Le gouvernement bruxellois doit se positionner sur la tenue d’un débat sur la 5G

Le gouvernement bruxellois se penche actuellement sur la tenue d’un débat public sur l’installation de la 5G dans la Région. “Le gouvernement doit se positionner rapidement et nous devons apaiser le débat”, a déclaré le ministre de l’Environnement, Alain Maron (Ecolo).

Pendant le confinement, Proximus a décidé d’imposer de manière assez volontariste la mise en place d’une “5G light” dans certaines communes de Flandre et de Wallonie.

Proximus lance la 5G dans plus de 30 communes dont certaines autour de Bruxelles

Cette annonce n’a pas fait que des heureux, surtout en Wallonie où plusieurs communes se sont opposées au déploiement de la 5G. A Bruxelles, comme certaines antennes se situent à proximité de la frontière régionale mais du côté de la Flandre, Forest et Uccle ont demandé un moratoire sur la 5G.

Forest demande un moratoire sur le déploiement de la 5G

“C’est un dossier extrêmement sensible et il est bon de poser calmement les choses pour avoir un vrai débat qui prend en compte tous les aspects, a commenté Alain Maron lors de la commission Environnement, suite aux nombreuses questions des députés. Nous avons vu que l’annonce de Proximus de lancer une 5G light, qui est en réalité une 4G plus, a fait réagir. Personnellement, je l’ai appris par la presse. Proximus avait demandé à Bruxelles Environnement si l’agence pouvait les contrôler et quelles étaient les mesures en Région bruxelloise, mais ensuite, ils n’ont plus jamais donné de nouvelles.”

Prendre en compte tous les aspects

A Bruxelles, comme dans le reste du pays, la question du déploiement de la 5G reste très sensible.Voici quelques années, Bruxelles avait imposé la norme de 3 volts/m pour les émissions des antennes avant de passer à 6 volts/m, soit 50 fois moins que la norme recommandée par l’OMS. Cette décision rend le développement de la 5G très complexe dans la capitale.

Le MR a proposé de passer à des émissions de 14,5 volts/m afin de permettre le développement de la technologie tout en créant un fonds pour la santé. Pour les libéraux, Bruxelles ne peut être la capitale de l’Europe sans faire partie des villes qui testeront la 5G en Europe. Le secteur des télécoms représente un important poids économique et cette nouvelle technologie permettrait aussi de développer d’autres secteurs comme les opérations à distance dans le médical.

“Ce n’est pas si évident de décider d’augmenter une norme, précise Alain Maron. Personne ne souhaite renier le principe de précaution. Il faut aussi tenir compte des impacts économiques, environnementaux et sur la santé des citoyens avant de donner le feu vert. Ma mission, c’est d’être très attentif à tous les aspects. C’est pour cela que je pense qu’un débat public doit être organisé. Pour cela, des inter cabinets ont été lancés cette semaine afin de voir si on organise un débat public et comment nous le faisons. Je pense que le gouvernement bruxellois doit se prononcer assez vite sur le sujet. Nous devons poser le cadre et utiliser les études scientifiques sur la question.”

Pas de licence actuellement

Si la Région bruxelloise est compétente en matière de normes environnementales et d’urbanisme, elle ne l’est pas pour l’octroi des licences d’exploitation de la 5G. Seul un gouvernement fédéral de plein exercice l’est. “Nous n’allons pas nous opposer à la délivrance de licences 5G provisoire, ajoute le ministre. A condition que les normes d’émissions soient respectées. Pour le moment, Bruxelles Environnement a contrôlé les radiations à proximité des antennes situées à la frontière régionale et l’agence ne constate pas de dépassement.”

Alain Maron ne compte pas non plus s’opposer aux zones de test si cela se fait dans le respect des normes régionales. “Mais n’oublions pas le débat! Des médecins et des citoyens ont interpellé sur le sujet. Forest et Uccle ont demandé un moratoire. Woluwe-Saint-Lambert a demandé qu’on ne développe pas la 5G durant le confinement. Ixelles réclame une consultation. Evere aussi et la conférence des bourgmestres a écrit pour qu’on impose une enquête publique.” Demain, lors du conseil communal jettois, une interpellation d’un conseil écologiste demande aussi le refus des permis d’urbanisme et d’environnement si aucun débat public n’a été organisé sur la 5G.

Reste à présent à savoir quel sera le discours du gouvernement bruxellois. En effet, voici quelques mois, le ministre de l’Emploi et des Pouvoirs locaux, Bernard Clerfayt (DéFi) et le ministre de l’Environnement, Alain Maron, n’étaient pas totalement sur la même longueur d’onde, l’un voulant le développement de la technologie beaucoup plus rapidement. Il faudra voir s’il y a toujours de la friture sur la ligne.

Pour aller plus loin : Le face à face sur la 5G à Bruxelles avec Alain Mugabo, échevin à Forest et Dominique Demonté, directeur général d’Agoria

Vanessa Lhuillier – Photo: Belga/Antony Gevaert