Catalogne : Puigdemont prêt à rencontrer Rajoy à Bruxelles ou dans un autre état européen

Carles Puigdemont, le président déchu du gouvernement catalan, a salué depuis Bruxelles une victoire des indépendantistes lors des élections régionales en Catalogne. Avec près de 99% des bulletins dépouillés, les trois partis indépendantistes sont dotés de la majorité absolue au parlement, bien que le parti anti-indépendance Ciudadanos soit le premier parti avec 37 élus (25,32%).

Le Premier ministre espagnol Mariano “Rajoy a perdu le plébiscite qu’il cherchait”, et le fait que le camp indépendantiste reste majoritaire est “une claque”, a jubilé M. Puigdemont devant un petit parterre de militants indépendantistes catalans et de sympathisants nationalistes flamands réunis dans une salle du centre de Bruxelles.

Carles Puigdemont a relevé que la victoire était d’autant plus notable alors qu’elle s’inscrit dans une “situation exceptionnelle”, en raison de candidats privés de liberté et d’un gouvernement en exil. Le premier ministre espagnol “Rajoy a perdu le plébiscite qu’il souhaitait”, a poursuivi le Catalan. Il a estimé que l’article 155 de la constitution espagnole, évoqué pour destituer l’exécutif régional et dissoudre le parlement, devait être suspendu “dès demain même” .

47,6% des votes catalans

Par le jeu des pondérations de voix profitant aux régions rurales où ils sont bien implantés, les indépendantistes ont la majorité au parlement sans avoir la majorité des voix : 47,6 % des Catalans ont voté pour ces formations, mais 52 % contre. C’est un score semblable à celui de 2015. Les électeurs catalans, qui ont battu avec près de 82% de votants le record historique de participation dans la région, ont toutefois désigné comme première force politique de la province le parti libéral anti-indépendance Ciudadanos, qui obtient 37 sièges.

À moins qu’ils ne parviennent pas à s’entendre pour former une coalition, les indépendantistes reprendront les commandes de la région que le gouvernement de Madrid leur avait retiré en invoquant pour la première fois l’article 155 quand ils ont proclamé une indépendance mort-née.

M. Puigdemont s’exprimait au Square-Brussels Meeting Centre, près de la Grand-Place et de la Gare Central, entouré des quatre anciens ministres du gouvernement catalan qui se trouvent également à Bruxelles depuis près de deux mois. Depuis Bruxelles toujours, un porte-parole de la Commission européenne a réagi indiquant que la position de l’exécutif européen ne changerait pas sur la Catalogne après les élections régionales. “S’agissant d’une élection régionale, nous n’avons pas de commentaire à faire”, a indiqué à l’AFP Alexandre Winterstein.

“Je suis prêt à rencontrer M. Rajoy à Bruxelles ou dans n’importe quel autre état européen”

L’ancien président du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, s’est dit prêt vendredi à rencontrer le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, “dans n’importe quel Etat membre de l’Union européenne”, en dehors de l’Espagne et une fois les résultats de l’élection reconnus. Il tenait une conférence de presse à Bruxelles, au lendemain de la victoire des partis indépendantistes aux élections régionales convoquées par Madrid.

“Je suis prêt à rencontrer M. Rajoy à Bruxelles ou dans n’importe quel autre état européen”, sauf l’Espagne, a déclaré Carles Puigdemont, en exil en Belgique car poursuivi en Espagne pour avoir proclamé l’indépendance de la Catalogne. Le Catalan a souligné avoir toujours été prêt au dialogue. Mariano “Rajoy a tout essayé: la violence, sauf s’asseoir et entamer un dialogue”, a-t-il asséné.

“Ce scrutin nous donne encore plus de légitimité, j’espère qu’il (M. Rajoy, ndlr) est prêt à nous écouter à présent.”

Sur la possibilité qu’il rentre en Espagne, où il est poursuivi notamment pour rébellion et sédition, crimes pour lesquels il encourt jusqu’à 30 ans de prison, M. Puigdemont a répondu qu’il demandait “juste que le gouvernement espagnol nous respecte. C’est ça la garantie. S’ils respectent la démocratie, je peux rentrer demain”.

La liste menée par Carles Puigdemont a remporté 34 sièges au parlement régional. Le parti Esquerra Republicana de Catalunya (ERC, gauche républicaine) d’Oriol Junqueras, ancien vice-président du gouvernement régional espagnol et toujours en détention, arrive juste derrière, avec 32 sièges. Avec les quatre élus du parti d’extrême gauche CUP, ils totalisent 70 députés, soit une majorité absolue dans le parlement de 135 sièges.

Les Catalans, qui ont battu avec près de 82% de votants le record historique de participation dans la région, ont ainsi accordé jeudi 47,6% des voix aux indépendantistes et près de 52% des suffrages aux partis défendant l’unité de l’Espagne.

La loi électorale catalane prévoit un système de pondération des voix qui avantage les provinces rurales, où les indépendantistes sont très implantés, d’où leur victoire en sièges au parlement régional.

Avec Belga – Photo : Belga/Thierry Roge

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22 décembre 2017 - 13h00
Modifié le 22 décembre 2017 - 13h46