Le secteur du tourisme demande un plan de relance en urgence
Comment ramener les touristes dans la capitale ? Le secteur craint que la vraie reprise ne soit pas pour cet été. Le taux d’occupation des hôtels pour juillet et août est pour le moment estimé à 10%. Un plan de communication est sur les rails mais le secteur crie à l’aide.
Le tourisme à Bruxelles dépend à 85% de l’international, en particulier du tourisme de congrès. Or celui-ci n’est pas prêt de reprendre. “C’est à partir de septembre que la reprise est attendue“, a indiqué Rudi Vervoort (PS), le ministre-président bruxellois ce jeudi midi dans l’émission Toujours + d’Actu sur BX1+.
La moitié du chiffre d’affaires des hôtels provient de ce type de déplacements. Or, pour le moment et même depuis mi-février, le nombre de voyages d’affaires est réduit à néant.
Quant au tourisme de loisir, là aussi, les craintes restent grandes dans un secteur qui a déjà beaucoup souffert. Même si les frontières seront à nouveau ouvertes à partir du 15 juin, pas sûr que les touristes étrangers choisissent en priorité Bruxelles.
L’enjeu pour l’été est donc d’attirer les touristes wallons et flamands dans la capitale, explique encore Rudi Vervoort : “Sur le plan du tourisme international, on a peu d’illusion pour cet été, même si les frontières sont rouvertes. Mais on table sur le fait que beaucoup de Belges restent en Belgique et que Bruxelles peut être une destination attractive.”
Pour cela, le gouvernement bruxellois s’est mis d’accord sur la création d’un groupe de travail intra-régional “Bruxelles en vacances” en vue de coordonner et de soutenir les différentes initiatives de transformation de l’espace public. Perspective.brussels devra faire l’inventaire des espaces qui peuvent être utilisés à des fins récréatives et le communiquer à Visit.brussels qui elle-même, pourra ainsi informer les organisateurs à la recherche de lieux.
Une campagne de communication sera également réalisée pour attirer le tourisme intrabelge, afin de permettre au secteur de passer au mieux l’été bruxellois. Visit.brussels a élaboré un plan de communication assez complet afin d’attirer les visiteurs sans l’organisation du Brussels summer festival ou de Bruxelles-les-bains. Sous le slogan “Visit us, Visit Brussels”, la campagne doit partir des gens avec comme objectif de proposer aux visiteurs, une vie à la bruxelloise, de préférence avec une nuit passée dans la capitale. Certains pass pour les visites de musées seraient par exemple plus intéressants financièrement sur 48h que sur une seule journée.
> Les boutiques de souvenirs du centre-ville gardent leurs rideaux fermés
En plus de la campagne de communication, un vrai plan de relance du secteur avec des aides économiques pour les professionnels (fonds pour acheter les produits liés à l’hygiène, aide pour le numérique, soutien pour les investissements technologiques ou le secteur de l’événementiel…) se trouve dans les cartons de Visit.brussels. Discuté ce jeudi matin en gouvernement, il a été décidé de le renvoyer en inter-cabinets afin de le peaufiner pour le remettre à l’ordre jour du gouvernement de la semaine prochaine. Un délai qui paraît bien long aux professionnels qui ont déjà connu de longs mois de fermeture.
Actuellement, le taux d’occupation dans les hôtels bruxellois n’est que de 1,5% alors que la majorité des établissement est fermée. Pour l’été, ils estiment que le taux pourrait monter à 15% maximum. Or, pour être rentable, un hôtel doit avoir un taux d’occupation de minimum 60%. Le secteur estime que 30% des établissements pourraient faire faillite s’ils ne reçoivent pas une aide financière très rapidement car cette crise pourrait bien se prolonger pendant des mois. Il n’est pas certain qu’à la fin de cette année, le taux d’occupation atteigne le seuil de rentabilité.
Certains établissements préféreront peut-être rester fermer dans ces conditions. “Nous sommes un des secteurs qui souffre le plus, commente Rodolphe Van Weyenbergh, secrétaire général de la Brussels Hotels Association (BHA). Nous attendons des mesures fortes de la part du fédéral et du régional. Que ferons-nous lors du prochain sommet européen si les hôtels ne rouvrent pas? Le fédéral et la Région veulent-ils sauver le rôle international de Bruxelles? Je crois que dans les Ardennes et à la Côte, le secteur pourra s’en sortir mais l’hôtellerie des villes a été oubliée.”
Vanessa Lhuillier avec S.Rng -Photo: Belga/Nicolas Maeterlinck