Prison de Haren : la seconde visite du chantier suscite des inquiétudes

 

Le Conseil central de Surveillance pénitentiaire (CCSP) a effectué le 13 juin dernier une seconde visite du chantier de la prison de Haren, dont l’ouverture, selon le CCSP, semble se confirmer pour octobre avec l’arrivée des personnes poursuivies dans le cadre des attentats de Bruxelles.

La première visite réalisée en novembre 2021 avait suscité des inquiétudes, résumées dans des recommandations émises par le CCSP, organe indépendant censé contrôler les prisons et la manière dont les détenus y sont traités. La seconde visite n’a pas permis d’effacer les doutes.

La délégation du CCSP relève qu’aucune de ses premières recommandations n’a été suivie d’effet à l’exception de l’installation d’un abri contre les intempéries dans la cour de promenade attenante aux cellules de punition. En novembre, le CCSP recommandait que la cour de promenade attenante aux cellules de punition et/ou de sécurité soit suffisamment grande pour permettre une activité physique véritable et qu’elle soit équipée de moyens permettant de se protéger des aléas climatiques. Il demandait aussi de revoir la conception et l’aménagement de l’ouverture vers le ciel.

Cellules de punition

Le CCSP recommandait encore que l’aménagement de ces cellules soit revu à la lumière des standards internationaux applicables et que tout lit de contention tel que celui vu lors de la visite soit remplacé par un lit “digne de ce nom“.

Le Conseil demandait aussi une remise en question complète du projet de cellules dites “time-out”. Aujourd’hui, le CCSP regrette toujours que les cellules de punition ne disposent que d’un accès limité à la lumière naturelle, n’étant équipées que d’une vitre opaque. Elles devraient avoir une table, une chaise et un lit “digne de ce nom”, plutôt qu’un lit de contention.

Il est aussi prévu, déplore le CCSP, que les détenus de ces cellules n’auront accès qu’à une cour de promenade individuelle, “entourée de hauts mur de béton, clôturée sur le dessus par une épaisse grille, sans aucune vue, sans aucune installation sportive ni même un banc et sans accès à une toilette“. Le CCSP recommande une remise en question complète du projet de cellules dites “time-out”, “nues et sans vues”.

Il souhaiterait aussi savoir si une unité de vie entière sera bel et bien réservée spécifiquement aux mères détenues avec enfants et aux femmes enceintes détenues, et être davantage informé sur les aménagements spécifiques et adaptés aux mères détenues et aux enfants.

Régimes différenciés

À la suite de la fermeture des sections de haute sécurité de la quasi-totalité des établissements pénitentiaires en Belgique, un groupe de travail devait être mis en place afin de réfléchir aux offres de régimes différenciés. Le CCSP souhaiterait prendre connaissance des travaux de ce groupe et de l’état d’avancement de ceux-ci, ainsi que connaître la vision précise de l’administration pénitentiaire quant à cette section tant en ce qui concerne les profils et statuts des détenus qui y seraient placés, que quant au régime et à la gestion du personnel.

Il voudrait aussi être informé des détails du régime d’activités prévu dans cette section, à celui relatif au travail des détenus de cette section ainsi qu’à leurs contacts avec le monde extérieur. De nombreuses inconnues subsistent encore à l’heure actuelle quant au futur personnel pénitentiaire de la prison de Haren, affirme le CCSP. À terme, 724 équivalents temps plein devraient être occupés dans cet établissement dont la direction devrait être assurée par 23 directeurs. Le Conseil voudrait être informé de manière aussi complète et transparente possible sur l’état des lieux des ressources humaines d’ici à l’ouverture.

Belga