“Bruxelles numérique” inquiète : “Plus de 40% des Bruxellois adultes n’ont pas la maîtrise des outils numériques”
Le Gouvernement bruxellois doit présenter au Parlement son projet d’ordonnance “Bruxelles numérique”. Il a pour but de rendre tous les services administratifs disponibles en ligne. Lundi, des associations publiaient une lettre ouverte dans La Libre pour s’opposer au projet. Anne Coppieters, directrice générale de Lire et Écrire Bruxelles, était l’invitée du 12h30.
Avoir accès à tous les services administratifs en quelques clics, certains en rêvent, d’autres le craignent. Dans une lettre ouverte, des nombreuses associations ont fait part de leurs craintes vis-à-vis du projet d’ordonnance “Bruxelles numérique” du Gouvernement bruxellois. “Nous sommes inquiets par cette dématérialisation des services publics et des services de première ligne“, explique Anne Coppieters, directrice générale de Lire et Écrire Bruxelles.
Depuis 2018, son association a remarqué que l’accessibilité de certains services n’était pas toujours simple pour tous ses bénéficiaires. Une réalité encore plus marquée en 2020, lorsque de nombreux guichets ont dû rester fermés à cause de la pandémie. De ce fait, Lire et Écrire Bruxelles recevait de nombreuses demandes concernant l’aide administrative.
En rendant les services administratifs disponibles en ligne, le projet pourrait augmenter cette demande auprès des associations. “Le fait que notre public ne soit plus en capacité d’avoir accès à ces services de première ligne fait que nous n’arrivons plus à faire notre travail“, constate Anne Coppieters.
Dans une lettre ouverte, cosignée par 200 associations, Anne Coppieters dénonce deux principaux aspects. Tout d’abord, la mise en ligne des services administratifs mènerait à un problème d’accessibilité pour les publics précarisés. “Plus de 40% des Bruxellois adultes n’ont pas la maîtrise des outils numériques“, déplore-t-elle. Ce public a, dès lors, le réflexe d’abandonner ses droits, puisqu’il n’a plus accès aux services de première ligne.
Ensuite, Anne Coppieters constate que les associations sont de plus en plus sollicitées pour des questions auxquelles elles ne sont pas compétentes, comme la fiscalité ou le droit des étrangers.
Un autre problème réside, selon Anne Coppieters, dans le manque de transparence vis-à-vis de ce qui devrait être mis en place dans l’accompagnement du public. Même si l’ordonnance ne demande pas de supprimer tous les guichets, elle n’incite pas non plus à en conserver.
Les associations ont prévu de manifester le 6 décembre devant le Parlement bruxellois.
■ Anne Coppieters, directrice générale de Lire et Écrire Bruxelles, par Jim Moskovics et Murielle Berck