Delhaize : un travailleur licencié pour faute grave, la direction se justifie
Le conflit social se durcit entre les travailleurs de Delhaize et la direction.
Lundi, suite à l’annonce des quinze premiers magasins passant sous franchise, un mouvement de grogne spontané s’est produit devant le siège de l’entreprise au lion à Zellik.
C’est là qu’un travailleur a frappé dans une porte – la déboitant – pour exprimer son mécontentement. Les syndicats annoncent aujourd’hui que ce travailleur a été licencié pour faute grave par la direction. “Suite au conseil d’entreprise qu’il y a eu lundi, il y a eu une échauffourée” au cours de laquelle des coups de pieds ont été donnés dans une vitre par des manifestants présents, a précisé à Belga le délégué itinérant pour la Centrale nationale des Employés (CNE) Didier Cappelle. “Ensuite, [notre collègue] met sa main sur la vitre, qui tombe après avoir été déboitée. Pour [la direction via ses avocats], c’est une mise en danger de la vie d’autrui donc la personne est licenciée“.
Ses collègues décrivent un homme qui n’a jamais eu de problèmes en 30 ans de carrière chez Delhaize et pointent le contexte et l’attitude de la direction pour justifier son geste.
“La direction Delhaize va de plus en plus loin pour casser la résistance des travailleurs“, commente Myriam Djegham, secrétaire nationale de la CNE. “La direction cherche à faire porter la responsabilité à un travailleur et faire peur aux autres en le licenciant pour faute grave. L’émotion des travailleurs a été provoquée par la violence de la direction depuis cinq mois. C’est elle qu’il faudrait virer pour faute grave“, ajoute-t-elle.
De son côté, la direction explique qu’elle n’acceptera jamais “la violence physique et le vandalisme“. C’est pourquoi celle-ci a décidé “d’arrêter la collaboration avec un collaborateur qui était impliqué dans les faits.”
Action de grève au Delhaize d’Anderlecht
En réaction, les membres du personnel du magasin Delhaize Westland, à Anderlecht, ont décidé, jeudi, d’interrompre leur travail “au moins pour la journée”. “Tout le personnel va débrayer en solidarité avec [notre collègue]. On ne ferme pas le magasin sinon l’huissier va venir et il y aura une astreinte, comme d’habitude chez Delhaize. Mais la riposte va suivre“, avertit Didier Cappelle.
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■ Reportage de Gilles Joinau, Daniel Magnette et Pierre Delmée
V.d.T. (avec Belga) – Photo : Belga