Élections 2024 : petits partis, grandes ambitions
A côté des partis traditionnels, une série de petites formations politiques -parfois anciennes, parfois nouvelles- tenteront également d’attirer le suffrage des électeurs lors du scrutin du 9 juin prochain. En voici l’inventaire par ordre alphabétique.
Agora
Cette formation a pour ambition de développer, à côté du système électoral classique, une participation citoyenne “sans filtre” aux travers d’assemblées composées de citoyens tirés au sort. Ces assemblées auraient la possibilité de proposer, d’amender ou d’abroger des décisions et ce au niveau local, régional mais aussi national. En plus de ces assemblées citoyennes, Agora veut aussi renforcer la participation des citoyens dans le processus décisionnel à travers l’instauration de référendums ou de préférendums (où plusieurs options sont proposées). Le parti ambitionne aussi de rendre les institutions politiques plus “transparentes et lisibles, accessibles et compréhensibles” pour les citoyens, renforcer le contrôle de l’action des gouvernements, et assurer une meilleure séparation des pouvoirs. Enfin, il souhaite mieux réguler les activités de lobbying et dépolitiser les recrutements dans la fonction publique et le système judiciaire. Représentée par un élu au Parlement bruxellois, elle ne s’y présente plus au prochain scrutin, mais à la Chambre
Anticapitalistes
D’inspiration trotskiste, la liste “Anticapitalistes” ne se présente qu’au seul scrutin européen, avec l’appui comme 3e effectif de Philippe Poutou, candidat à trois reprises à l’élection présidentielle française. Le parti a pour programme la “réduction drastique” du temps de travail accompagnée d’une augmentation des salaires, le démantèlement des industries”inutiles et nocives” comme celles de la défense, du luxe, de la publicité. Il entend aussi rompre avec l’Otan, le FMI ou l’OMC et ouvrir les frontières avec l’abolition des centres fermés et la régularisation de tous les sans-papiers. Enfin, “Anticapitalistes” veut désarmer et définancer les services de police, renforcer l’accès aux soins de santé et le droit à l’avortement et instaurer la gratuité des transports publics.
Blanco
Nouvelle offre politique, le parti Blanco n’a qu’un point unique à son programme électoral: l’ajout d’une option supplémentaire sur les bulletins de vote afin que les votes blancs exprimés lors des suffrages soient représentés à l’avenir par des sièges laissés vides dans les assemblées parlementaires. La formation conteste l’organisation actuelle des élections qui veut que les votes blancs ne soient pas pris en compte pour l’attribution des sièges. En 2019, on avait recensé près de 440.000 votes blancs pour le scrutin fédéral, soit 6,09% des suffrages exprimés. Si des candidats Blanco sont élus le 9 juin prochain, ceux-ci s’abstiendront lors de tous les votes parlementaires. Leur seul travail parlementaire visera à la concrétisation de leur unique point programmatique. Si celui-ci devait être réalisé, le parti promet de se dissoudre et de restituer sa dotation publique aux caisses de l’Etat.
B.U.B
Présent lors des élections depuis vingt ans déjà, Belgische Unie – Union Belgique (B.U.B) prône la restauration de la Belgique unitaire avec la suppression des Communautés et des Régions. L’Etat ne compterait dès lors plus qu’un seul et unique gouvernement, deux assemblées législatives (la Chambre et le Sénat). Les compétences régionales ou communautaires qui ne seraient pas reprises par le gouvernement central seraient confiées aux provinces. Le parti souhaite d’ailleurs le retour aux neuf provinces historiques, avec la restauration donc d’un Brabant unitaire et bilingue. Les autres axes programmatiques de B.U.B. sont fort généralistes, avec un refinancement de l’Etat belge, un plus grand soutien aux politiques d’éducation, une meilleure mobilité. Tout en plaidant pour que la Belgique retrouve un rôle moteur dans l’intégration européenne, le parti préconise toutefois depuis les manifestations des agriculteurs de ce début d’année pour le retour intégral de la compétence agricole dans le giron des compétences nationales, et non plus européennes.
Collectif citoyen
Né en 2019, Collectif citoyen est l’un des rares petits partis à avoir déposé des listes de candidats dans quasi toutes les provinces pour les élections fédérales, ainsi que dans un grand nombre d’arrondissements et à Bruxelles pour le scrutin régional. Faisant le constat d’une crise de confiance entre la société civile et le monde politique, le mouvement a pour ambition de renforcer la participation des citoyens aux décisions politiques, d’améliorer la transparence des institutions publiques, et d’assurer une justice plus efficace et équitable. Il entend aussi offrir à l’avenir de meilleurs soins de santé et revoir à cet effet le système de contingentement des praticiens. Il propose enfin de co-construire le système éducatif, et de mieux lutter contre la criminalité financière, la fraude ainsi que l’évasion fiscale.
L’Unie
Jeune formation politique créée par des jeunes, L’Unie a pour principale ambition de réunir les Belges “par-delà les divisions linguistiques et sociales du pays”. Le parti défend à cet effet la création d’une circonscription électorale fédérale et un retour à l’Etat unitaire par la refédéralisation des compétences régionales. Toujours dans cette logique d’unir les Belges, la formation propose de renforcer l’enseignement de la seconde langue nationale à l’école afin d’enraciner le bilinguisme dans la population. Dans cette même logique, l’Unie veut créer des échanges linguistiques entre Nord et Sud du pays pour les jeunes de 14 à 18 ans. En matière de fonctionnement étatique, le parti défend une simplification administrative et la réduction de la fiscalité. Outre un soutien à l’innovation, L’Unie veut également oeuvrer à l’autosuffisance énergétique de l’Europe grâce au développement des énergies renouvelables et du nucléaire. La formation est aussi favorable à la création d’une union européenne pour les achats militaires.
Lutte ouvrière
Formation d’inspiration trotskiste, Lutte ouvrière a pour ambition de faire de la Belgique une société communiste où “les travailleurs dirigeront la société en fonction des besoins de toute l’humanité”. Animé par une profonde idéologie anticapitaliste, ce parti a pour objectif central de mettre fin à l’exploitation des travailleurs par “les grands patrons, les actionnaires des banques et les grandes entreprises”. Sans points de campagne bien précis pour le prochain scrutin du 9 juin prochain, Lutte ouvrière dénonce de manière générale l’économie capitaliste animée, selon elle, par la seule recherche des profits, que ce soit aux dépens des travailleurs, de la santé ou de l’environnement. Sur la scène internationale, le parti s’oppose aux guerres, à l’impérialisme et à l’Otan.
Reprise en main citoyenne (RMC)
Ce mouvement entend renforcer la place des citoyens dans les processus de décisions politiques, grâce notamment à des référendums d’initiative citoyenne et la constitution d’assemblées composées de citoyens tirés au sort parmi la population. RMC prône par ailleurs le respect des libertés fondamentales, notamment la liberté totale d’expression et l’interdiction de toute forme de discrimination “religieuse, ethnique ou liée au statut vaccinal”. Il souhaite assurer une plus grande pluralité dans l’information grâce à un meilleur financement des médias indépendants et une lutte plus efficace contre la concentration du secteur. Le parti veut aussi combattre les “gaspillages d’argent public”, la corruption et l’évasion fiscale. Il préconise en outre une justice indépendante et une meilleure séparation des pouvoirs. La nature et les animaux devraient, selon lui, être considérés comme des sujets de droit afin de mieux préserver l’environnement. RMC veut enfin un meilleur financement de la culture et du sport, ainsi que du système de santé. Le parti entend dans ce domaine défendre la liberté thérapeutique de chacun, notamment vis-à-vis des médecines “naturelles”.
