Les experts présentent quatre scénarios pour le déconfinement : assouplir avant avril serait imprudent

Le premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) organisait une conférence de presse cette après-midi. Les experts y ont présentés quatre scénarios basés sur des modélisations mathématiques des universités d’Anvers et d’Hasselt sur l’évolution des hospitalisations dans le pays en fonction du moment des assouplissements et de la contagiosité des variants ont été présentés. L’une des conclusions est qu’il faudra surveiller l’évolution des variants dans les trois à quatre prochaines semaines. Et qu’il vaudrait mieux attendre le mois d’avril pour entamer le déconfinement. 

Selon les estimations actuelles, la contagiosité du variant britannique serait supérieure de 50% par rapport aux souches traditionnelles du coronavirus, a souligné le professeur Nicolas Franco, chercheur en mathématique à l’UNamur. Cependant, cette estimation comporte encore “une grosse marge d’erreur“. C’est pourquoi pour chaque scénario présenté, trois options sont retenues: une contagiosité supérieure de 30%, de 50% et de 70% dans le pire des cas.

Quatre scénarios

Premier scénario : maintien des mesures actuelles dans les prochains mois. On peut observer dans le cas le plus défavorable, “une petite 3e vague venant de l’augmentation du variant britannique“, a pointé le professeur Franco.

Deuxième scénario : si les contacts augmentent au 1er mars, avec une levée des mesures simultanées pour retomber à la même situation que septembre, on constate plusieurs problèmes. “Le scénario le plus probable montre une augmentation assez forte des hospitalisations“, comme lors des deux précédentes vagues. Le scénario du pire dépasse lui clairement la capacité des hôpitaux.

Troisième scénario : si on prend la même hypothèse de redémarrer comme en septembre non pas en mars mais en avril, on voit que les courbes “sont beaucoup plus gentilles“, a-t-il ajouté. Celle qui estime que le variant est 50% plus contagieux est davantage “sous contrôle“, du fait notamment d’une campagne de vaccination beaucoup plus avancée.

Quatrième scénario : il imagine l’hypothèse d’un relâchement seulement au 1er mai, la situation apparaît, même dans le pire des scénarios, “sous contrôle complet”, ce qui “donne de bonnes perspectives” pour les mois de mai, juin et de l’été, estime le chercheur de l’UNamur.

Ces modèles mathématiques, qui se basent notamment sur les informations concernant les contacts sociaux, comportent cependant des incertitudes, insiste Nicolas Franco. Différents facteurs pourraient encore influencer les choses, dont une plus grande proportion des hospitalisations et des décès qui seraient liés au variant britannique, ou encore l’impact de la saison, qui pourrait lui avoir un effet bénéfique.

Surveiller l’évolution des variants

Pour le scientifique, il faut donc “surveiller dans les trois à quatre semaines à venir l’évolution” des variants dans le pays. Le moment où le risque d’une troisième vague diminuera fortement en Belgique n’est pas “demain ou la semaine prochaine” mais “il n’est plus très loin“, a poursuivi le Premier ministre Alexander De Croo. “Rester prudent en mars ne veut pas dire que rien n’est possible“, a-t-il toutefois indiqué, sans donner davantage d’informations sur les décisions attendues à l’issue du Comité de concertation prévu vendredi.

Belga 

►Reportage de Jim Moscowics, Anna Lawan et Corinne De Beule

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22 février 2021 - 19h00
Modifié le 22 février 2021 - 19h32