Voyage polémique au Maroc: “S’il fallait le refaire, je le referais”, assume David Leisterh
Invité dans Bonjour Bruxelles, le député bruxellois David Leisterh (MR) est revenu sur son voyage diplomatique au Maroc, qui suscite de nombreuses interrogations.
En septembre 2022, quatre députés bruxellois étaient en voyage diplomatique au Maroc. Ce séjour, sur invitation et au frais du Parlement marocain pose question et est épinglé, ce jeudi, par La Libre Belgique.
Dans quelle mesure les parlementaires du MR, David Leisterh, David Weytsman, Clémentine Barzin et Gaëtan Van Goidsenhoven, présents sur place, auraient-ils pu être instrumentalisés en faveur de questions épineuses, comme celle du Sahara occidental ? Cette délégation s’était rendue à Laâyoune, ville la plus importante de cette région considérée comme “territoire non-autonome” par l’ONU. L’annexion de cette région par le Maroc n’est pas reconnue par l’organisation, ni par la Belgique.
“Ce voyage, je l’assume”
Invité à 8h15 dans la matinale Bonjour Bruxelles, David Leisterh a déclaré ne pas regretter ce séjour : “Ce voyage, je l’assume. S’il fallait le refaire, je le referais“. Au Maroc, le président de la fédération bruxelloise du MR a rencontré le ministre des Affaires étrangères marocain, des autorités et des entreprises : “Il y a un développement économique assez puissant dans certaines régions là-bas“, relève David Leisterh.
La presse marocaine avait, en septembre, partagé que David Leisterh était “impressionné” par le niveau du développement socio-économique à Laâyoune. Interrogé par Fabrice Grosfilley sur l’instrumentalisation que le parlementaire aurait pu subir, David Leisterh admet que “on ne peut pas tout contrôler“, lorsqu’il s’agit de la récupération de la presse locale. L’invité a cependant répété, en studio, son avis sur le développement économique de cette région.
Au terme de sa visite à Laâyoune, revendiquée par le Royaume du Maroc et par la République arabe sahraouie démocratique, David Leisterh constate une région “très stable“. En ce qui concerne une reconnaissance de l’annexion de la région par le maroc, il estime que “le plan proposé par le Maroc est une excellente base de discussion“, a-t-il déclaré.
Ce voyage, jugé par certains comme propagandiste, n’est pas sans rappeler les révélations du Qatargate. La députée européenne Marie Arena est accusée de corruption et d’avoir oublié de mentionner un voyage au Qatar en mai dernier. David Leisterh conteste toute similitude avec cette affaire.
DéFI et Ecolo s’interrogent
Ces révélations de La Libre Belgique font en tout cas réagir dans le monde politique. François De Smet, président de DéFI et député fédéral, s’est étonné de ce voyage : “La ministre MR des Affaires étrangères approuve-t-elle un tel déplacement, qui met notre diplomatie complètement en porte-à-faux ?”
Et donc, des parlementaires se rendent, aux frais du Maroc, dans le Sahara Occidental, territoire dont l'annexion n'est pas reconnue par la Belgique.
La ministre MR des affaires étrangères approuve-t-elle un tel déplacement, qui met notre diplomatie complètement en porte-à-faux ? https://t.co/YJLByI2WkM— François De Smet (@francoisdesmet) January 19, 2023
Le chef de groupe Ecolo/Groen au Parlement bruxellois John Pitseys a également critiqué ce voyage : “Quand une visite ‘clé sur porte’ (sic) mène à constater le climat ‘de paix et de sérénité’ (sic) régnant au Sahara occidental. Le problème n’est pas d’avoir des ‘contacts au-delà de Bruxelles’, David Leisterh, mais de mener une diplomatie de pieds nickelés”.
Qd une visite "clé sur porte" (quote) mène à constater le climat "de paix et sérénité" (quote) régnant au Sahara occidental.
Le problème n'est pas d'avoir des "contacts au-delà de Bxl", @LeisterhDavid, mais de mener une diplomatie de pieds nickelés.https://t.co/3aTXvwi5kI
— John Pitseys. (@JPitseys) January 19, 2023
■ Interview de David Leisterh (MR), réalisée par Fabrice Grosfilley dans Bonjour Bruxelles, et explications de Camille Paillaud dans Le 12h30.