Supermarchés ouverts le dimanche: une aubaine pour les gérants, un piège pour les syndicats
Le dimanche est un jour de repos pour beaucoup, mais cela a tendance à changer. Il est, par exemple, de plus en plus courant de trouver un supermarché ouvert. C’est une conséquence de la mise en franchise. Pour les clients et les gérants de supermarchés, c’est une aubaine ; les syndicats, eux, sont inquiets.
Les clients rencontrés dans le supermarché Delhaize de Jette, où nous nous sommes rendus, semblent plutôt contents de pouvoir faire leurs courses un dimanche. “C’est très pratique”, nous dit-on. “Je pense qu’il y a moins de monde également”, se réjouit un autre.
C’est la direction qui a pris la décision d’ouvrir le dimanche : “On atteint des chiffres qui sont similaires à d’autres jours de la semaine. Je pense qu’on en aura encore. D’ailleurs, on vient d’élargir nos plages horaires le dimanche parce qu’il y a une grande demande. On voit vraiment tous types de clients et de paniers. C’est très très intéressant pour nous d’ouvrir le dimanche”, justifie Patrick Niyibizi Kirezi, gérant du magasin.
Pour pouvoir ouvrir le dimanche, il faut un nombre d’employés suffisant et respecter les accords sociaux établis depuis la mise sous franchise. “Ça doit être sur base volontaire des employés qui étaient déjà là avant la franchise”, explique le gérant. “On avait peur de manquer d’effectifs, mais finalement, on s’est rendu compte qu’on sait suivre avec ou sans ces collaborateurs-là. On leur laisse leurs horaires, et avec les étudiants et les flexijobs, on s’en sort totalement le dimanche”.
Du côté des syndicats, on dénonce une dégradation des conditions de travail pour les employés des magasins et un non-respect de certaines conventions. “Pour les travailleurs, c’est un jour supplémentaire de prestation. Ce n’est pas toujours compensé en semaine avec un jour de repos supplémentaire. La base volontaire est rarement respectée dans les magasins, et principalement les Delhaize”, pointe du doigt Fabienne Meulemans, responsable secteur commerce à la Setca-FGTB.
Les syndicats signalent aussi une précarisation du secteur et remettent en cause les contrats appliqués le dimanche. “Ce sont souvent des contrats précaires, des contrats CDD pour une durée bien déterminée, ou des étudiants qu’on fait venir le dimanche. La phrase clé est ‘si tu ne viens pas le dimanche, tu n’auras pas ton contrat'”, affirme la syndicaliste.
Difficile de connaître l’influence exacte de ces ouvertures sur le chiffre d’affaires d’un magasin et sur les conséquences pour les commerces de proximité ouverts le dimanche.
■ Reportage de Rémy Rucquoi, Bryan Mommart, Neo Fasquel, Karim Fahim et Stéphanie Mira