La prochaine prime énergie du fédéral pourrait revenir à une part des ménages plus large que prévu
Qui aura finalement droit à la prochaine « prime énergie » promise par le gouvernement fédéral ? La question se pose toujours alors que cette prime doit être versée en fin d’année, sous forme de déductions sur vos factures de gaz et d’électricité.
La mesure a été annoncée le 16 septembre dernier : comme la précédente prime de 100 euros, cette nouvelle prime énergie sera distribuée à certains ménages belges sous forme d’une déduction forfaitaire sur les factures des deux derniers mois de l’année. Soit 135 euros par mois sur les factures de gaz et 61 euros par mois sur les factures d’électricité.
Des conditions sont donc prévues pour savoir qui pourra bénéficier de cette prime, censée aider les personnes “à faibles et moyens revenus”. Ceux qui bénéficient du tarif social (soit près de 930 000 personnes pour l’électricité et près de 575 000 personnes pour le gaz) n’auront pas droit à cette aide, pas plus que les personnes qui sont sous un contrat fixe signé avant le 1er octobre 2021. Cette aide sera aussi décomptée via la déclaration d’impôts pour les personnes qui touchent plus de 62 000 euros net par an pour une personne isolée, 125 000 euros pour un couple, un montant auquel il faut ajouter 3 700 euros par personne à charge.
Près de 70% des ménages concernés
Mais selon plusieurs économistes interrogés par le quotidien L’Écho, les calculs menés par le fédéral autour des revenus et des déciles font que quasiment tous les Belges risquent de bénéficier de ces primes. On serait donc loin de la mesure ciblée évoquée.
Pour rappel, les déciles représentent la distribution de l’ensemble des revenus de la population belge en dix parties égales. Cela signifie que le 1er décile représente le salaire au-dessous duquel se situent 10% des salaires, le 2e décile représente le salaire au-dessous duquel se situent 20% des salaires, etc. Le 5e décile correspond ainsi au revenu médian belge, qui est actuellement de 37 373 euros net imposable par an pour une personne isolée.
Mais selon L’Écho, vu que le revenu net imposable correspond au revenu brut sans les cotisations ONSS, ni les dépenses professionnelles déductibles, et que les avantages extrasalariaux sont justement nombreux en Belgique, la mesure ciblée du gouvernement fédéral permettrait à toutes les personnes au-dessus du 2e décile (ceux en bas sont concernés par le tarif social) jusqu’au 9e décile, voire 10e décile d’obtenir les primes énergie. Soit près de 70% de la population belge. Ce qui coûterait des dizaines de millions d’euros à l’État belge.
Y aurait-il d’autres méthodes pour mieux cibler les ménages qui ont le plus besoin de cette prime ? La question se pose, car tout le monde n’a pas la même consommation énergétique, la prime aidera différemment une personne avec un revenu du 3e décile qu’avec un revenu du 9e décile, certains ménages ont des panneaux photovoltaïques, certains sont mieux isolés, etc.
Le SPF Finances indique que « le travail est en cours », sans plus de précision, mais selon L’Écho, qui cite une source proche d’un cabinet ministériel, ce travail serait un « casse-tête ».
Bref, les discussions sont toujours en cours pour trouver méthode équitable de redistribution. Mais dans ce contexte de crise, cela s’annonce urgent.
■ Une chronique de Grégory Ienco dans Le 12h30.
Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck