Il faut améliorer l’accessibilité et la visibilité des métiers liés à la santé mentale, selon Caroline Depuydt

La santé mentale retient de plus en plus l’attention, surtout depuis la pandémie de Covid-19. Caroline Depuydt, psychiatre, était invitée dans le 12 h 30.

On peut faire le constat d’une augmentation des fragilités psychologiques et des maladies mentales. Le taux est en explosion, avec une forte demande qui nous arrive“, explique Caroline Depuydt, psychiatre, dans le 12 h 30.

La crise de Covid-19 a fortement impacté la santé mentale des Belges, ainsi que la crise énergétique et la crise environnementale : “On est entré dans une aire de permacrise. Il y a des crises permanentes“. Cette situation empêche les Belges de se reposer réellement, ils sont constamment confrontés à des situations anxiogènes auxquelles ils doivent s’adapter. Concernant la crise énergétique, elle est devenue une anxiété vitale pour certaines personnes : “C’est manger ou payer ma facture d’énergie“, explique Caroline Depuydt. 

Actuellement, les maladies mentales coûtent de l’argent à la société. Elles représentent environ 5 % du PIB de la Belgique.

Les personnes précarisées sont plus sensiblement sujettes aux maladies mentales : “Il y a des liens que l’on voit depuis longtemps entre la précarité, la pauvreté et les maladies mentales“, confirme la psychiatre. Il s’agit là d’un cercle vicieux : la précarité augmente la maladie et la maladie augmente la précarité. En effet, celle-ci empêche, par exemple, de trouver un travail ou d’effectuer les démarches pour bénéficier de certaines aides.

Les consultations chez les professionnels de la santé mentale de première ligne, comme les psychologues conventionnés, sont maintenant remboursées. En effet, dix séances sont accessibles au prix du ticket modérateur, sans prescription du généraliste. Mais les Belges ne sont pas suffisamment informés sur les dispositifs disponibles. “Je pense qu’il y a un manque de communication. On ne montre pas assez que cela existe“, indique la psychiatre. Selon elle, il faudrait également rendre ces professions plus accessibles et visibles aux personnes dans le besoin. Actuellement, il faut encore effectuer de longues recherches pour trouver un psychologue disponible et conventionné, alors que, pour certaines personnes, ces recherches sont un effort trop lourd à effectuer.

Caroline Depuydt, psychiatre, par Fanny Rochez et Vanessa Lhuillier dans le 12 h 30