans cet accord, les tensions auraient connu une escalade avec une augmentation à 30% des droits d’importation américains sur de nombreux produits européens dès le 1er août.

Les États-Unis représentent le quatrième partenaire commercial de la Belgique, le 6e partenaire commercial de Bruxelles, et le premier hors Union européenne, rappelle la coupole patronale.

“L’impact sur nos entreprises est considérable”: la FEB “profondément inquiète” face aux droits de douane de Trump (13/07)

Agoria partage ce soulagement tout en restant prudente. “Vu le contexte géopolitique, on peut vivre avec cet accord, qui offre au moins un minimum de stabilité. C’est une pilule amère, mais nous avons évité le pire“, souligne Bart Steukers, CEO d’Agoria.

Pour la FEB, cet accord constitue avant tout “une source de stabilité après des mois d’incertitude néfaste à l’activité économique“. “Un environnement commercial prévisible et ouvert reste essentiel pour la compétitivité et la confiance” des entreprises, souligne-t-elle.

Incertitude

L’incertitude demeure néanmoins sur les conséquences de l’accord, tous les secteurs n’étant pas de la même manière liés aux exportations vers les Etats-Unis. Tous ne seront donc pas touchés de la même manière par les droits de douane.

Agoria appelle désormais à “renforcer notre compétitivité, éliminer les barrières internes à l’Europe et conquérir de nouveaux marchés“. La fédération rappelle que les distorsions de marché au sein de l’UE équivalent encore à “44% de droits de douane sur les biens et 110% sur les services“.

Les deux fédérations appellent à diversifier les relations commerciales et à mener des réformes structurelles pour améliorer durablement le climat entrepreneurial.

Mise en garde

Le Premier ministre Bart De Wever (N-VA) a réagi de manière prudemment positive à l’accord commercial conclu dimanche soir entre l’Union européenne et les États-Unis. Il a également félicité la présidente de la Commission, Ursula von de Leyen, pour son rôle dans les négociations.

Reportage|| La hausse des droits de douane vers les Etats-Unis inquiète les entreprises bruxelloises : “C’est le consommateur qui va devoir payer ce tarif-là” (20/05)

Bart De Wever a écrit dans un message sur le réseau social X qu’il était soulagé mais qu’il n’y avait pas de raison de se réjouir. Il continue de mettre en garde contre l’augmentation des droits de douane et contre un certain nombre de points non encore clarifiés dans l’accord. “J’espère sincèrement que les États-Unis s’éloigneront de l’illusion du protectionnisme et qu’ils embrasseront à nouveau la valeur du libre-échange, pierre angulaire de la prospérité partagée“, a poursuivi le Premier ministre.

L’accord met fin à l’incertitude mais une taxe de 15% est “une mauvaise nouvelle” (Fevia)

L’accord commercial conclu dimanche entre les États-Unis et l’Union européenne instaurant des droits de douane de 15% sur les produits européens “met fin à une longue période d’incertitude pour les entreprises alimentaires belges”, a réagi lundi la fédération de l’industrie alimentaire belge, la Fevia, pour qui l’instauration d’une taxe douanière de 15% reste néanmoins “une mauvaise nouvelle, surtout pour certains sous-secteurs plus exposés.”

L’industrie alimentaire belge et wallonne est largement tournée vers l’exportation mais l’essentiel des ventes belges à l’étranger est réalisé en Europe. Les exportations alimentaires vers les États-Unis sont toutefois loin d’être négligeables puisqu’elles atteignaient près d’un milliard d’euros en 2023. Environ 70% de ce montant concerne les légumes transformés (dont les pommes de terre), le chocolat, les biscuits, les gaufres et les confiseries. S’agissant de la bière, les plus gros brasseurs belges ont des sites de production outre-Atlantique. “Dans un contexte international de plus en plus tendu, il est plus que jamais crucial de renforcer la compétitivité de notre industrie, en particulier par des mesures structurelles des autorités à nos entreprises”, estime encore la Fevia dans sa réaction. La fédération sectorielle joue en outre important de renforcer le marché unique, de simplifier la réglementation et l’administration et de rechercher de nouveaux partenariats avec d’autres pays par le biais d’accords commerciaux, entre autres.

