Il manque toujours des places dans les crèches bruxelloises
Au 31 décembre 2018, Bruxelles comptait 19.421 places d’accueil pour les enfants de moins de trois ans pour 50.957 enfants. Un nombre insuffisant qui est d’autant plus problématique lorsqu’on regarde la localisation de ces places ainsi que leur prix. Pour certaines familles, trouver une place dans une crèche publique à un tarif social est tout simplement impossible. Si la Fédération Wallonie Bruxelles est bien consciente du problème, sa résolution ne semble pas être pour demain.
En septembre dernier, la ministre en charge de la Petite enfance en Fédération Wallonie Bruxelles, Bénédicte Linard (Ecolo), annonçait sa volonté de réformer le secteur de l’accueil. Au 1er janvier, vu les critiques, elle a dû reprendre les négociations de sa réforme des milieux d’accueil (Milac). “Une partie de la réforme est tout de même rentrée en vigueur mais les points de discussion problématiques ont été reportés, concède le cabinet de la ministre. Il faut que nous arrivions à un renforcement du secteur dans un premier pour lui permettre de se déployer”.
Dans la déclaration de politique générale, le gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles s’est fixé comme objectif de rattraper le taux de couverture des communes les moins bien équipées. Pendant longtemps, la norme de Barcelone fixée à 33% a servi de référence pour le secteur. Aujourd’hui, cette norme est un peu remise en question car la tarification joue également un rôle.
Cependant, si à Bruxelles on garde la norme de Barcelone, on s’aperçoit que dans de nombreuses communes, ce taux de 33% n’est toujours pas atteint.
Pour 7 communes (Anderlecht, Berchem, Forest, Jette, Koekelberg, Molenbeek et Schaerbeek), le manque de places est criant. Il se trouve que ce sont les communes qui ont vu un important rajeunissement de leur population. Malgré les investissements, la construction de crèches dans le cadre de contrat de quartier et les plans Cigogne de la Communauté française qui ont permis des ouvertures de places, le manque est toujours criant. Ces données reprennent les crèches agréées par l’ONE et par Kind&Gezin.
Si on prend les crèches uniquement de l’ONE, les 33% ne sont pas atteints pour 10 communes (Anderlecht, Berchem, Evere, Forest, Ganshoren, Jette, Koekelberg, Molenbeek, Schaerbeek et Watermael-Boitsfort).
Un avenir inquiétant
Si du côté des places publiques, le nombre se maintient, du côté des privées, la Région bruxelloise enregistre une légère diminution. Les établissements agréés par Kind and Gezin ont diminué entre 2017 et 2018. La Région a ainsi perdu 157 places et 9 établissements. Les normes plus strictes notamment en matière d’emploi des langues sont un des facteurs à prendre en compte. Il faudra donc être attentif aux années suivantes pour déterminer s’il s’agit d’une diminution conjoncturelle ou structurelle.
“On voit tout de même une hausse des places liées aux revenus des parents, précise le cabinet du ministre-président bruxellois, Rudi Vervoort (PS). La situation reste cependant problématique pour les communes de Schaerbeek et de Molenbeek. De nouvelles créations de places sont prévues dans le cadre du plan crèche de la Cocof pour 2019, 2020 et 2021 mais nous plaidons pour que l’ONE relance un appel à projets pour la dernière phase du Plan cigogne. En effet, aucun appel à projets ni en 2018 ni en 2019 n’a été lancé. Il faut aussi qu’il y ait davantage d’investissements dans l’ouverture de nouvelles places à Bruxelles car le taux de couverture reste très bas.”
La moyenne régionale est aujourd’hui de 38,1%.
Pas de nouveau plan Cigogne
En 2020, 440 nouvelles places seront créés dont 149 à Saint-Gilles dans la crèche de l’Ecam. A Schaerbeek, ce sont trois établissements qui verront le jour, soit 188 places. En tout, cela représente un budget de 9,1 millions d’euros. En 2021, pour le moment, seules trois crèches devraient ouvrir (Woluwe-St-Lambert, Neder-over-Heembeek et Forest) pour un total de 69 places et un budget de 3,4 millions d’euros.
“Nous n’allons pas relancer de plan Cigogne pour le moment, reconnaît le cabinet de la ministre Bénédicte Linard. Nous souhaitons mieux cibler notre politique. En effet, il est important de rattraper le retard entre les communes. Nous devons aussi faire des arbitrages budgétaires. Les premiers arriveront avec l’ajustement du printemps. Après cela, il sera possible de mettre sur pied un plan plus détaillé qui pourrait comprendre un taux de couverture de 55% dont 33% de subsidiés. Un grand travail d’objectivation est à réaliser.”
En attendant, la Fédération Wallonie Bruxelles espère améliorer rapidement le taux d’occupation des places en crèche. Actuellement, il est compris entre 70 et 90% selon les établissements mais les familles sont de plus en plus nombreuses à demander une garderie pour seulement deux ou trois jours par semaine vu les tarifs pratiqués. Cela signifie donc des roulements qui encore très fréquemment sont gérés de manière manuelle par les directions des établissements d’accueil. Un logiciel est en test afin de permettre à plus de familles de trouver une solution avant que des établissements ne sortent de terre.
Vanessa Lhuillier – Photo: Belga/Virginie Lefour