Procès de l’attentat du Musée juif: les douaniers racontent l’arrestation de Mehdi Nemmouche
“Mehdi Nemmouche essayait de contenir un stress apparent“, a déclaré l’un des trois douaniers français qui ont arrêté l’accusé le 30 mai 2014 à Marseille, lundi devant la cour d’assises de Bruxelles. Mehdi Nemmouche se trouvait alors à bord d’un bus de la compagnie Eurolines en provenance de Bruxelles.
“Ça a commencé quand je l’ai questionné sur d’où il venait. Il s’est montré un peu moins serein qu’il l’avait montré quelques minutes avant“, a répondu l’un des douaniers à la question de la présidente sur l’attitude de Mehdi Nemmouche. “Oui, quand j’ai eu son passeport en main, j’ai senti qu’un stress était présent. Je l’ai à quelques reprises vu s’agiter, bouger, donner des coups de tête sur la gauche”, a poursuivi le témoin ajoutant que “suite au menottage, il a été comme soulagé“.
Le 30 mai 2014 à 12h30, des agents de la brigade de surveillance des douanes de Marseille ont procédé à un contrôle “stupéfiants” dans un car de la compagnie Eurolines en provenance de Bruxelles et Amsterdam. Lors de cette opération, ils ont interpellé Mehdi Nemmouche lorsqu’ils ont découvert qu’il portait sur lui un revolver chargé. Ils avaient auparavant trouvé, dans un sac, une kalachnikov également chargée et qu’aucun passager n’avait revendiqué. Au moment où son collègue lui tend le sac, la douanière qui est intervenue avec deux autres agents a “senti qu’il se passait quelque chose”, a-t-elle témoigné devant la cour. “Je vois l’arme, j’observe les passagers, je me dis qu’il y a quelqu’un de dangereux dans le bus“.
Interrogé par la présidente, le douanier a précisé que Mehdi Nemmouche n’aurait pas pu atteindre la kalachnikov quand les agents sont montés dans le bus. “Il a peut-être envisagé d’utiliser le revolver, mais il avait mon collègue dans son dos. Mon sentiment est que c’est cela qui l’en a dissuadé“.
Après expertise, il s’avérera que les deux armes sont celles qui ont servi lors de l’attaque au Musée juif de Belgique. Lors de la fouille des autres bagages de Mehdi Nemmouche, ce dernier avait lancé aux agents: “Vous ouvrez le sac comme ça? Et s’il y avait une bombe dedans? “, une réflexion qui avait donné des sueurs froides aux douaniers, se sont-ils rappelé lundi devant la cour.
Un repérage la veille des faits
Un homme en costume s’est rendu au Musée juif de Belgique la veille des faits, pratiquement à la même heure que l’auteur de l’attaque le 24 mai. De l’analyse des vidéos de surveillance du Musée et d’un commerce voisin, il ressort que cet homme, l’auteur des faits et Mehdi Nemmouche présentent de nombreuses similitudes, a affirmé lundi devant la cour d’assises un enquêteur de la police judiciaire fédérale.
A la demande du parquet, la police a opéré un revisionnage des images de sécurité des cinq caméras du Musée archivées entre le 25 avril et le 25 mai. Elle s’est également penchée sur des images de caméras de surveillance placées à proximité des lieux. Seul un passage a été jugé pertinent: le 23 mai vers 15h30. On y voit un homme en costume, portant vraisemblablement des lunettes (peut-être de soleil), entrer dans l’accueil du Musée et y rester, selon les recoupements, environ deux minutes. Il semble avoir un bref échange avec Alexandre Strens, qui y sera abattu le lendemain.
L’homme sur les images présente des traits communs avec Mehdi Nemmouche: l’implantation des cheveux, la couleur et la longueur de ceux-ci. Sa physionomie générale semble également correspondre, tout comme la chemise qu’il porte et que l’accusé portait lors de son arrestation. Les images laissent également voir des tâches plus claires au niveau des talons, qui peuvent correspondre aux semelles des chaussures Calvin Klein de Mehdi Nemmouche.
Outre les similitudes physionomiques et d’habillement (lunettes de soleil, cravate rayée, chaussures aux semelles blanches…), la proximité des heures entre le passage de l’homme en costume et l’auteur des faits le lendemain peut se révéler être un modus spécifique “pour se rendre compte de la situation sur place à une heure donnée”, estime l’enquêteur.
“Il semblerait que l’homme en costume, l’auteur des faits et Mehdi Nemmouche soient la même personne“, en conclut-il.
Source/Image: Belga
- Duplex de Camille Tang Quynh et Marjorie Fellinger