Retards de livraison : quel impact sur la stratégie de vaccination à Bruxelles ?

C’est l’un des feuilletons de la crise sanitaire : les livraisons des vaccins. Les autorités doivent constamment réadapter leur calendrier de vaccination. Alors, quel impact a cette situation sur la stratégie mise en place ?

La stratégie de vaccination doit à nouveau être réadaptée, face aux déclarations des firmes pharmaceutiques, qui livrent globalement moins de vaccins que prévu. Ainsi, Moderna livrera 20% de vaccins en moins cette semaine, AstraZeneca seulement la moitié des doses prévues au premier trimestre, tandis que Pfizer promet au contraire d’accélérer prochainement ses livraisons, selon les informations collectées par Le Soir.

Des modifications qui impactent la stratégie de vaccination. “On a des retards pour toutes les phases, sauf les maisons de repos où cela continue comme c’était prévu. Aussi bien pour le personnel des hôpitaux que pour la première ligne et les collectivités, et les autres phases ensuite, cela va prendre plus de temps car il manque des vaccins“, explique Inge Neven, responsable du service d’hygiène en Région bruxelloise.

► Interview d’Inge Neven, responsable du service d’hygiène en Région bruxelloise

Toutes les semaines, on doit adapter cette stratégie de vaccination au regard des livraisons qui sont garanties. Les sociétés pharmaceutiques nous garantissent des livraisons, mais parfois très tardivement et avec des variations. Toutes les semaines, au niveau interfédéral, la stratégie est adaptée“, explique Alain Maron, le ministre bruxellois de la Santé (Ecolo), “Cette semaine et la semaine prochaine, on va donc un tout petit peu moins vite que ce qui était prévu“.

Quel calendrier pour la vaccination ?

Très concrètement, le calendrier de vaccination devra être rediscuté avec la task force fédérale, indique Inge Neven, mais pour l’instant “on doit le revoir. Je pense qu’on va encore être occupé avec la phase 1A (maisons de repos, hôpitaux, première ligne non-hospitalière, collectivités, NDLR) jusqu’à la fin du mois de mars“, indique-t-elle.

Encore trop tôt pour voir les effets de la vaccination sur les hospitalisations

Selon un communiqué de ce jour de la COCOM, le passage à la phase 1B (personnes de plus de 65 ans, personnes de plus de 45 ans avec comorbités et métiers essentiels) débutera quand même elle aussi en mars.

Quant à la vaccination du grand public (phase 2), “elle était prévu à partir du 1er avril déjà, et ça je pense que ce sera un peu tôt. Je pense qu’on peut toujours compter qu’on pourrait tous avoir la première dose avant l’été, mais tout dépendra de nouveau du nombre de vaccins qui arriveront. J’espère vraiment que les volumes vont augmenter, et qu’on aura de grands volumes à partir du mois de mars. On sera prêt pour accueillir tout le monde, et faire au plus vite“, ajoute Inge Neven.

L’ouverture progressive des centres de vaccination

Quant aux différents centres de vaccination, leur ouverture sera étalée sur les mois de février, mars et avril. Ainsi, le centre Pachéco ouvrait ce mardi, et sera suivi ce mois de celui du Heysel et de Forest. Ensuite, les centres de Schaerbeek, Molenbeek et de l’Hôpital Militaire ouvriront en mars. Enfin, en avril ouvriront les centres d’Anderlecht, de Woluwe-Saint-Pierre et de Woluwe-Saint-Lambert, ainsi qu’un dernier au sud-est de Bruxelles.

Pacheco : le premier point de vaccination ouvre ses portes

Car ce dernier centre est l’une des dernières inconnues : le sud de Bruxelles semblait de prime abord moins bien desservi, et un dernier centre y ouvrira donc prochainement. “D’ultimes discussions sont en cours, avec des perspectives à Uccle et Auderghem, mais les décisions définitives ne sont pas encore prises“, explique Alain Maron.

Sur cette dizaine de centres, cinq sont déjà prêts à ouvrir. Alors, pourquoi ne pas le faire aujourd’hui ? “Dans cinq centres, tout est prêt. On n’attend que les vaccins. C’est ça le problème : on ne dispose pas d’assez de vaccins pour accélérer plus encore la vaccination. C’est notre problème fondamental, qu’on essaie de gérer semaine après semaine pour adapter au mieux la stratégie au regard de la réalité“, indique-t-il.

Cela coince au niveau des sociétés pharmaceutiques : c’est difficilement, visiblement, pour ces sociétés de produire et acheminer suffisamment de vaccins, non seulement pour l’Europe (…) et pour l’ensemble du monde“, ajoute le ministre.

Carte interactive : voici les centres de vaccination qui vont ouvrir à Bruxelles

► Interview d’Alain Maron (Ecolo), ministre bruxellois de la Santé

■ Les explications d’Arnaud Bruckner, avec Fabrice Grosfilley, Marie-Noëlle Dinant et Frédéric De Henau, pour Toujours + d’Actu