Yves Van Laethem réagit aux fêtes clandestines : “Il y a un risque pour les participants et les personnes qu’ils vont côtoyer”

Contacté par BX1 ce dimanche, le porte-parole interfédéral de lutte contre le COVID-19, et infectiologue au CHU Saint-Pierre, Yves Van Laethem, a réagi aux fêtes clandestines organisées ce week-end, à Ixelles et à Anderlecht.

On se trouve typiquement devant un regroupement de personnes qui chantent, qui crient, qui festoient, qui sont proches les unes des autres, dont aucune ne porte un masque, dont personne ne s’est fort occupé de ses mains et d’avoir éventuellement toussé dedans : on est vraiment dans un prototype-même de situation où la transmission peut exister“, explique ainsi Yves Van Laethem.

Interrogé sur le potentiel de contamination de tels regroupements, le virologue explique que “statistiquement parlant, sur 500 personnes, on peut estimer que probablement au moins 5 à 10 personnes étaient porteuses de ce virus. Ce sont les chiffres probables actuellement, au vu de la fréquence à laquelle on le retrouve dans la population. Si ces personnes ne transmettaient pas, ou peu, tant mieux ; si l’une d’entre-elles est un ‘super-transmetteur’, qui peut donner le virus à 10 ou 20 personnes, ça peut induire une chaîne de transmission“.

Il y a un risque à la fois pour les personnes qui y ont participé, et pour ceux qui vont les côtoyer. Mais probablement peut-être plus pour ceux qui les côtoient : au sens que ce sont des gens jeunes, qui ont beaucoup de chance s’ils font la pathologie qu’elle soit peu symptomatique, d’être peu malade. Mais ils vont sans doute, par contre, rencontrer leurs parents, leurs grands-parents“, ajoute le spécialiste.

Le fait que les deux fêtes se soient déroulées en extérieur reste, cependant, plus encourageant que si elles avaient eu lieu en intérieur. “C’est le seul point favorable. C’est un peu moins dangereux en extérieur, mais ça reste dangereux malgré tout“, commente Yves Van Laethem.

Ixelles : la police intervenue pour un rassemblement de plusieurs centaines de fêtards aux abords de Flagey

Anderlecht : un rassemblement de 500 personnes sur un terrain vague samedi soir

C’est quelque chose qui fait un peu peur

C’est beaucoup, ces deux manifestations. J’espère vraiment qu’elles ne vont pas se répéter. On n’est pas devant la bonne cause pour laquelle il y a eu une manifestation il y a quelques temps, avec malgré tout une majorité des gens qui étaient masqués, probablement plus silencieuse et plus calme que celles d’hier, où le fait de chanter, de festoyer, propulse justement des gouttelettes autour de soi“, explique Yves Van Laethem. “C’est quelque chose qu’on ne voudrait pas revoir, et qui fait un peu peur“.

Le virologue conseille aux personnes ayant participé à ces rassemblements de “vérifier dans les quinze jours qui viennent qu’elles n’ont pas de manifestation de type grippal, qu’elles n’ont pas de troubles du goût ou de l’odorat, et au moindre problème de contacter leur médecin-traitant. Si dans les quinze jours qui viennent elles doivent côtoyer des personnes plus à risque, elles doivent prendre vraiment leurs précautions, bien se laver les mains et porter un masque, car elles pourraient être porteuses asymptomatiques, et ce serait dommage de le passer à quelqu’un qui en payerait le prix“.

Quant à un éventuel reconfinement à cause de ces pratiques à risque, “il ne faut pas reconfiner, ou uniquement localement s’il se passe des choses au point de vue de l’augmentation du nombre de cas et de la résurgence de la pathologie. Tant qu’il n’y a rien, on ne reconfinera pas. Mais il faut, pour éviter un processus qui pourrait mener à ces mesures, éviter de se laisser aller à des comportements à risque. Là, on est vraiment dans le prototype-même du comportement à risque“, conclut Yves Van Laethem.

ArBr – Photo : BX1

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21 juin 2020 - 14h42
Modifié le 22 juin 2020 - 07h10