Rajae Maouane : “J’ai pris la parole pour les anonymes qui ne peuvent dénoncer ces insultes racistes et sexistes”

Rajae Maouane, co-présidente d’Ecolo, a répondu aux questions de Fabrice Grosfilley dans Toujours + d’Actu, ce jeudi.

Rajae Maouane est d’abord revenue sur le témoignage de l’eurodéputée allemande Pierrette Herzberger, victime de violences policières à la gare de Bruxelles-Nord, alors qu’elle filmait l’interpellation de deux personnes noires dans la gare. “Elle a eu raison d’en parler devant le Parlement européen, pour qu’il y ait une prise de conscience collective qu’il y a parfois un problème avec la façon dont sont traitées les personnes d’origine étrangère. La façon dont ils subissent des contrôles répétés”, explique-t-elle.

Concernant la réponse du commissaire général de la police fédéral qui affirme qu’il n’y a pas de racisme structurel au sein de la police belge, Rajae Maouane explique que “la hiérarchie protège ses équipes et c’est normal”. “Beaucoup de policiers belges sont professionnels et essaient de protéger la population du mieux qu’ils peuvent. Après, il y a des problèmes de racisme, de sexisme dans les équipes, il n’y a pas assez de diversité. On doit trouver des réponses à ces défis colossaux”, ajoute-t-elle. “Depuis le meurtre de George Floyd, ce fait tragique a permis d’amener cette question du racisme au cœur du débat médiatique et de l’agenda politique. Personnellement, j’ai aussi été victime d’insultes racistes et sexistes. Et si j’ai pris la parole, ce n’est pas pour moi, mais pour les personnes anonymes qui n’ont pas la chance de dénoncer publiquement ce genre d’insultes et de remarques qu’elles subissent.” Elle explique avoir porté plainte contre les derniers messages insultants reçus et dénoncés dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux.

“Certaines statues peuvent être enlevées”

La co-présidente d’Ecolo rapporte que la Belgique s’est engagée depuis 2001 à la création d’un plan interfédéral contre le racisme, un plan que la Première ministre Sophie Wilmès (MR) a promis de mettre sur la table dans un futur proche. “L’éducation doit jouer un rôle crucial”, explique-t-elle. “On doit pouvoir assumer la pluralité de nos mémoires, c’est pour cela qu’on plaide pour un musée des migrations, pour qu’on puisse prendre conscience de notre histoire.”

Sur le débat autour des statues du passé colonial, Rajae Maouane confirme que “certaines statues” peuvent être enlevées, “on ne doit pas totalement effacer le passé colonial, mais on peut aussi débaptiser des rues et les mettre au nom de femmes, comme à Etterbeek”.

Enfin, sur la situation des négociations au fédéral, l’élue molenbeekoise estime que la proposition du MR, de l’Open VLD et du CD&V “sonne comme on prend les mêmes et on recommence. Ce sont les trois partis qui ont perdu les élections qui s’occupent des négociations”. Elle acte “que la N-VA n’est pas le partenaire le plus fiable” pour d’éventuelles négociations.

■ Interview réalisée par Fabrice Grosfilley dans Toujours + d’Actu.