Des pavés de mémoire en hommage aux résistants de l’Enclos des Fusillés
Depuis le 8 novembre jusqu’au 5 décembre, une quarantaine de pavés de mémoire fleurissent aux quatre coins de la Région bruxelloise, en hommage aux résistants inhumés à l’Enclos des Fusillés, derrière les bâtiments de la RTBF et de la VRT à Schaerbeek.
C’est à l’initiative de trois associations, l’asbl Mémoire d’Auschwitz-Fondation Auschwitz, l’Association pour la Mémoire de la Shoah et la Confédération Nationale des Prisonniers Politiques et Ayant Droits de Belgique (CNPPA), que ces pavés sont posés au fil des jours devant l’ancien domicile des victimes de l’Enclos des Fusillés. Mais qu’est-ce que cet enclos ? Il s’agit en fait de l’arrière du bâtiment du Tir national, un bâtiment construit en 1889 pour permettre à la Garde Civique puis à l’Armée belge de s’entraîner à l’usage d’armes à feu. Ce bâtiment a été occupé durant les deux Guerres mondiales par l’armée allemande. Celle-ci a profité de cet espace pour y fusiller plusieurs résistants, avant de les enterrer à l’arrière du bâtiment, dans le fameux Enclos des fusillés.
Edith Cavell (en 1915) et Gabrielle Petit (en 1916) y ont notamment été exécutés, tout comme les frères Livchitz et Lucien Orfinger (en 1944). Avant la disparition du Tir National en 1963 pour la construction des bâtiments de la RTBF et de la VRT, laissant le seul Enclos comme mémoire du passé. 365 tombes couvrent aujourd’hui cet espace, dont 219 ont été exhumées au cours des ans. Sur les 146 corps restés en place, 38 restent non-identifiées.
Une future disparition ?
Pour ne pas oublier ces résistants et victimes des guerres, les trois associations ont décidé de les mettre en avant grâce à la pose de pavés dorés, dits “de mémoire”. Ces pavés ont été posés devant le domicile d’une quarantaine de résistants, afin de rappeler leur combat “pour la liberté”, comme le rappelle Daniel Weyssow, de la l’asbl Mémoire d’Auschwitz-Fondation Auschwitz. Ces pavés sont ainsi installés avec la collaboration des communes, et sont inaugurés en présence d’élèves de différentes écoles secondaires, afin de perpétuer ce travail de mémoire.
Outre cette initiative, l’asbl Mémoire d’Auschwitz-Fondation Auschwitz s’inquiète tout de même de la future création de la “Cité des Médias”, et de l’agrandissement des bâtiment de la RTBF et de la VRT. “Le cimetière ne devrait pas être affecté par les transformations prévues, le site ayant été classé en 1983 par la Direction générale des Monuments et Sites de la Région. Mais on peut toutefois s’interroger sur son maintien à moyen terme. Il faut savoir que les exhumations somme toute régulières et nombreuses, se poursuivent, et que les tombes datant de la Première Guerre mondiale, au nombre de 35, ont toutes été désaffectées”, explique ainsi l’association. Ces pavés sont donc l’occasion de rappeler l’histoire de résistants, qui pourraient à terme quitter ce fameux enclos.
Gr.I. – Photo : BX1