Sciensano dévoile les résultats de sa 1re enquête sur la vie des Belges en confinement et lance une 2e enquête

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44 000 personnes ont répondu à la première enquête de santé Covid-19 de Sciensano, destinée à analyser les habitudes des Belges durant cette crise sanitaire du coronavirus.

Sciensano a dévoilé ce jeudi les résultats de sa première enquête de santé Covid-19 sur les habitudes des Belges et leur rapport à la santé en cette crise du coronavirus. Cette étude est menée par des chercheurs de l’Institut belge de santé, sous la direction du Dr Karin De Ridder et de Stefaan Demarest du service Mode de vie et maladies chroniques. Et dans la foulée de la révélation de ces résultats, une deuxième enquête est lancée : vous pouvez y répondre en cliquant ici jusqu’au 23 avril prochain. Cette enquête dure approximativement 15 minutes, et n’est accessible que si vous vivez en Belgique et que vous avez plus de 18 ans.

Concernant la première étude, Sciensano s’est concentré sur cinq thèmes : la connaissance et le respect des mesures liées au Covid-19, les consultations dans le cadre du Covid-19, l’accès aux soins et aux services pendant l’épidémie, la santé sociale et la santé mentale. Certains résultats de cette enquête ont été mis en rapport avec les résultats de la dernière enquête de nationale de santé réalisée en 2018.

La connaissance et le respect des mesures liées au Covid-19

Plus de 90% des personnes qui ont répondu à l’enquête (près de 44 000 participants) estiment être suffisamment informés sur les mesures préventives et sur les symptômes du Covid-19, et 85% sur la manière dont le virus se répand. Par contre, les jeunes (entre 16 et 24 ans) se disent moins bien informés par rapport aux plus âgés (65 ans et plus).

Selon l’enquête, les plus jeunes sont également moins nombreux à suivre les mesures d’hygiène, de distanciation sociale et de confinement. 13% des 16-24 ans et 8% des 25-44 ans disent ne pas respecter les mesures de confinement, contre 3% des plus de 45 ans. En outre, près de 25% des jeunes de 16 à 24 ans disent ne pas respecter strictement les mesures d’hygiène et de distanciation sociale. Ce pourcentage diminue sous les 15 à 10% au fil des âges.

Parmi les personnes qui ne respectent pas les mesures, plus de la moitié (55%) des répondants disent qu’ils le font car ils “restent prudents et que cela ne devrait donc pas poser de problème”. Plus d’un quart des personnes (27%) disent qu’elles ne font pas partie d’un groupe à risque et 24% affirment qu’elles doivent continuer leurs activités pour raisons économiques.

Enfin, 93% des répondants disent avoir confiance dans les services de soins de santé et dans les institutions scientifiques (91%). Par contre, la confiance dans le gouvernement fédéral passe à 57%, dans les gouvernements régionaux à 47% et dans les autorités locales à 51%.

Les consultations dans le cadre du Covid-19

Selon l’enquête de Sciensano, près de 11% des répondants ont consulté un médecin pour des problèmes possiblement liés au Covid-19. Et parmi ce pourcentage, seuls 15% d’entre eux ont consulté le médecin généraliste à son cabinet et 3% sont allés directement au service des urgences d’un hôpital. Enfin, on compte 7% qui ont été testées pour une infection au coronavirus, avec un pourcentage de positivité de 39%.

L’accès aux soins et aux services pendant l’épidémie

Toujours dans cette enquête, une grande proportion des personnes qui ont répondu indiquent l’annulation ou le report de leurs rendez-vous médicaux hors-Covid-19 sur les quatre dernières semaines. “Il est alarmant de constater, par exemple, que 65% des personnes qui devaient passer un traitement médico-technique ont dû l’annuler”, s’inquiète l’étude de Sciensano.

Près de 75% des rendez-vous chez les médecins généralistes ont été maintenus ou ont eu lieu à distance, de même que presque 40% des rendez-vous chez les psychologues, psychothérapeutes ou psychiatres.

50% des répondants qui ont habituellement recours à une aide familiale ou à des soins pour personnes âgées ne reçoivent plus ce service depuis quatre semaines. Cette proportion tombe à 28% pour les services d’une infirmière à domicile.

La santé sociale

Concernant la santé sociale de la population belge, l’enquête de Sciensano confirme l’insatisfaction globale des répondants. 58% des répondants se disent insatisfaits vis-à-vis de leurs contacts sociaux depuis le début du confinement, le 13 mars, contre… 8% des répondants dans le même cas lors de l’enquête de 2018. Les jeunes adultes sont plus nombreux (à hauteur de 65%) à être insatisfaits.

Ensuite, 27% des participants indiquent que la qualité de leur soutien social (personnes proches d’eux, aide des voisins et des proches…) est faible, contre 16% en 2018. “De même, les personnes n’ayant pas poursuivi d’études supérieures sont plus nombreuses à indiquer un faible soutien social (34% contre 23% des personnes ayant un diplôme de l’enseignement supérieur). Nous constatons également des différences importantes selon le statut d’emploi : on trouve les taux les plus élevés de personnes avec un faible soutien social parmi les personnes en invalidité (52%) et celles au chômage (42%), et les taux les moins élevés parmi les personnes ayant un emploi rémunéré (25%) et les personnes pensionnées (24%)”, indique Sciensano.

La santé mentale

Enfin, concernant la santé mentale des Belges, l’enquête révèle que les troubles anxieux (20%) et dépressifs (16%) ont fortement augmenté par rapport à 2018 (de 10 à 11% à l’époque). Les personnes les plus touchées par ces affections sont les femmes, les jeunes de 16 à 24 ans et les adultes de moins de 50 ans. Et le fait d’avoir été confronté de près ou de loin à une personne infectée ou suspectée d’avoir une infection au coronavirus augmente le risque d’un trouble anxieux et dépressif.

Les répondants ont également été invités à indiquer sur une échelle de 0 (pas du tout) à 10 (extrêmement) dans quelle mesure la crise du coronavirus affecte leur existence. 56% des répondants ont indiqué que la crise du coronavirus n’avait pas du tout affecté leur niveau de revenus mais ils sont plus de 30% à indiquer que cela touche extrêmement leur vie sociale et leurs plans d’avenir.

Gr.I. – Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck