Le flou autour des Jurys centraux inquiète

Il n’y aura pas eu de rentrée scolaire ce lundi. Les vacances de printemps sont bel et bien terminées, mais, mesures de confinement obligent, les élèves resteront encore chez eux, au moins jusqu’au 3 mai. Pour les enfants scolarisés à domicile, l’école à la maison, c’est une habitude. Et pourtant, là aussi de nombreuses questions se posent quant à la suite de leur apprentissage. Certains parents s’inquiètent notamment du passage des épreuves des Jurys.

Carine fait partie de ces parents inquiets. Son fils, Denis a 14 ans, et s’apprête à passer son CE1D, le diplôme d’enseignement secondaire du premier degré. Mais quand ? C’est le flou total. « On n’a aucune information, déplore Carine. Or, il faut que nos enfants se préparent correctement à ces épreuves.» Les élèves qui suivent une scolarité « classique » sont au moins fixé sur une chose : les examens de fin d’années n’auront pas lieu. Ce sont les conseils de classe qui se prononceront sur la réussite des élèves. Mais voilà, Denis est depuis toujours scolarisé à la maison, et cette règle ne s’applique donc pas à lui. « On nous dit que les épreuves auront peut-être lieu en juin, en juillet, en août ou en septembre… c’est inadmissible ! » explique Carine.

Un manque criant d’information

Du côté des écoles ou programmes qui proposent de l’aide aux jeunes pour passer les jurys, le son de cloche est le même. « Nos questions restent sans réponses, » confie Constantin Ullens, sous-directeur de l’école du Bois Sauvage à Ixelles. Sur le site de la Fédération Wallonie-Bruxelles dédié aux jurys, seul un bandeau rouge indique que les épreuves organisées jusqu’au 1er mai 2020 sont suspendues. « On n’en sait pas plus, il n’y a rien qui percole », explique Maurice Johnson-Kanyonga, fondateur du « Labo » qui accompagne une dizaine de jeunes dans le cadre des jurys. Or, si les épreuves devaient être reportées de plusieurs mois, cela pourrait avoir des conséquences importantes pour les élèves. Ceux qui devaient passer leur CESS (Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur) par exemple, ne pourraient dès lors pas intégrer les bancs de l’université ou d’une haute école dès septembre. « Ce serait une catastrophe pour les candidats, » ajoute Constantin Ullens.

Quelles modalités pratiques pour les examens ?

« Le jury central, c’est le parent pauvre de l’enseignement, » estime Maurice Johnson-Kanyonga du Labo. Selon lui, la communication n’est déjà pas facile en temps normal avec la Fédération, mais là c’est bien pire : « on ne sait pas quand les épreuves pourront se passer, ni comment ».

Les modalités pratiques des jurys, c’est aussi ce qui inquiète Carine. « Est-ce que tous les jeunes vont se retrouver comme d’habitude dans une grande salle, les uns sur les autres, alors qu’on est dans un contexte d’épidémie ? » interroge la mère de famille. Aucune réponse pour l’instant du côté des autorités compétentes.

Des jurys à distance pourront-ils être envisagés ? Pour le sous-directeur de l’école du Bois Sauvage, cela pourrait peut-être être le cas pour certains jurys mais certainement pas pour tous. « Dans les filières qualification et professionnelle, il y a beaucoup d’épreuves pratiques, en présentiel, qui sont indispensables, ajoute le fondateur du Labo. Comment est-ce que ces candidats pourraient valider leur qualification sans ces épreuves ? »

Le confinement joue aussi sur la qualité de l’apprentissage

Sans objectif clair, difficile pour les candidats aux jurys de maintenir le cap. Depuis le début du confinement, l’école du Bois Sauvage est passée en mode digitale, mais certains élèves peinent à suivre les cours. « C’est difficile pour eux de se concentrer quand il n’y a plus de date butoir, » confie Constantin Ullens. « Il y a une résignation qui s’est installée,» constate aussi Maurice Johnson-Kanyonga.  Et ce n’est pas qu’une question de date d’examen. Du côté de Carine, l’école à la maison est une habitude et pourtant, le confinement à des conséquences sur l’apprentissage de son fils. « Il est moins concentré, il entend que ses amis scolarisés n’ont pas beaucoup de travail alors forcément lui aussi il veut ralentir le rythme. Pourtant, je le luis dis : personne ne lui fera de cadeau au moment de passer le jury ! »

Emilie Eickoff – Photo:BX1