Qu’avons-nous appris sur la santé mentale après 2 ans de crise ? Le Conseil Supérieur de la Santé dévoile son rapport
La crise liée à la Covid-19 a été très difficile pour de nombreux groupes vulnérables. Deux ans sont passés, qu’avons-nous appris ? C’est la question à laquelle a voulu répondre le Conseil Supérieur de la Santé.
Le dernier rapport du Conseil Supérieur de la Santé (CSS), qui s’intitule “Prise en charge psychosociale pendant la pandémie COVID-19 : Quelles leçons pouvons-nous tirer pour l’avenir ?”, fait le point sur la situation psychologique des Belges, tout en se tournant vers l’avenir avec un plan en 10 étapes.
Ce document indique que les Belges semblent bien résister, mais la pandémie n’a fait que creuser les disparités en matière de bien-être. Le rapport entre besoins et disponibilités en matière de santé mentale est déséquilibré depuis un certain temps, selon le CSS. Cela serait dû à une fragmentation de l’offre, à un manque de visibilité et de communication, ainsi que d’une sous-capacité dans certaines régions et pour certains groupes à risque.
Le CSS indique donc que plus la situation de crise va durer, plus la pression sur le bien-être mental augmentera, conjointement avec l’inégalité. Il y a définitivement un rapport entre la sévérité des mesures ainsi que sa durée dans le temps, et l’impact sur le bien-être. Les personnes les plus touchées sont, selon le CSS, les jeunes et les personnes souffrant d’affections préexistantes, et/ou d’un statut socio-économique moins élevé. Cette pression se manifeste par une baisse du niveau de satisfaction, une augmentation des conflits interpersonnels, des abandons de travail et un déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Un plan en dix étapes pour améliorer les soins de santé mentale
Le Conseil Supérieur de la Santé propose, dans son rapport, dix points d’actions qui ont pour objectif d’améliorer les soins de santé mentale à l’avenir.
- Organiser les soins de santé mentale selon le modèle des soins échelonnés : accessibles à tous, ancrés localement, et avec des systèmes de triage et d’orientation solides
- Faire de la santé mentale une partie intégrante de la santé publique
- Utiliser la communication comme un facteur de motivation plutôt que comme une charge supplémentaire
- Être attentif à la chronicité de la pandémie, organiser un monitoring régulier et donner des feedbacks
- Renforcer la résilience individuelle et collective
- Promouvoir la protection sociale et reconnaître le rôle du (retour au) travail
- Accorder de l’attention à la perte et au deuil
- Se préparer aux futures vagues et/ou aux nouvelles pandémies
- Apporter un soutien supplémentaire au secteur des soins
- Impliquer les experts de manière proactive dans les choix politiques
Un système simple qui exploite pleinement l’expertise du milieu professionnel : voici ce que le Conseil Supérieur de la Santé recommande. Un point d’honneur est mis sur l’accueil, qui doit être chaleureux en cas de détresse mentale, près de chez soi, et avec des contacts d’autre personnes souffrantes.
Une vision de la santé mentale proactive, et axée “sur ce que souhaite chaque Belge et pas seulement les personnes en situation de détresse mentale” doit être adoptée. Afin de contribuer à améliorer la santé globale, le Conseil Supérieur de la Santé souhaite “une société qui se soucie collectivement de sa santé mentale et de celle de ses citoyens“.
Le rapport peut être consulté à l’adresse : https://www.health.belgium.be/fr/avis-9676-prise-en-charge-psychosociale-pendant-la-pandemie-covid-19-lecons
■ Interview de Olivier Luminet, directeur de recherche auprès du Fond belge pour la Recherche Scientifique (FRS–FNRS) et psychologue de la Santé à l’UCLouvain