Marie Arena démissionne de la sous-commission Droits de l’homme : un voyage au Qatar refait surface

Marie Arena a annoncé sa démission de la présidence de la sous-commission Droits de l’homme. Un départ qui fait suite aux révélations sur des soupçons de corruption et d’ingérence par le Qatar et le Maroc, au sein même des institutions européennes.

Tout démarre par le 9 décembre dernier avec les révélations du quotidien Le Soir et du magazine Knack sur des soupçons de corruption au sein du Parlement européen. La vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili, son compagnon Francesco Giorgi, l’ex-député européen Pier Antonio Panzieri, mais aussi le député belge Marc Tarabella, qui fait l’objet d’une demande de levée d’immunité parlementaire, sont notamment visés par cette enquête.

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La députée européenne et ex-conseillère communale à Forest, Marie Arena, est pour sa part citée comme proche de Panzeri et de l’ASBL Fight Impunity. Une association qui, selon l’enquête belge, serait au cœur du système de corruption organisée autour de contacts marocains, qataris et mauritaniens.

La députée belge était jusque-là présidente de la sous-commission des Droits de l’homme, qui discutait justement des questions du non-respect des droits de l’homme et des travailleurs au Qatar.

L’enquête montre que Marie Arena et Pier Antonio Panzeri ont eu au moins 389 contacts téléphoniques entre décembre 2021 et septembre 2022. Et 437 contacts ont aussi été établis entre Francesco Giorgi, qui travaillait pour l’ASBL Fight Impunity également, et Marie Arena sur la même période

La députée belge répond que Panzeri est un ami professionnel et qu’elle n’a pas de relation particulière avec l’ASBL Fight Impunity. Elle réaffirme que Panzeri n’a jamais rien obtenu de sa part en tant que présidente de la sous-commission ou comme simple députée.

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“Attaques politico-médiatiques”

Marie Arena précise également que sa démission de la DROI, la sous-commission des Droits de l’homme au Parlement européen, n’est pas due à une éventuelle mise en cause de la justice. Car contrairement à Marc Tarabella, elle n’a fait l’objet d’aucune demande de levée d’immunité parlementaire. Aucune perquisition n’a été menée dans son bureau ou son domicile, et elle n’a fait l’objet d’aucune inculpation. Mais son nom reste souvent cité dans l’enquête menée par la justice belge.

Dans un communiqué envoyé à l’agence Belga, elle dit que cette démission a été décidée « au vu des attaques politico-médiatiques » qui, selon elle, « nuisent à (son) image, mais aussi au travail réalisé au sein de la sous-commission ». « Je ne suis nullement impliquée dans cette affaire », dit-elle encore.

Un voyage payé par le gouvernement qatari

Des nouvelles révélations du média Politico ont cependant montré que Marie Arena avait oublié de mentionner un voyage au Qatar en mai dernier. Ce voyage de deux jours a été organisé par le comité qatarien des droits de l’homme pour des travaux autour du thème « L’Europe et les droits humains ».

Ce voyage a été imputé au budget du gouvernement qatari et dont le Parlement européen n’a pas été averti. Marie Arena dit à Politico qu’il s’agit d’un oubli de son secrétariat, et que deux missions au Liban et au Burkina Faso avaient aussi été oubliées.

Politico pointe pourtant que le voyage était bien inscrit au calendrier du site du Parlement européen, sans préciser que c’était payé par le Qatar, ce que réclame pourtant le règlement du Parlement européen. Le site révèle également qu’un communiqué publié quelques jours plus tard au nom de la sous-commission DROI saluait alors les progrès enregistrés en matière de droits des travailleurs au Qatar.

Marie Arena répond que ce voyage n’était pas « un cadeau » mais « un moyen de travail ».

L’enquête belge autour de ces soupçons de corruption et d’ingérence se poursuit, quant à elle, près d’un mois après les premières perquisitions.

■ Les explications de Grégory Ienco dans Le 12h30

Photo : Belga/Paul-Henri Verlooy