Le chèque de relance de la consommation laisse les économistes sceptiques

Samedi, le Kern élargi aux 10 partis, a voté une série de mesures pour relancer l’économie belge suite au confinement. Parmi les décisions, on retrouve la mise en place d’un chèque à la consommation de 300 euros que les travailleurs pourraient dépenser dans les restaurants ou les institutions culturelles. Une mesure qui laisse les entreprises assez dubitatives.

L’économie repart tout doucement pour les entreprises bruxelloises au fil du déconfinement. Selon la dernière enquête de Beci, la perte de chiffre d’affaires est moins forte que lors des premières semaines. A Bruxelles, pour la semaine du 26 mai, les entreprises estiment la réduction de leur chiffre d’affaires à 24%.

Evidemment, cette réalité est très différente selon les secteurs. L’horeca ou le secteur culturel affichent toujours une diminution de leurs recettes de quasiment 100%. Par contre, à part le secteur du transport, tous les autres affichent des pertes moindres. L’alimentaire annonce même retrouver son chiffre d’affaires.

L’inquiétude mesurée aussi par Beci, SNI, Unizo, l’UWE et le Voka indiquent que les entrepreneurs commencent à être moins inquiets à l’exception de l’horeca et de l’événementiel. 8 % des entreprises interrogées indiquent aussi qu’une faillite est probable ou très probable. Ce pourcentage reste plus élevé dans le secteur des arts, spectacles et services récréatifs (24 %), l’horeca (20 %) et augmenté dans le secteur du transport et du stockage (19 %).

“Je n’ai pas bien compris le sens de la mesure”

Alors face à ces chiffres, les mesures de relance de l’économie semble être indispensables mais le chèque à la consommation d’une valeur de 300 euros laisse sceptique. ” Je n’ai pas bien compris le sens de la mesure, ironise Olivier Willocx, administrateur délégué de Beci. Ces chèques vont pouvoir être achetés par des entreprises qui vont bien et qui vont donc les offrir à du personnel qui n’a pas perdu son emploi. Si c’est ça une grande mesure de relance de la consommation en suivant les principes de la politique keynésienne, je suis sceptique. Cela ressemble plus à de l’optimisation fiscale.”

Pour les entreprises, ces chèques iront dans la poche de consommateurs qui auraient de toute manière été manger au restaurant ou voir un spectacle. “Je ne pense pas que les sociétés se ruent dessus et j’estime qu’elle risque de faire plouf, poursuit Olivier Willocx. La baisse de la TVA à 6% pour la restauration va aussi profiter au consommateur et peut-être au patron. Mais cela va dépendre de la réaction de la clientèle. Va-t-elle attendre avant de retourner au restaurant ou alors y aura-t-il des files d’attente? Dans le premier cas, la mesure n’aura pas d’impact et dans le second très peu également puisque la demande sera là de toute manière.”

Une réforme des charges sociales

Pour la chambre de commerce de Bruxelles, une réforme des charges sociales serait une meilleure option. Elle permettrait de régulariser le personnel qui travaille souvent sans contrat ou avec seulement un temps partiel. “Nous avons calculé que cela ne déforcerait pas la sécurité sociale car une fois que les gens sont déclarés, ils le restent. Par contre, il faut multiplier les contrôles de l’ONSS en même temps et faire que la mesure dure au moins quelques années.”

Du côté de Comeos, le représentant de la grande distribution, on se dit satisfait par les mesures décidées mais concernant le chèque consommation, on semble un peu dubitatif. Combien seront-ils réellement distribués? Pour les acteurs de terrain, la mesure semble donc sympathique mais un peu cosmétique.

Vanessa Lhuillier – Photo: BX1