Bruxelles recalée par l’UEFA à l’Euro 2020: “Une gifle magistrale”, pour le CDH
L’UEFA a annoncé jeudi, via son président Aleksander Ceferin, avoir renoncé à organiser l’Euro 2020 à Bruxelles. “Nous étions en discussion avec Bruxelles depuis longtemps. Ils étaient incapables de nous fournir les documents et les garanties. Ils avaient le temps, ils ne l’ont pas fait“, a raconté M. Ceferin.
Le Comité exécutif de l’UEFA a décidé “à l’unanimité” de retirer ces quatre matches à Bruxelles, devant l’incapacité des organisateurs belges à garantir que le stade en projet serait livré à temps, a déclaré M. Ceferin.
“Ils avaient temps, ils ne l’ont pas fait”
“Nous étions en discussion avec Bruxelles depuis longtemps. Ils étaient incapables de nous fournir les documents et les garanties. Ils avaient le temps, ils ne l’ont pas fait“, a raconté M. Ceferin, président de l’UEFA.
Le Comité exécutif de l’UEFA a décidé “à l’unanimité” de retirer ces quatre matches à Bruxelles, devant l’incapacité des organisateurs belges à garantir que le stade en projet serait livré à temps, a déclaré M. Ceferin. “En raison de l’incapacité du projet Eurostadium à répondre aux conditions posées par l’UEFA, les quatre matches initialement prévus à Bruxelles sont reprogrammés à Wembley“, a déclaré le patron de l’UEFA, lors d’une conférence de presse. “Des experts ont estimé que le risque pour l’UEFA était trop grand. D’abord, il semblait que ce serait un problème pour Bruxelles de finir le stade à temps. Et si le stade n’avait pas été fini à temps, il aurait alors été difficile pour nous de trouver une solution alternative“, a ajouté le président slovène de l’instance européenne.
La Ville de Bruxelles “prend acte”
“Ainsi se clôture l’organisation de l’Euro 2020 en Belgique“, a commenté laconiquement la Ville de Bruxelles, après la décision du comité exécutif de l’UEFA de ne plus faire d’elle une ville hôte du championnat d’Europe de football en 2020, au profit de Wembley. “La Ville de Bruxelles prend acte de cette décision“, indique-t-elle dans un communiqué. Elle confirme néanmoins son intention de disposer d’un stade national moderne “au cœur de la capitale de l’Europe“. À cette fin, elle se dit “prête à prendre part à toute initiative venant des différentes autorités compétentes.”
Dans une réaction publiée sur twitter, l’échevin bruxellois Alain Courtois se montre nettement plus amer:
Déception et amertume. Après 30 ans, on en est toujours au même point. Rénovation par le public: NIET. Nouveau stade en partenariat avec le privé: NIET. Belgique, où est donc passée ton ambition? #eurostadion #stadenational #eurostadium
— Alain Courtois (@AlainCourtois) December 7, 2017
Vervoort déplore le manque de volonté politique de toutes les parties impliquées
“Un tel projet ne peut clairement pas aboutir sans volonté politique de la part de l’ensemble des parties concernées“, regrette le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS). “Bruxelles doit prendre acte de cette décision et se demander s’il est encore nécessaire d’entreprendre des actions qui peuvent bénéficier à l’ensemble de la Belgique. Toutes les grandes capitales disposent d’un stade digne de ce nom. Notre pays a offert un triste spectacle en montrant notre incapacité à unir nos forces autour d’un projet, qui aurait pu générer de l’activité économique et contribuer à augmenter le rayonnement de Bruxelles et de la Belgique“, a poursuivi le chef de l’exécutif régional. Rudi Vervoort a par ailleurs rappelé que son gouvernement avait soutenu la construction d’un nouveau stade car le stade Roi Baudouin n’est plus conforme aux normes actuelles.