Volt
Présent dans plusieurs pays européens dont la Belgique, le parti Volt défend un programme paneuropéen visant à promouvoir une Europe plus participative, écologique et solidaire. Partisane d’une Europe fédérale, la formation estime que seule une action à l’échelle du Vieux continent permettra de relever les défis climatiques ou migratoires grâce à une collaboration qui transcendera les frontières européennes. Pour Volt, si l’on veut voir l’Europe peser davantage sur la scène globale, il convient de commencer par la mise en oeuvre d’une véritable politique commune en matière d’Affaires étrangères, mais aussi de défense. Le parti défend une hausse des investissements publics au bénéfice de la transition énergétique, notamment par le développement du nucléaire ou encore du transport ferroviaire. Volt prône aussi une réforme de la fiscalité, avec l’imposition d’un taux de TVA à 0% pour les produits sains, mais d’un taux relevé à 25% pour les produits nuisibles à la santé ou à l’environnement. Volt propose également des listes francophone et néerlandophone en Région bruxelloise. En Région-capitale, les listes sont classées par numéros. Elle prédéfinissent le groupe linguistique dans lequel elles se présentent. Cela peut se révéler important: le dispositif de représentation garantie des néerlandophones (17 sièges quel que soit le nombre d’électeurs) engendre un accès plus aisé à une représentation parlementaire aux listes inscrites dans le rôle néerlandais.
Dans le groupe francophone, on trouve:
Plan B
Né en 2018 pour les élections communales à Bruxelles-ville, ce parti s’était ensuite présenté aux régionales de 2019 en rassemblant 0,29% des voix. A nouveau candidate pour les régionales de 2024, la liste espère cette fois décrocher un premier élu, en la personne du Christophe Magdalijns qui a rompu avec DéFI à l’automne dernier. Plan B a élaboré en vue du scrutin un programme en 19 points, avec pour priorité l’assainissement des finances régionales fort dégradées ainsi qu’une “simplification drastique” des structures publiques. Le parti préconise ainsi un retour à l’équilibre budgétaire en cinq ans.
Transparence
Issue du mouvement Transparencia, le parti “Transparence” se présentera sur une liste francophone. Ce mouvement relaie les demandes d’accès aux informations détenues par les autorités publiques formulées par des citoyens. En créant une liste de laquelle il espère voir émaner une représentation parlementaire, il entend donner du pouvoir aux citoyens et aux collectifs qu’il a soutenus pendant plusieurs années. Côté néerlandophone, outre une liste PVDA, pendant néerlandophone de la liste PTB, qui avait ainsi déjà décroché un siège “néerlandophone” en 2019, on compte trois petites listes.
Team Fouad Ahidar
Cette liste porte le nom de l’ex-député bruxellois Vooruit, Fouhad Ahidar qui siège au Parlement bruxellois depuis 2004. Celui-ci avait dû démissionner de la présidence du Conseil de la Commission de la Communauté flamande (Vlaamse Gemeenchapscommissie – VGC) à l’automne dernier. Il avait aussitôt annoncé qu’il participerait aux élections de juin prochain avec sa propre liste. C’est ainsi qu’est née la “Team Fouad Ahidar”. Le programme de l’équipe Fouad Ahidar s’articule autour du pouvoir d’achat, du logement, du social, de l’emploi, de la discrimination, de la propreté, de la sécurité, de la mobilité et de l’enseignement.
Voor U
Le nouveau parti politique “Voor U” présentera des listes dans chaque province flamande et en Région bruxelloise en vue des élections du 9 juin. Le mouvement fondé par Els Ampe (ex-Open-Vld) a récolté les 7.000 signatures nécessaires. Voor U avait été fondé par la parlementaire libérale fin 2023 après que cette dernière avait quitté l’Open Vld. Elle a pour cela attiré à elle plusieurs initiatives citoyennes (Vista, Volksliga).
Viva Palestina
Cette liste a été initiée par le militant belgo-libanais controversé, Abou Jahjah. Elle est issue d’un mouvement visant la reconnaissance d’un “génocide de la population palestinienne de Gaza par Israël”. M. Jahjah est le fondateur de la Ligue arabe européenne, puis du parti belge Be.One. Il est considéré comme une figure controversée pour ses propos jugés extrêmistes, xénophobes, antisémites, homophobes et antisionistes. La présence de Viva Palestina au prochain scrutin régional a été rendue possible par la signature que lui a accordée la députée Open Vld Kadija Zamouri, au grand dam de son président de parti et de celui du MR.
Belga – Photo : Belga