Le procès de cinq hommes accusés de l’assassinat d’un entrepreneur jettois débute ce lundi

Le procès de cinq hommes accusés de l’assassinat de l’entrepreneur jettois Frank Goes, le 29 septembre 2020, et de tentative d’assassinat sur un architecte ucclois débutera lundi après-midi devant la cour d’assises de Bruxelles avec le tirage au sort des jurés. L’instruction d’audience débutera ensuite jeudi matin. Selon l’enquête, les faits s’inscrivent dans un contexte de concurrence exacerbée entre entreprises bruxelloises spécialisées dans le ravalement de façades.

Frank Goes était un entrepreneur âgé de 54 ans qui dirigeait trois sociétés actives d’une part dans la construction et d’autre part dans la location et la vente de biens immobiliers ainsi que dans des missions de syndicat de copropriété. Il était également président de la Fédération des entrepreneurs généraux et de la construction (FABA). Le 29 septembre 2020 vers 19h00, il a été tué de plusieurs coups de couteau rue Honoré Longtin à Jette, là où se trouvaient ses bureaux. L’enquête a rapidement mené à celui qui est accusé d’être l’auteur des faits: Dylan Duby, âgé de 28 ans.

Le jeune homme est en aveu, mais conteste l’intention d’homicide. Deux autres accusés ont rapidement été identifiés comme complices. Ismaël Diallo, âgé de 27 ans, est soupçonné d’avoir loué une voiture pour son ami Dylan, avec laquelle ce dernier s’est déplacé jusqu’à Jette le jour des faits. Ismaël Diallo conteste avoir eu connaissance du projet d’agression. Gradi Kato Irenge, âgé de 29 ans, est quant à lui soupçonné d’avoir effectué des repérages avec son ami Dylan au cours du mois de septembre 2020 près du domicile de Frank Goes à Grimbergen. Il conteste lui aussi avoir su à quoi ces repérages serviraient. Dylan Duby a déclaré aux enquêteurs qu’il avait été engagé pour la somme de 8.500 euros par l’accusé Yaser Abau, âgé de 26 ans, pour causer “une incapacité de travail” à la victime.

Selon l’enquête, cet homme serait l’intermédiaire entre l’exécutant, Dylan Duby, et le commanditaire, identifié comme étant l’accusé Youssef Allali, un entrepreneur âgé de 37 ans, administrateur-délégué de la société City façade. Yaser Abau et Youssef Allali contestent toute implication. Dylan Duby a également révélé aux enquêteurs que trois personnes étaient ciblées par ceux qui l’ont engagé, dont Frank Goes et un architecte d’Uccle. Il ressort de l’audition de Dylan Duby qu’au début du mois de septembre 2020, il a tenté de s’en prendre physiquement à cet architecte, mais que son plan a échoué. Quant à l’identité de la troisième personne visée, Yaser Abau ne la lui avait pas encore révélée, a-t-il soutenu. Il semblerait qu’il s’agisse, selon divers éléments de l’enquête, d’un entrepreneur schaerbeekois concurrent de City façade.

Il ressort de plusieurs témoignages et documents que l’entreprise de Youssef Allali, City façade, remportait souvent des marchés pour des travaux de façades commandés par le syndicat de copropriété Office des Propriétaires (OP)/Trevi. Cette situation avait généré des rumeurs selon lesquelles OP/Trevi percevait des commissions de cet entrepreneur pour le favoriser lors des assemblées générales où les copropriétaires devaient faire leur choix. Il ressort également de tous ces éléments d’enquête que l’architecte ucclois victime d’une tentative d’assassinat en septembre 2020 était souvent mandaté par des syndicats de copropriété pour mener des projets de rénovation de façade. Or, il refusait de plus en plus de travailler avec City façade pour des raisons de qualité d’ouvrage insuffisante et l’OP/Trevi l’avait mis sur liste noire. Celui qui était alors administrateur-délégué de l’OP a confirmé aux enquêteurs qu’il avait écarté ce professionnel. Il a également reconnu qu’il était plus enclin à travailler avec City façade qu’avec d’autres entrepreneurs, mais a rappelé que le choix final appartenait toujours aux copropriétaires.

Les investigations policières apprennent aussi que Frank Goes, dans ses activités de syndicat de copropriété, avait été en conflit avec City façade à plusieurs reprises. Peu avant les faits, il avait cité l’entreprise en justice pour un chantier à Auderghem qui avait, selon lui, été très mal géré (problèmes liés au suivi des travaux, facturations excessives et retards). Le tribunal ne lui avait néanmoins pas donné gain de cause. Selon les conclusions de l’enquête, le mobile de l’assassinat de Frank Goes et de la tentative d’assassinat sur l’architecte ucclois réside dans une volonté de Youssef Allali d’évincer des personnes qui entravaient ses ambitions professionnelles.

 

Belga

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21 octobre 2024 - 07h42
Modifié le 21 octobre 2024 - 07h42