Ecolo : “Projet bancal depuis le début”
Ecolo de son côté dénonce “l’affairisme” qui a selon lui “tué” le dossier du stade national sur le parking C du Heysel, et défend un modèle participatif qui donne une place au football et aux autres sports à partir du Stade Roi Baudouin. “Le projet d’Eurostadium est bancal depuis le début et doit être abandonné“, a affirmé Arnaud Pinxteren, député bruxellois Ecolo. La décision de l’UEFA est à ses yeux une occasion de mettre à plat le projet au-delà du calendrier de l’Euro 2020. “Ce projet n’a pas encore été réalisé, tout simplement parce qu’il est mauvais. Les responsables, (le ministre bruxellois du Budget) Guy Vanhengel et (le Premier échevin de Bruxelles) Alain Courtois en tête, doivent dès aujourd’hui assumer cet échec et travailler à une meilleure alternative“, exhorte-t-il. Pour les Verts, la Belgique et Bruxelles ont déjà un stade national: le stade Roi Baudouin. Avec Groen, ils appellent à un projet de stade pensé avec les citoyens, au cœur d’une Cité des Sports sur le plateau du Heysel. “Les pouvoirs publics prévoient d’investir 300 millions d’euros dans le projet d’Eurostadium. Cet argent devrait être investi dans un projet plus rassembleur. Faisons du Stade Roi Baudouin rénové l’écrin bruxellois pour notre équipe nationale, ses supporters, mais aussi pour les amateurs de tous les autres sports“, conclut Arnaud Pinxteren.
DéFI : “un désaveu pour Alain Courtois”
Dans un communiqué, le chef de groupe DéFI au Conseil communal de la Ville de Bruxelles, Fabian Maingain parle d'”un terrible désaveux pour la crédibilité internationale de la Belgique, le résultat d’un mauvais choix stratégique dans l’emplacement du projet et un constat d’échec dans la gestion de ce dossier par le premier échevin MR Alain Courtois“. L’élu conclut à la nécessité de remettre à plat le dossier du stade.
NVA :”Rénovons le stade Roi Baudouin”
Enfin pour la NVA, les pionniers de l’Eurostadium “se prenaient pour Messi et Ronaldo“. “Notre pays et les Bruxellois paient le prix fort“, disent les nationalistes. Et de réclamer la rénovation du stade Roi Baudouin.
CDH: “Une gifle magistrale”
L’échec de la candidature de Bruxelles constitue une “gifle magistrale” pour les autorités de la Ville, pour l’image de Bruxelles ainsi que pour le gouvernement fédéral, incapable d’endosser un rôle d’arbitre et de facilitateur, a estimé jeudi le cdH.
Pour les centristes, le dossier était vicié dès que les autorités bruxelloises ont décidé de faire construire le futur stade national en dehors de la Région bruxelloise, où elles n’avaient aucune possibilité de réellement pouvoir agir. “Même la condition sine qua non, à savoir la garantie qu’un club résident – le RSC Anderlecht en l’occurrence – y prenne ses quartiers, n’a jamais été bétonnée“, rappelle le cdH bruxellois, qui dénonce les coups de canif successifs portés à la promesse que le projet ne coûterait pas un centime au contribuable bruxellois. Toutefois, la décision de l’UEFA de se passer de Bruxelles en 2020, “aussi déplorables qu’en soient les raisons, peut malgré tout être une opportunité pour repartir sur des bases nouvelles qui s’appuieraient sur une relocalisation de la future enceinte en Région bruxelloise – les solutions de rechange sont multiples – et qui maintiendraient dans la capitale de l’Europe l’organisation du Mémorial Van Damme“, indiquent Benoît Cerexhe, Joëlle Milquet et Hamza Fassi-Fihri, chefs de file du cdH à Bruxelles.
