“En cas de crise, on trouve des ressources insoupçonnées”
En seulement quelques heures, les initiatives de solidarité se sont multipliées sur les réseaux sociaux. Les groupes sont nombreux et les propositions affluent. Voici un petit tour d’horizon de ce qui existent actuellement.
Dès l’annonce faite par la Première ministre Sophie Wilmès de fermer les magasins et de limiter les déplacements au maximum, Jehanne Bergé a eu l’idée de créer un groupe reprenant toutes les propositions d’aides sur le groupe Facebook Solidarité Solidariteit Brussels Bruxelles Coronavirus. “J’ai eu rapidement des réactions et nous sommes à présent 8 administratrices à gérer la page. On s’est tout de suite rendu compte que les gens allaient avoir besoin les uns des autres.”
En quelques heures, les demandes ont afflué. Les questions étaient également extrêmement diversifiées. A l’heure actuelle, le groupe a 6.723 membres et près de 370 postes ont été publiés. Afin de rendre les informations plus claires, des sous-groupes ont été mis en place par communes et selon le type de sujets. Il existe ainsi des postes pour les courses, la garde des animaux en cas d’hospitalisation ou la promenade, la confection de masques en tissu, les initiatives culturelles, les listes de séries, podcasts ou livres à recommander. Ce soir seront mis en ligne des groupes pour les questions liés au travail, aux restaurants, à l’organisation de maraude pour les personnes sans-abri ou encore le dépôt de nourriture.
“Nous voulons aussi sortir de la sphère internet car de nombreuses personnes âgées ne sont pas connectées, ajoute Jehanne Bergé. Nous avons mis à disposition des formulaires que les gens peuvent imprimer et mettre à leur fenêtre pour dire ce dont elles ont besoin. Ceux qui proposent leurs services peuvent aussi indiquer leur numéro de téléphone. Il faut être le plus concret et le plus local possible. La proximité sera la clé. En cas de crise, on trouve des ressources inespérées.”
Parmi les sous-groupes, on trouve ainsi une initiative pour la fabrication et la distribution de masques en tissu. Cela ne remplace pas les masques médicaux mais ils peuvent être une alternative. “Nous sommes 300 sur le groupe et nous recevons une quinzaine de demandes par heure, explique Jessie Le Gac. Nous avons aussi des discussions sur la manière de les fabriquer ou encore le type de tissus à utiliser. Si le grand public utilise ce type de protection, les autres peuvent être redonnés au personnel soignant qui en manque actuellement.”
Des aides pour les courses alimentaires
Il y a aussi des sites internet qui se mettent en place pour faire les courses alimentaires pour les personnes les plus fragiles. On retrouve ainsi le site Covid-solidarity.org qui proposent des listes de courses à afficher sur sa fenêtre ou à mettre dans les boîtes aux lettres de ses voisins.
A Ganshoren, Chantal vit seule. Elle a 59 ans et d’importants soucis de santé. Elle n’a plus de famille et se retrouve particulièrement isolée. “Mes amis ont tous des petits enfants et moi je suis en rémission. J’ai été très touchée de voir cet élan de générosité. Après mon annonce, une dame a rapidement pris contact avec moi. Elle va pouvoir aller faire mes courses ce qui me rassure. Je ne me voyais pas sortir et attendre longtemps à la caisse d’un supermarché. Ne pas se sentir seule est essentiel car je crois que la solitude peut tuer tout autant que l’isolement.”
Delhaize a également décidé de créer des heures pour les personnes de plus de 70 ans.
Des sites pour les enfants
Pour les parents, devoir faire l’école à la maison et occuper les plus jeunes demandent de l’organisation et de l’imagination. Là aussi, les sites se sont multipliés en quelques jours. Groupe de Entraide pédagogique-ressources est l’un d’entre eux. Sur la page, on retrouve des jeux éducatifs en ligne ou à fabriquer, des conseils pour aider à l’apprentissage ou encore des petites vidéos de spectacles pour enfants. Les plus jeunes sont aussi appelés à contribution en faisant des dessins et en les envoyant par mail à des maisons de repos. Celles-ci les impriment et les mettent dans les homes où les seniors ne peuvent plus recevoir de visites.
Sur le site Solidair, on retrouve également un grand nombre de sujets sur la thématique de l’enseignement, de la psychologie pour apprendre aux enfants pourquoi ils doivent rester à la maison. Le site recense aussi des propositions de garde d’enfants.
En plus, on retrouve des idées de divertissements, des trucs et astuces pour rester zen durant cette période ainsi que des liens pour être mieux informé sur la maladie.
