Yves Coppieters : “Si les politiques ont confiance dans nos moyens de prévention, il faut changer la communication”

Depuis le début de la pandémie, le professeur en santé publique, Yves Coppieters, analyse les messages des gouvernements et leur gestion de la crise du covid-19. Aujourd’hui, il demande une gestion plus sereine et plus durable car il va falloir vivre avec le virus comme celui de la grippe.

Que pensez-vous des mesures décidées par le Codeco de ce mardi?

L’objectif de ses mesures c’est de diminuer la circulation du virus. On revient aux fondamentaux que sont le respect des gestes barrières avec le CST. On peut le critiquer, mais je pense que les mesures d’hier sont proportionnelles à la situation.

Nous sommes restés dans une communication basée sur la peur. Pour vous, il faut passer à autre chose?

Je pense que le gros problème et cette communication autour du gestion du risque. c’est une erreur de garder la même ligne de conduite. on était resté sur un plateau trop élevé mais ce type de communication dure est contre productif. les gens commencent à se désintéresser de ces informations covid car cela devient trop lourd et c’est là que je pense qu’il faut faire un shift dans notre communication si on a confiance dans nos stratégies de prévention et dans la conduite de la population, on peut passer sur la responsabilité de chacun. Les rebonds sont inévitables. 

Est-ce que les politiques n’ont pas peur de se tromper aujourd’hui?

Les experts et les politiques ont peur de sous-estimer le risque. Ils préfèrent un scénario pire car cela justifie les mesures et les protège. Si les médias et le grand public sont demandeurs de mesures, ils y vont. Les politiques doivent avoir confiance dans les mesures de prévention mises en place. Dans l’arsenal, on a des stratégies à tous les niveaux, même dans le curatif. Petit à petit, on doit intégrer la surveillance du covid-19 comme pour toutes les autres maladies comme la grippe saisonnière. Cela fait partie des missions des organismes de surveillance publique comme l’ozone où quand il y a un pic, on dit aux gens ce qu’il faut faire.

Aujourd’hui, on pointe du doigt les écoles. Est-ce qu’on s’est trompé dans la contagiosité des enfants?

On voit bien qu’il y a un pic de contagiosité chez les moins de 20 ans. On les teste beaucoup aussi mais le taux de positivité est haut. Les jeunes participent à la circulation. Les écoles sont des lieux de vaccination et les jeunes sont moins vaccinés ou pas vaccinés donc c’est logique.

On cherche souvent un responsable ou un comportement qui expliquerait la circulation du virus. Pensez-vous que cela laissera des traces dans notre société?

Cela laissera des traces. On a fonctionné sur une communication du clivage et je pense que c’est simplifier la réalité. Il faut comprendre la diversité de la population. On a tous un avis propre et on doit comprendre cette diversité et faire une communication plus ciblée pour être dans la pédagogie et la promotion de la santé. Je pense que nous pouvons passer dans cette phase.

■ Interview d’Yves Coppieters, professeur en santé publique à l’ULB par Vanessa Lhuillier