Bruxelles : de nombreux sans-papiers à la zone neutre pour espérer faire avancer leur dossier
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dès ce vendredi vers 6h00 du matin pour espérer entrer dans la “zone neutre” ouverte par le gouvernement fédéral, afin d’obtenir des avancées sur leur dossier de régularisation.
Cette zone neutre avait été créée par le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi (CD&V) pour permettre aux sans-papiers grévistes de la faim de l’Église du Béguinage et des sites de l’ULB et de la VUB d’obtenir un examen individualisé de leurs demandes de régularisation. Depuis lors, d’autres personnes sans-papiers s’y sont rendues en espérant également bénéficier d’une révision de leurs dossiers. Elles ont reçu des informations sur les procédures existantes.
Jeudi, au lendemain de la suspension de la grève de la faim, ces personnes étaient particulièrement nombreuses à être venues devant la zone neutre. Des tickets pour des rendez-vous ultérieurs ont été distribués aux personnes faisant encore la file à la fermeture du service. Ceux-ci seront honorés et permettront de donner des informations sur les procédures actuelles. Mais le cabinet de Sammy Mahdi souligne qu’il n’y aura pas d’examen des dossiers des personnes sans-papiers non grévistes au sein de la zone neutre. Il rappelle que les demandes de régularisation sont normalement traitées au niveau de l’Office des Étrangers, après un dépôt des dossiers dans les administrations communales.
Venus de plusieurs villes
Vendredi, il y avait beaucoup de personnes, majoritairement des hommes, venant d’Afrique du nord et qui vivent depuis longtemps sur le territoire belge en travaillant au noir. Ces personnes qui ne peuvent pas prétendre au statut de réfugié sont cataloguées comme des “migrants économiques”. Certains sans-papiers présents ont fait le déplacement depuis d’autres villes du pays pour ne pas manquer ce qu’ils estiment être une opportunité de révision de leur dossier.
Une longue file s’est créée depuis le matin, puis la foule s’est répartie sur la place avoisinante. Des policiers ont gardé l’entrée de la zone neutre. Le mot a été passé dans la matinée que le lieu n’était plus accessible qu’aux seuls grévistes de la faim, pour lesquels des juristes sont en train de rassembler leurs dossiers en vue d’une première rencontre la semaine prochaine. En début d’après-midi, des personnes sans-papiers encore présentes ont été dirigées vers une longue table en extérieur pour recevoir des explications.
Zone neutre fermée au grand public
“Cela fait 13 ans que je suis en Belgique”, a souligné Jacques-Philippe Dadzie, un Togolais de 50 ans. “Je viens de Namur pour les papiers… J’ai fait plusieurs demandes de régularisation – le statut de réfugié et le 9ter pour raisons médicales – et je n’ai eu que des refus. J’ai passé treize ans ici et j’ai 50 ans. Je n’ai plus rien qui m’attend au pays. Je suis handicapé, j’ai un pied amputé, mais je veux des papiers pour travailler. Je suis soudeur et cela fait partie des métiers en pénurie en Belgique.”
D’autres profils sont plus atypiques, comme celui d’Amirul Hossain, un ressortissant du Bangladesh âgé de 42 ans. Il a quitté l’Angleterre et vit depuis dix ans à Gand, où il travaille comme chef de cuisine dans des hôtels avec sa femme : “Notre fils de 18 ans est allé à l’école ici. De 2011 jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons jamais demandé la moindre aide de l’État. Nous avons toujours travaillé. (…) Aujourd’hui, je suis venu car j’espère que mon dossier sera rediscuté. J’espère. On a accusé deux refus de régularisation.”
Vendredi midi, Sammy Mahdi a confirmé par voie de communiqué que cette zone neutre allait être fermée à partir de lundi au public qui n’est pas lié aux grévistes de la faim. “Pour ne donner à personne de faux espoir, il a été décidé de ne plus ouvrir cette zone au grand public. Les rendez-vous pris hier et aujourd’hui seront toutefois honorés”, a-t-il expliqué. Une demande de régularisation pour raison humanitaire doit être introduite auprès de la commune. Les dossiers de personnes qui se rendent dans la zone neutre ou qui y ont pris rendez-vous ne seront pas traités d’une autre manière.
Avec Belga – Photo et vidéo : Belga/Laurie Dieffembacq