Communales 2018 : le parti Islam crée la polémique, Bianca Debaets réagit et veut porter plainte

Le fondateur du parti Islam et conseiller communal à Anderlecht Redouane Ahrouch annonce dans la Dernière Heure que le parti présentera une liste dans 14 des 19 communes bruxelloises lors des prochaines élections communales du 14 octobre 2018. Mais les propositions du parti qui prône la sharia passent mal auprès de la classe politique néerlandophone.

Le parti Islam (pour Intégrité, Solidarité, Liberté, Authenticité et Moralité), qui avait obtenu deux sièges de conseillers communaux à Molenbeek et Anderlecht en 2012, sera présent dans 14 communes bruxelloises lors des prochaines élections communales, a confirmé Redouane Ahrouch dans la DH. Le fondateur du parti confirme que le parti ne se présentera pas à Woluwe-Saint-Lambert, Woluwe-Saint-Pierre, Auderghem, Uccle et Watermael-Boitsfort, “où le nombre d’électeurs d’origine musulmane ne dépasse pas les 5%”, estime-t-il.

Malgré la parité hommes-femmes exigée sur les listes électorales, Redouane Ahrouch affirme que le parti Islam prônera “qu’il y ait d’office un homme en tête de liste. Un homme vrai, courageux”. Il développe : “J’estime que l’homme doit tirer la liste, c’est logique. L’homme devant la femme derrière, et comme ça, elle se sent aussi en sécurité. Il est pour moi inconcevable qu’une femme tire la liste sauf si vraiment il n’y a aucun autre candidat disponible”.

Des transports en commun non-mixtes ?

Outre cette différence affirmée, le parti Islam annonce que son programme s’axera surtout sur les jeunes : “Il faut repenser la politique d’intégration dans son ensemble”, affirme Redouane Ahrouch. Ce dernier a également été pointé du doigt dans le quotidien flamand Het Nieuwsblad pour sa proposition de séparation entre les sexes dans les transports en commun, et l’instauration de la sharia, soit un système légal basé sur des principes de la religion musulmane.

Ces propos ont particulièrement choqué des hommes et des femmes politiques, principalement du nord du pays. Et en Région bruxelloise, la secrétaire d’État en charge de l’égalité des chances Bianca Debaets (CD&V) a réagi sur les réseaux sociaux en annonçant une enquête auprès de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. “Ce sont des propositions qui me choquent totalement et qui sont une violation directe par rapport à la démocratie et à nos libertés occidentales”, estime l’élue bruxelloise dans un entretien à VRT NWS. “Aujourd’hui, je demande à l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes d’examiner si cette proposition est le début d’une discrimination fondée sur le sexe. Cela ne me semble pas seulement une violation de la Constitution, mais aussi de la Convention européenne des droits de l’homme“. Sa démarche est notamment appuyée par la députée fédérale Catherine Fonck (cdH), elle-même suivie sur Twitter par la ministre bruxelloise de l’Environnement Céline Fremault (cdH).

Divers présidents de parti ont également commenté cette sortie du parti Islam, avec de lourdes critiques à son égard. “Aucune concession sur les valeurs des Lumières. Quiconque le souhaite ferait mieux d’aller ailleurs”, estime le président de la N-VA et bourgmestre d’Anvers Bart De Wever. “Tous ceux qui attaquent nos libertés nous auront face à eux. Chaque jour. Et nous sommes très nombreux. Les femmes et les hommes travaillent, font la fête, nagent et vivent ensemble. Et cela restera comme ça”, clame Gwendolyn Rutten, présidente de l’Open VLD.

“Séparer les hommes des femmes dans les transports en commun ? C’est tout simplement une flagrante violation de la Constitution et de la Convention européenne des droits de l’homme. L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes peut-il enquêter et déposer une plainte ? #inacceptable”, répète pour sa part le président du CD&V Wouter Beke. “Une séparation hommes-femmes dan les transports en commun : il n’en est pas question. L’égalité hommes-femmes est fondamentale. Aucun parti ne peut le changer”, conclut la dirigeante de Groen, Meyrem Almaci.

Gr.I. – Photo : capture RTL-TVi