Watermael-Boitsfort : la construction de logements sur le site du Chant des cailles n’est pas recommandée

Comment faire cohabiter des moutons, des légumes, des fruits et des habitations? Telle est la question à laquelle a tenté de répondre l’étude SAULE sur le site du Chant des cailles de Watermael-Boitsfort. Pour les chercheurs, la réponse est claire. La construction sur le site n’est pas conseillée mais par contre il est possible d’augmenter le nombre de logements à l’échelle du quartier.

SAULE (pour symbiose agriculture urbaine, logement, environnement) est un projet de co-création lancé en 2017, financé par Innoviris, réunissant des citoyens, des professionnels de l’agriculture urbaine, des chercheurs, des spécialistes de l’information sociale et des urbanistes.

Depuis plusieurs années, s’est développé sur ce site un projet d’agriculture urbaine avec une ferme, la culture des fruits et légumes et de plantes aromatiques. On trouve aujourd’hui 55 variétés de fruits et légumes et 42 brebis qui produisent du lait et de la viande. Le site emploie 15 personnes et nourrit environ 300 personnes.

En 2013, le gouvernement bruxellois décide de programmer la construction de 80 logements publics sur le site ce qui provoque la colère des habitants de Watermael-Boitsfort. En 2016, la SLRB ( la société de logements publics de la Région bruxelloise) a entamé une étude de planification. Et en décembre 2016, vu la pression locale, le gouvernement bruxellois de l’époque décide de mener l’étude SAULE. Le projet est gelé en attendant les conclusions.

Maintenir une symbiose

L’étude vient enfin de se terminer. Selon le document, il est possible de maintenir les activités agricoles du site mais la construction de logements doit se faire ailleurs. En effet, la Région bruxelloise dans le cadre du plan Good Food souhaite développer l’agriculture urbaine. 30% de la nourriture doit être produite à Bruxelles en 2030 mais pour le moment 0,1% des fruits et légumes consommés par les Bruxellois sont cultivés dans la capitale.

Pour les chercheurs, la ferme peut évidemment jouer un rôle dans la réussite de ces objectifs. La ferme pourrait se développer à son rythme en proposant aussi des activités pédagogiques. Son ouverture sur le quartier jouerait un rôle social important notamment pour les habitants des cités-jardins du Logis et de Floréal.

Pour se faire, la construction de logements même sur un tiers du site pourrait être problématique. SAULE propose donc de relever les bâtiments des blocs John Eggericx. Cela permettrait d’augmenter de 36 à 48 unités le nombre d’habitations. En plus, l’étude propose d’accélérer la rénovation de la centaine de logements sociaux toujours vides dans les cités-jardins, de construire du côté de Tritomas mais uniquement sur l’avenue de la Houlette afin de préserver le terrain de sport et de réaliser une dizaine de logements à Tritons-Nymphes. Toutes ses habitations seraient donc en dehors du périmètre du PPAS (plan particulier d’affectation du sol) lancé par la commune afin de protéger le site de la ferme.

Une décision politique

Le bourgmestre Olivier Deleuze (Ecolo) a quant à lui été toujours très clair. Lui bourgmestre, jamais le Chant des cailles ne sera construit. La rénovation du bâtiment Hector Denis ainsi que la construction des logements communaux semblent suffisants. Il faut aussi intégrer ces nouveaux habitants au quartier avant de penser construire d’autres logements sociaux. De plus, Watermael-Boitsfort est déjà la commune qui compte le plus de logements sociaux sur son territoire (20%). Des logements moyens devront aussi être aménagés.

A présent, le gouvernement bruxellois va pouvoir réétudier le projet.

Vanessa Lhuillier – Photo: BX1