La décision de l’UEFA de retirer à Bruxelles l’accueil de matches du championnat d’Europe de football en 2020 relève de “la logique même”, dès lors que le stade ne pouvait plus être construit pour l’échéance, a commenté jeudi Marleen Mertens (CD&V), bourgmestre de Grimbergen, commune sur laquelle devait être érigé le stade national, sur un terrain de la Ville de Bruxelles au parking C du plateau du Heysel.
“La logique même“, selon la bourgmestre de Grimbergen
L’édile local se dit soulagée, au regard de l’opposition au projet manifestée dans sa commune. Elle dit ignorer si le promoteur Ghelamco maintiendra un projet. Aucun permis n’a encore été accordé, des recours sont toujours pendants et le problème du chemin vicinal sous le parking C n’est toujours pas résolu, fait-elle valoir. “Un tel projet pour une commune comme Grimbergen, c’est bien trop grand pour fonctionner sans problèmes“, conclut-elle.
Pour le vice-Premier ministre Open Vld Alexander De Croo “ce dossier doit être géré au niveau national“
“Ceci n’est pas un dossier bruxellois ou flamand, mais au minimum d’ampleur nationale, voire même européenne. S’il apparaît que, dans des dossiers comme le stade national, les nuisances aériennes de l’aéroport de Bruxelles ou les normes d’émission GSM, on bascule d’un problème à un autre, alors il faut voir s’il ne vaudrait pas mieux gérer tout cela au niveau national“, a souligné le libéral flamand. L’Open Vld a pourtant, en la personne du ministre bruxellois du Budget Guy Vanhengel, l’un des plus ardents défenseurs du projet de stade national avorté jeudi. “J’ai parfois une opinion différente de Guy Vanhengel ; à un certain moment, il faut pouvoir trancher dans un dossier qui dépasse les intérêts d’une Région“, ajoute Alexander De Croo, pour qui la capitale de l’Europe “a droit à une telle infrastructure“. “Sur le territoire de Bruxelles ou en dehors, nous devons dépasser cette question en tant que pays“.
“Le Stade national verra le jour”, assure Ghelamco
Le groupe de construction Ghelamco a réaffirmé, jeudi, que le stade national verra le jour même si l’UEFA vient de rayer Bruxelles de la liste des villes qui accueilleront un match de l’Euro 2020. Pour Ghelamco, cette situation découle de “retards administratifs inutiles”. “Les grands travaux d’infrastructure doivent être organisés de manière à ce qu’ils soient réalisables, sans que les différents niveaux de pouvoir s’affrontent constamment et se mettent des bâtons dans les roues“, a souligné le promoteur qui ne souhaite pas que le dossier du stade atterrisse à la poubelle. “En tant que constructeur, nous avons fait une promesse aux supporters du football belge, à l’équipe nationale, à la ville de Bruxelles et à tout le pays: celle de construire un temple du football dans la capitale européenne. Nous sommes des hommes de paroles et nous ferons donc tout pour tenir nos engagements“, a encore assuré la société.
Pour Elio Di Rupo, “il a manqué une coordination nationale”
Le président du Parti socialistea estimé que le dossier du stade national, dont l’échec pour l’Euro 2020 a été entériné jeudi, aurait dû être traité au niveau national. “Il y a eu plusieurs acteurs, et je ne veux pas politiser” en pointant du doigt des responsables, a commenté Elio Di Rupo, sur le plateau de l’émission “Jeudi en prime”sur la RTBF. “On aurait dû prendre le dossier au niveau national. Il avait été convenu que ce projet serait 100% privé, mais il est dommage d’avoir laissé son évolution dans les mains tantôt de la Ville, tantôt des privés, etc.” “Dans un pays complexe comme le nôtre, ce serait bien qu’il y ait une coordination nationale conduite par le Premier ministre, qui symbolise le mieux la Belgique dans sa diversité“, a ajouté l’ex-Premier ministre. Il souligne le besoin d’un stade national pour les Diables Rouges, qui soit digne d’une capitale européenne, en coopération avec la Ville et les Régions bruxelloise et flamande.
(Avec Belga)