La colère gronde au sein de l’asbl Bravoo : les gardiens de la paix adressent une lettre à la direction
Nous vous parlions précédemment de l’inquiétude des gardiens de la paix en cette période de confinement, via le témoignage anonyme d’un travailleur de l’asbl Bravoo à la Ville de Bruxelles. Leur situation ne s’améliore pas, plusieurs de ces agents nous envoient une lettre commune : “Pourquoi tant de mépris pour les gardiens de la paix et leur famille ?”
La goutte qui fait déborder le vase : une décision unilatérale de la direction de rallonger les horaires des équipes de nuit de 15h30 à 23h, alors que jusqu’ici, le service commençait à 18h30. Coup dur pour ces travailleurs qui ont aussi des enfants à la maison qu’ils ne peuvent pas confier aux grands-parents.
À cela, s’ajoute la modification des règles d’octroi des congés de façon à être disponible dans les semaines qui viennent. Une note interne de la direction stipule que les congés seront accordés en fonction des besoins du service, ceux déjà accordés pourront être reportés; si le collaborateur tombe malade pendant ses congés, les jours de vacances seront perdus. En échange, le délai de prise des congés de 2019 est prolongé du 31 mars au 30 juin, “sachant que les collègues les avaient déjà liquidés”, ironisent ces travailleurs. Cette note passe mal, vu le contexte.
“Mépris des risques sanitaires”
Les gardiens de la paix se plaignent de devoir travailler “au mépris des risques sanitaires”. Ils se retrouvent parfois “à quatre dans une voiture”, les talkies-walkies et téléphones portables sont échangés sans être désinfectés. La distanciation sociale entre les travailleurs n’est pas respectée dans le local “nettoyé une fois par semaine”. Il n’y a pas de casier double pour éviter de mélanger les vêtements de travail et les vêtements de ville. Ces travailleurs se plaignent en outre de ne pas être soutenus pas leurs délégués syndicaux.
Contactée par nos soins, l’échevine en charge de l’asbl Bravvo, Faouzia Hariche (PS), ne comprend pas la teneur de cette lettre : “Au début du confinement, avec le bourgmestre Philippe Close, nous avons rencontré les chefs d’équipe et nous sommes mis d’accord sur une série de mesures. Les travailleurs de plus de 60 ans ont été écartés, nous avons donné accès à l’eau et à du savon, le nettoyage des vêtements est pris en charge par l’asbl. Les gardiens de nuit ne peuvent plus rentrer chez eux en Collecto comme auparavant, nous avons un accord avec une société de taxis que nous payons directement, le travailleur ne doit rien débourser”.
“Nous avons besoin d’eux”
Concernant la note interne sur les congés, Faouzia Hariche admet que “le ton est peut-être un peu sec mais qu’elle ne contient rien d’anormal. De nombreux travailleurs sont contents de pouvoir prendre leurs congés plus tard, quand ils pourront partir en vacances”.
“La sécurité de nos gardiens de la paix est une priorité, il y a une nécessité de pouvoir compter sur eux et beaucoup ont le sentiment que leur métier est valorisé en cette période de crise”. Faouzia Hariche nous dit son intention de rencontrer, par vidéo-conférence, les chefs d’équipe, afin de comprendre ce qui ne va pas. “Nous pouvons peut-être réfléchir à rendre les horaires plus élastiques pour éviter que trop de travailleurs ne se croisent en début et en fin de service et aux heures de repas”.
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Murielle Berck – Photo : BX1