La N-VA bouscule le conseil des ministres : “Choqué par l’agression du CD&V et de l’Open Vld”, dit Francken
Le secrétaire d’Etat à l’Asile et aux Migrations Theo Francken (N-VA) a dénoncé vendredi l’“agression” des partenaires de la coalition sur le pacte de l’Onu sur les migrations. Suite à la demande du parti, il y aura un conseil des ministres exceptionnel avant la fin du weekend pour évoquer le pacte. Pour les libéraux et le CD&V, le parlement a été clair et le Premier ministre a répondu.
“Je suis choqué par l’agression des partenaires de la coalition“, a-t-il indiqué à la VRT en arrivant vendredi au conseil des ministres. “Je suis choqué par l’empressement et l’agression du CD&V et de l’Open Vld à la Chambre, pour pouvoir malgré tout obtenir un amendement, ensemble avec les ‘partis des frontières ouvertes’“, a-t-il dit en référence à la résolution adoptée jeudi soir par une majorité alternative composée des libéraux, du CD&V, des socialistes, des écologistes, du cdH, de DéFI et du PTB.
Cette résolution ne plaide pas en faveur des frontières ouvertes mais demande au gouvernement d’approuver le pacte de l’Onu sur les migrations. “Ce n’est pas très élégant“, a poursuivi le secrétaire d’Etat N-VA.
“Un pacte migratoire ne peut pas lier la Belgique“, a-t-il répété vendredi matin sur Facebook. “Je me battrai contre cela jusqu’à la dernière seconde“, a-t-il ajouté.
Selon lui, il en va de la souveraineté de la Belgique et de la Flandre. “L’idée selon laquelle les Flamands doivent pouvoir décider seul de leur avenir appartient à l’ADN de notre parti. C’est pour cela que nous nous battons pour une indépendance flamande par le biais d’un modèle de gestion confédérale”, a-t-il expliqué.
Le secrétaire d’Etat a encore dénoncé le “carcan” international qui enserre la politique migratoire, qu’il s’agisse de la Commission européenne et des juridictions européennes ou des Nations unies.
Interrogé sur la chute possible du gouvernement vendredi, il a soupiré en lâchant en anglais: “Dieu seul le sait…”
Un conseil des ministres exceptionnel prévu
La N-VA a demandé dans la foulée que le pacte de l’ONU sur les migrations soit ajouté à l’agenda du conseil des ministres. Suite à cela, un conseil exceptionnel a été accordé. Le vice-Premier ministre (CD&V) Kris Peeters a confirmé qu’un autre conseil des ministres se réunira ce vendredi ou ce week-end, samedi ou dimanche, pour examiner la question du pacte de l’ONU sur les migrations. C’est le Premier ministre Charles Michel qui déterminera l’agenda, a-t-il ajouté.
En quittant le 16 rue de la Loi, le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA), avait confirmé plus tôt que des discussions bilatérales étaient actuellement en cours.
Initialement, la question ne figurait pas à l’ordre du jour de la réunion de vendredi. Le gouvernement n’avait pas non plus prévu de se réunir en comité ministériel restreint. Pour changer l’agenda, il faut le faire au “consensus“, avait-on rappelé de source gouvernementale en matinée.
Position claire du parlement
Les libéraux et le CD&V estiment que le parlement a été très clair jeudi en demandant au gouvernement d’approuver le pacte sur les migrations et que le Premier ministre y a répondu en indiquant qu’il se rendra lundi à Marrakech. Ils entendent continuer le travail au sein du gouvernement, estimant que si la N-VA dépose un point sur le pacte des migrations à l’ordre du jour du conseil des ministres ou du conseil restreint, il en va de sa responsabilité.
La résolution parlementaire donne “une obligation morale” au gouvernement, a jugé le vice-premier ministre Open Vld Alexander De Croo. “Le parlement a été très clair et le Premier ministre s’est exprimé. A présent, il faut avancer et cesser les opinions divergentes“, a-t-il précisé, en arrivant vendredi au conseil des ministres.
Pour le vice-premier ministre MR Didier Reynders également, “il y a une position très claire des groupes parlementaires et une réponse a été donnée par le Premier ministre“.
Le Premier ministre a répondu
Le chef de file du CD&V Kris Peeters est venu au conseil des ministres pour “travailler”. Quarante points figurent à l’ordre du jour, le pacte des migrations n’en fait pas partie. “Si la N-VA souhaite l’ajouter, elle doit amender l’ordre du jour”, a-t-il dit. Ce que le parti flamand a fait par la suite. Selon lui aussi, “une majorité des deux tiers s’est exprimée très clairement en faveur du pacte et le Premier ministre a été très clair sur de nombreux éléments, (il peut approuver le pacte à Marrakech) en tant que Premier ministre de ce pays, représentant du régional, de la concertation (intra-belge)”.
La N-VA a préféré éviter les caméras. Le vice-premier ministre Jan Jambon et les ministres Johan Van Overtveldt et Sander Loones sont arrivés au 16 rue de la Loi après leurs collègues.
Jeudi, au parlement, le Premier ministre a indiqué qu’il se rendrait lundi à la conférence de Marrakech sur le pacte des migrations, “obligé à titre personnel” par le parlement. Dans la soirée, le parlement a voté une résolution demandant au “gouvernement” d’approuver le pacte. Le point ne figure cependant pas à l’ordre du jour de la réunion de vendredi. Le gouvernement n’a pas non plus prévu à ce stade de se réunir en comité ministériel restreint. Pour changer l’agenda, il faut le faire au “consensus”, rappelait-on vendredi.
Jeudi soir, le chef de groupe N-VA Peter De Roover a de son côté indiqué que le débat parlementaire avait permis de clarifier le fait que l’adoption du pacte des migrations était du ressort du gouvernement, que le gouvernement n’avait pas pris une décision en ce sens, et que l’on constaterait vendredi l’absence de “consensus” sur ce point au sein du gouvernement.
► Reportage de Pierre Beaudot et Nicolas Scheenaerts
Belga