Dans les petits nouveaux, on retrouve aussi le groupe Et si on faisait un truc?. Ici, on peut s’inspirer de jeux, d’exercices pour les enfants selon leur âge, d’activités à faire comme des recettes de cuisine que les plus petits peuvent préparer. Il s’agit clairement d’une page plus ludique mais elle est aussi utile.
Aider les restaurateurs
Pour le secteur de l’Horeca, la période est plus que difficile. Certains établissements ont décidé de proposer des livraisons de repas à domicile mais ils doivent se faire connaître. Pour cela, Hugues, membre du groupe La Schaerbeekoise, a proposé de créer un site internet pour ceux qui veulent proposer ce service. Rapidement, il a reçu plusieurs demandes. Pour le moment, afin de tester le site, seul le L’s Coffee shop à Schaerbeek est proposé sur Restomove mais dans les jours qui viennent l’offre devrait être étendue. “Le but n’est pas d’en faire un site permanent mais bien d’aider les commerces locaux à ne pas mourir, précise Hugues, travailleur dans une banque. La livraison se fait au niveau du restaurant.”
Le site de Visit.brussels recense aussi tous les restaurants proposant un service de livraison à domicile.
Et la culture dans tout ça
Ce n’est pas parce que tous les lieux de divertissements sont fermés qu’il faut arrêter de se cultiver. Sur BX1, on a décidé de vous donner des idées de lectures, de séries à regarder ou encore des conférences ou des spectacles qui se donnent en streaming. Cela sera mis à jour régulièrement.
Sur les réseaux sociaux, les idées ne manquent pas non plus. Vous pourrez en trouver sur la page Culture en quarantaine. Elle reprend aussi les événements qui se déroulent sur la toile, propose des Facebook live avec des courts-métrages, des documentaires.
D’autres artistes sur Instagram notamment proposent aussi aux personnes de faire des dessins de leur quotidien avec comme projet de les publier ensuite façon cadavre exquis. On a par exemple, le dessinateur Joann Sfar qui a décidé d’ouvrir son atelier sur instagram. Il invite ses élèves à raconter leur quotidien en dessin. Pénélope Bagieu, autrice des Culottées propose d’imaginer sa “coronamaison”,son intérieur. La base du décor est fourni. Il ne vous reste plus qu’à le remplir et à le poster avec le #coronamaison.
D’autres ont inventé de nouveaux challenges pour inonder le web de musique. Le jeu est simple. Vous taguer un ami et vous lui donner une lettre. Lui doit mettre un morceau de musique qu’il aime et qui commence par cette lettre puis il tague quelqu’un d’autre. La chaîne est née.
Des initiatives de soutien envers le personnel soignant
Enfin, demain entre 19h et 19h30, les Bruxellois sont invités à se mettre à leur fenêtre avec un signe visible et à faire du bruit pour montrer leur soutien envers le personnel soignant. L’action a aussi pour but de soutenir les personnes seules, les plus précarisées comme cela s’est fait dans d’autres villes. Et dimanche, un autre flashmob est organisé : Brussels Solidarity Singing Flashmob. Cette fois,c’est entre 14h et 17h que les Bruxellois sont invités à chanter. Sur la page de l’événement, on retrouve des paroles de chansons et on peut aussi proposer ses envies pour faire de cet instant, un moment de joie et de solidarité.
A Schaerbeek, Aurélie De Coster, la fondatrice de La Schaerbeekoise, a reçu de nombreuses demandes de confection de masques en tissu. Sa société, Lilie dans les étoiles proposent toute sorte de produits réutilisables en tissu. “Les gens me disent que cela peut me faire un peu d’argent puisque mon activité est arrêtée. Je viens d’ouvrir mon point de vente mais depuis vendredi, j’ai décidé de fermer en prévention. Si je fabrique des masques, cela sera pour les donner au personnel soignant qui en a vraiment besoin. J’attends surtout les directives sur SPF santé qui n’arrivent pas.”
Et on n’oublie pas les exercices physiques
Pour certains grands sportifs se priver d’activités physiques est impossible et peut être aussi complexe que l’arrêt d’une assuétude. Les athlètes doivent continuer leur entraînement. Alors si courir est toujours possible si on le fait seul, des salles de sports proposent gratuitement des cours à distance. C’est notamment le cas de la salle Fitnastic située à Woluwe-St-Pierre, propose gratuitement des cours en vidéo tous les jours à 18h. Une bonne façon de continuer à faire travailler vos abdos.
Vanessa Lhuillier – Photo: Facebook