Uccle : une plaque commémorative en hommage aux héros du 20e convoi
19 avril 1943. En pleine Seconde Guerre mondiale. Ce jour là, trois résistants bruxellois arrête le 20ème convoi, qui transporte plus de 1600 Juifs vers Auschwitz. Ils réussissent à sauver 113 personnes de la mort. Aujourd’hui, place au souvenir. Une stèle a été inaugurée à Uccle en leur mémoire.
Ils s’appellent Youra Livchitz (25 ans), Jean Franklemon (25 ans) et Robert Maistriau (22 ans). Alors que la guerre fait rage et que la Belgique est occupée, ces trois amis, anciens élèves de l’Athénée d’Uccle, vont effectuer une action de résistance unique en Europe occupée : l’attaque d’un convoi de déportation en direction d’Auschwitz.
Dans la soirée du 19 avril 1943, ils se donnent rendez-vous place Meiser. À vélo et en secret, ils empruntent notamment la chaussée de Haecht, direction la voie de chemin de fer qui relie la caserne Dossin au camp d’Auschwitz-Birkenau. Ils emportent avec eux un pistolet avec sept cartouches et une lampe torche. C’est avec cette lampe qu’ils vont réussir à stopper le train en l’agitant sur le rail quand arrive le convoi à hauteur de Boortmeerbeek, en Flandre. L’endroit est bien choisi car il y a là un virage qui oblige le convoi à ralentir.
113 personnes sauvées
Une fois arrêté, la Schutzpolizei, dont les hommes sont postés sur les toits, ouvre le feu. Un résistant réplique pendant que les autres ouvrent les portes. Au total, sur les 1600 malheureux, 231 déportés prennent la fuite. 23 sont immédiatement abattus par les allemands et 95 sont rapidement repris… 113 auront la vie sauve. Parmi eux, Simon Gronowski qui deviendra connu pour ses prises de positions humanistes. Et Régine Krochmal, une infirmière résistante.
Quant aux assaillants. Youra rentre blessé, réfugié dans la famille de sa compagne. Dénoncé par un infiltré il est arrêté au mois de juin 1943 avant d’être torturé par la Gestapo Avenue Louise et fusillé à Schaerbeek en février 1944, quelques mois à peine avant la libération. Les deux autres membres du projet survivront à la guerre. Ils décèdent en 1977 et en 2008.
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“Une dette envers ces trois héros”
Aujourd’hui, la plaque commémorative trône sur la façade du 247 de l’Avenue Brugman. Cette adresse fut le dernier domicile de Youra Livchitz.
Cet hommage a vu le jour à l’initiative d’une trentaine d’Ucclois qui ont interpellé le conseil communal. “Nous avons une dette à l’égard de ces trois résistants dont un l’a payé de sa vie”, explique Jérémie Tojerow, coordinateur de l’interpellation citoyenne. “Dans une période où les repères sont en train de devenir plus flous, il est important aussi d’avoir une série de dates et de personnalités que l’on peut distinguer et valoriser.”
Les trois héros ont également été faits citoyens d’honneur de la commune à titre posthume.
Notre journaliste Michel Geyer revient sur la soirée du 19 avril 1943 :
■ Reportage de Charlotte Verbruggen, Mael Arnoldussen, Charles Carpreau et Hugo Moriamé