Réaménagement de l’hippodrome de Boitsfort : une modification du PRAS demandée pour le parking et la forêt
Cela fait désormais près de dix ans que le dossier du réaménagement de l’hippodrome de Boitsfort, principalement situé sur le territoire d’Uccle, enchaîne les demandes de permis, recours et enquêtes publiques.
L’hippodrome de Boitsfort, situé en bord de Forêt de Soignes et dans une zone classée Natura 2000, fait depuis longtemps l’objet de discussions autour de sa future réaffectation. L’édifice érigé en 1875 est devenu depuis les années ’80 un lieu de rassemblement des promeneurs, joggeurs et même joueurs de golf, qui arpentent aujourd’hui la pelouse centrale autour de l’anneau hippique. Le lieu, installé en bord de Forêt de Soignes, ne disposait toutefois pas à l’époque d’aménagements adaptés. Ce qui a poussé la Région bruxelloise à octroyer un droit d’emphytéose à la Société régionale d’Aménagement Urbain (SAU) en 2012. L’objectif était alors de rénover complètement l’hippodrome et d’y développer des activités sportives, sociales et éducatives.
Suite à ce droit d’emphytéose, la SAU a lancé un appel d’offres pour sélectionner une société chargée de mettre en place les activités citées ci-dessus. La société Drohme Invest a remporté cet appel en 2014, lui permettant de reprendre l’exploitation du golf, d’installer un nouveau restaurant “Le Jardin du Pesage” (en 2018) et d’organiser des événements privés sur les lieux de la Terrasse de l’Hippodrome devenue “Terrasse O2” durant l’été. Des concepts décriés par des associations de riverains qui dénoncent notamment l’aspect trop commercial de ces activités et la pollution engendrée par le parking sauvage aux abords du chaussée de la Hulpe, de l’avenue Franklin Roosevelt et de l’avenue de la Forêt.
De recours devant le Conseil d’État en demandes de nouveaux permis, le projet de réaménagement patine depuis lors. À tel point que le gouvernement bruxellois a renégocié en 2020 l’accord d’exploitation de Drohme pour que Bruxelles Environnement récupère la compétence des espaces verts sur 16 des 32 hectares du site. Avec l’objectif de faire de l’hippodrome de Boitsfort la sixième porte d’entrée de la Forêt de Soignes, la deuxième en Région bruxelloise après le Rouge-Cloître à Auderghem.
► Archive du 09/11/2020 | Le projet de réaménagement de l’Hippodrome de Boitsfort a été révisé (vidéo)
Étendre le parking et agrandir la zone forestière
Si la première phase des travaux de rénovation a pu avoir lieu en 2016, avec le réaménagement de la grande tribune de l’hippodrome et la maison de pesage (devenue le restaurant “Le Jardin du Pesage”), la deuxième phase n’a jamais pu démarrer suite à ces recours, notamment concernant le parking jugé trop massif et situé en zone classée.
Le gouvernement bruxellois a adopté en 2020 un arrêté ouvrant la procédure de modification partielle du Plan Régional d’Affectation du Sol (PRAS) afin d’étendre le parking actuel tout en proposant le changement de la zone située entre les deux anneaux de l’ancien hippodrome, d’une zone de sports ou de loisirs en plein air en zone forestière. “Cette zone arborée située entre les deux anneaux du site de l’hippodrome d’Uccle-Boitsfort et son entourage immédiat seront davantage protégés par les prescriptions applicables à la zone forestière et aux zones de pourtours des bois et forêt, en la mettant à l’abri notamment de toute velléité d’aménagement de cet espace qu’auraient permis les prescriptions de la zone de sports ou de loisirs”, indique-t-il dans cet arrêté.
Le gouvernement explique cette demande par l’idée que le parking de l’hippodrome puisse servir au public en général afin d’accéder à la Forêt de Soignes et aux activités implantées aux alentours de ce futur pôle d’accueil. Le gouvernement indique ainsi que ce parking n’est pas nouveau et est utilisé depuis 1922. Et qu’il sert depuis lors comme porte d’entrée à la Forêt de Soignes.
Enquête publique
Selon le rapport d’incidences sur l’environnement, le parking de l’hippodrome “répond à un besoin impérieux” et “permet de desservir de façon satisfaisante la zone d’équipements existante et la zone de sports ou loisirs voisines, étant entendu que les voiries adjacentes ne sont pas en mesure d’absorber un report important de stationnement”. Mais que “le maintien du parking dans son état de fait actuel n’est pas souhaitable”, en raison de sa capacité “insuffisante” et des problèmes de parking sauvage que la situation actuelle peut poser. La Région souhaiterait pour sa part passer à une capacité de 428 à 535 places de stationnement, ce que le rapport d’incidences pointe comme une possibilité théorique sur un tel espace.
L’enquête publique sur ce projet de modification partielle du PRAS a été lancée le 28 mars dernier et est ouverte jusqu’au 27 mai 2022. Tous les documents peuvent être consultés par toutes et tous auprès des administrations communales de la Ville de Bruxelles, d’Ixelles, d’Uccle et de Watermael-Boitsfort, ainsi qu’en ligne sur le site de perspective.brussels.
Gr.I. – Photo : Belga/Filip De Smet