Le directeur de la SAU défend le projet sur la friche Josaphat : “C’est un compromis idéal, à défaut de quoi on ne fait plus rien”
Le projet de construction de logements sur la friche entre Schaerbeek et Evere fait l’objet de discussions politiques houleuses depuis plusieurs années.
Dans une interview accordée au quotidien L’Écho, Gilles Delforge, le directeur de la Société d’aménagement urbain (SAU), propriétaire du site de la friche Josaphat, a évoqué en long et en large ses arguments en faveur du plan d’aménagement directeur (PAD) imaginé sur le site et prévoyant la construction de 1 200 logements autour de 7,15 hectares d’espaces verts. Ce projet fait l’objet de discussions politiques particulièrement houleuses, notamment au sein du gouvernement bruxellois où socialistes et écologistes s’opposent sur les plans imaginés. Les uns souhaitent augmenter le nombre de logements prévus, les autres souhaitent préserver cet espace à la biodiversité qui s’y est installée ces dernières années.
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Sur ce point de la biodiversité, Gilles Delforge, directeur de la SAU, rappelle que la friche n’a pas toujours eu ce rôle : “On n’est pas dans les Hautes Fagnes”, dit-il. “Il y a dix ans, c’était une mare de pavés. La SNCB, qui a dû dépolluer le site au moment de la vente, a enlevé une couche et remis du sable propre. Pour éviter que du sable s’envole sur les voies de chemin de fer, nous avons planté une prairie fleurie. Un habitat s’est développé là par l’action de la SAU”.
L’homme n’est donc pas partisan de l’idée d’une friche permanente à cet endroit ou dans d’autres quartiers bruxellois : “Si cela devient un argument du statu quo et que l’on n’accepte pas le principe d’habitats temporaires, le risque est que des propriétaires de terrains constructibles empêchent tout développement de type friche dans des périodes intermédiaires. Or, ces réservoirs par essence temporaires sont importants pour la biodiversité, l’un disparaît, un autre apparaît…”, explique celui qui se dit passionné d’ornithologie et qui explique que la friche “n’est pas une étape déterminante pour les oiseaux migrateurs”. Ce que contestent les défenseurs de cet espace vert.
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Gilles Delforge ajoute que la friche n’est pas un moyen de lutter contre les îlots de chaleur vu qu’il n’y a actuellement aucun arbre, comme l’indique une carte de Bruxelles Environnement sur les îlots de fraîcheur dans la capitale. Il rappelle qu’à ce sujet, le PAD prévoit la plantation de 500 arbres et la création de milieux humides sur près de 3 000 m². Après réaménagement, la friche Josaphat comptera 7,15 hectares d’espaces verts, soit deux tiers de la surface actuelle, ajoute-t-il encore.
“Le projet sur la table, c’est 3,4 ha de surface urbanisée, ce qui est déterminant pour répondre à des besoins avec du logement moyen Citydev, du logement social et social acquisitif. Et en plus, on répond aux enjeux de biodiversité et d’îlot de chaleur. C’est un compromis idéal, à défaut de quoi on ne fait plus rien”, conclut-il. “Les oppositions sont inévitables. Le seul point important est donc de toujours conserver une approche rationnelle”.
Gr.I. – Photo : SAU-MSI.brussels GlobalView