Le “Palais des Cotillons” est en faillite

Cette adresse bien connue de la rue du Lombard n’a pas résisté aux crises successives.  Elle existait depuis plus d’un siècle.

C’est une vitrine emblématique du coeur de Bruxelles qui fait faillite. Installé depuis 1912, le Palais des Cotillons luttait depuis des mois pour sa survie. Cette adresse connue pour ses déguisements et farces et attrapes n’a pas survécu aux crises successives. Cette information parue dans l’Echo nous est confirmée par Alexandre Portal, le patron de l’enseigne.

■ Reportage Thomas Dufrane, Loïc Bourlard et Hugo Moriamé

 

“La sortie de la crise covid nous avait redonné espoir, nous explique-t-il.  Notre saison 2021-2022 – qui s’étalle d’octobre à mars – laissait entrevoir de belles perspectives. Et puis, la guerre en Ukraine est arrivée”.

Un conflit qui a entraîné une hausse des coûts de l’énergie, des prix et donc, des salaires. “L’an dernier, mon chiffre d’affaires a baissé de 30% chaque mois alors que les coûts ont augmenté de 15%, là aussi mensuellement. La trésorerie accumulée en une année a fondu en quelques mois”.

La baisse de fréquentation du centre-ville n’a pas arrangé la situation. “À Bruxelles, après le Covid, les entreprises n’ont pas repris comme avant, beaucoup de gens ont opté pour le télétravail.  La fréquentation a baissé dans le centre. Le plan de mobilité Good Move n’a rien arrangé à notre situation, sans parler des grands chantiers qui ont plombé la mobilité des gens”. En outre, le Palais des Cotillons a dû faire face une nouvelle forme de concurrence. “Le marché s’est compliqué avec Amazon, mais aussi des magasins de jouets ou de marques comme H&M qui ont commencé à vendre des déguisements”.

Le Palais des Cotillons a également souffert de l’interdiction de tirer des feux d’artifice prise par certaines communes bruxelloises durant les fêtes de fin d’année, une période qui rapportait entre 40 et 45% du chiffre d’affaires.

Le patron de l’enseigne regrette, par ailleurs, le manque de réaction politique. “On se fiche de nous. On prétend que les chiffres sont bons, mais c’est faux. Les politiques feraient mieux de traverser nos rues. Le meilleur exemple est leur réaction face à la toxicomanie : ils semblent surpris alors que ça fait des années que le problème existe. La politique du gouvernement bruxellois est juste de provoquer du passage, c’est de la façade pour les touristes. Les seuls qui ont l’air de s’en tirer sont les vendeurs de gaufres et de chocolat (…). Or, un magasin comme le mien n’attire pas ce genre de clientèle. À Bruxelles, la volonté n’est pas de faire en sorte que les entreprises restent”.

Résigné, Alexandre Portal a dû se séparer de ses deux collaborateurs.  Le Palais des Cotillons baissera une dernière fois le rideau en cette fin de journée.

L. Struys – Photo : facebook/PalaisDesCotillons

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12 mars 2024 - 15h40
Modifié le 13 mars 2024 - 16h25