“Ce n’est pas un accord que nous pouvons célébrer”, estime Maxime Prévot

“Bien que cela mette fin à une période d’incertitude, ce n’est pas un accord que nous pouvons célébrer”, estime le ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot dans un message envoyé lundi à Belga en réaction à l’accord commercial conclu dimanche soir entre l’Union européenne et les États-Unis.

“Nous reconnaissons la nécessité de stabilité et l’importance de rétablir le dialogue transatlantique, mais nous sommes pleinement conscients de la pression que cela exercera sur notre industrie, en particulier en Belgique”, juge le chef de la diplomatie belge, remerciant toutefois la Commission européenne pour son travail “dans des circonstances difficiles”. Et de s’adresser aux entreprises : “nous entendons vos préoccupations, et nous sommes à vos côtés. Cet accord doit être le début d’un effort plus large pour renforcer nos fondations économiques.”

Le vice-Premier ministre des Engagés cite “le travail de simplification des règles de l’UE, l’approfondissement du marché intérieur, et le fait de rendre l’Europe, et la Belgique, plus attrayantes pour investir et innover.” En outre, “nous continuerons également à explorer la diversification de nos partenariats commerciaux afin de construire une résilience à long terme et une autonomie stratégique.”

Pour le PS, l’accord commercial UE/États-Unis est une capitulation

“Jamais dans toute son histoire l’Europe n’a capitulé de la sorte face aux États-Unis”. Le président du PS Paul Magnette a dénoncé lundi sur le réseau X l’accord commercial conclu dimanche entre l’Union européenne et les États-Unis. Selon le socialiste, “cet accord est une honte ! Face aux tarifs douaniers de Trump, l’Europe cède sans riposte.”  Selon lui, “l’enjeu n’est pas uniquement commercial, il est existentiel : reconquérir notre autonomie, relocaliser nos industries, créer des emplois en Europe.”

Le PS appelle à une réunion d’urgence du parlement européen. Siégeant dans cette assemblée, le député européen et ancien président du parti Elio Di Rupo dénonce aussi cet accord. “L’accord conclu entre l’UE et les USA est un marché de dupes qui tuera une partie de notre économie et affectera nos travailleurs européens !”, s’exclame-t-il dans un communiqué. Selon l’ancien Premier ministre, “l’accord ‘Trump-Von Der Leyen’, censé éviter une guerre commerciale, est en réalité un coup dur pour notre économie et pour les travailleurs européens.” A ses yeux, “l’Union Européenne ne peut être à la botte des autorités américaines.”

Pour le socialiste, cet accord est un échec : “l’Union européenne l’a obtenu au prix de nouvelles obligations lourdes de conséquences, qui compromettent gravement notre avenir.” Pour le député européen, la priorité absolue de l’UE doit être “de soutenir nos entreprises, nos travailleurs et le pouvoir d’achat des familles”.

Pour le MR, l’accord commercial UE/États-Unis est le reflet de la faiblesse européenne

“Cet accord commercial entre l’Union européenne et les USA est simplement le reflet de la faiblesse européenne”, a estimé lundi le président du MR Georges-Louis Bouchez dans un message publié sur le réseau X.

 

Pour le libéral, la priorité doit être la relance de l’industrie européenne. “Et pour cela, nous devons SUPPRIMER (écrit en majuscules) des règles en tout genre. La plus grande directive européenne serait celle qui supprime des dizaines de textes qui entravent notre créativité, notre production et nos investissements”, suggère-t-il. Selon lui, “l’accord est mauvais, mais il est juste l’aboutissement d’une mauvaise politique qui dure depuis de très nombreuses années. Le pire est que ceux qui contestent cet accord sont les mêmes qui veulent de plus en plus de réglementation”, estime-t-il. Pour le président du MR, “la seule solution est de sortir des logiques gauchistes et écologistes qui ne prennent en compte aucune des réalités industrielles et économiques.”

Avec Belga

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