Voici le programme de la Semaine de la mobilité : en avant marche !

La semaine de la mobilité 2021 démarre le 16 septembre pour se refermer le 22. Entre les deux, le dimanche sans voiture viendra couronner le tout le 19 septembre. Après avoir des années durant mis l’accent sur le vélo et les aménagements cyclables, place cette fois à la marche à pied, thème inauguré lors de l’édition de printemps de l’événement, au mois de mai dernier. Objectif : propulser la part des déplacements piétons de 37% à 50% d’ici à 2030, comme le prévoit le plan Good Move. 

Alors qu’ils représentent aujourd’hui 37% des trajets urbains à Bruxelles, les déplacements piétons devront grignoter quelques pourcentages d’ici 10 ans pour que la part modale des modes actifs (vélo, marche) atteigne 50%. C’est en tout cas ce que prévoit le plan Good Move, comme l’a rappelé ce lundi matin la ministre régionale de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen) lors de la conférence de presse de l’événement. La promotion de la marche figurait déjà dans le Plan régional de développement durable (2018). Elle est en bonne voie, mais il reste du travail, en termes d’aménagements et d’infrastructures, mais aussi d’incitation.

« On a une vie de quartier assez forte à Bruxelles, avec des commerces et services de proximité, ce qui favorise les déplacements à pied », relève Xavier Tackoen, administrateur-délégué du bureau d’étude indépendant Espaces-Mobilités. Alors que dans de nombreuses villes wallonnes, les centres urbains se vident de leurs commerces, ce n’est pas le cas dans la capitale, précise-t-il. Des améliorations sont certes nécessaires, mais Bruxelles n’est pas si mal lotie, insiste Mathias De Meyer, expert à Bruxelles Mobilité. « Dans le cadre de la promotion d’une ville polycentrée, on constate que certains quartiers sont beaucoup moins bien pourvus en équipement de proximité, mais Bruxelles se défend bien, comparée à d’autres villes similaires. »

Les confinements ont renforcé la tendance à l’usage local et piéton de son quartier. Et la flexibilité apportée par le télétravail a encouragé beaucoup de parents à emmener leurs enfants à l’école à pied ou à vélo, plutôt qu’en voiture. La période est donc propice, pour braquer les projecteurs sur un mode de déplacement qui se déploie dans une certaine discrétion.

Il ne s’agit pas ici de grande randonnée bien sûr, mais de développer le réflexe « j’y vais à pied » pour les courtes distances, jusqu’à 2 voire 2,5 km. Et aussi d’intégrer encore davantage la marche dans une approche multimodale des déplacements, qui combine différents modes de transport (vélo, transports en commun), toujours dans le but de réduire la part de la voiture dans la ville. Il faut une approche rationnelle et raisonnée de la marche, résume Mathias De Meyer.

Bruxelles, ville “marchable” ?

Dans l’esprit de beaucoup, la marche ne représente pas encore un mode de déplacement en soi, à part entière, au même titre que le vélo, les transports publics ou la voiture, observe Xavier Tackoen. D’où l’importance de l’encourager très concrètement et physiquement sur le terrain. Faciliter la circulation piétonne, c’est l’objectif poursuivi par plusieurs outils développés dans le plan Good Move. Le principe des quartiers apaisés, qui visent à offrir des espaces publics de qualité. Il y en a cinq nouveaux chaque année, pour arriver à 50 en 2030. Et l’apaisement est d’autant plus nécessaire que les conflits entre usagers de la route montent à mesure que les modes de déplacements se multiplient.

« Bruxelles est déjà une ville “marchable”, explique encore Xavier Tackoen, mais elle doit maintenant accélérer le mouvement au niveau des aménagements. » L’approche est en train de changer à cet égard, assure l’expert. Avec notamment le développement du principe des « magistrales piétonnes », à savoir des voies conçues pour les piétons, avec des trottoirs larges, qui rayonneront depuis le centre-ville vers les  différents quartiers. Aujourd’hui, elles représentent moins de 2 km, mais le plan Good Move en promet 11,4 à l’horizon 2030.

L’enjeu à Bruxelles, c’est de gommer les ruptures et les obstacles, et créer des parcours pour les piétons, plus confortables et plus directs. Sur ce point, Xavier Tackoen rejoint l’avis d’Emilie Herssens, coordinatrice de la nouvelle plateforme Walk, qui promeut la marche en ville (voir ci-dessous). « Au niveau des infrastructures, le réseau piéton est insuffisamment connecté, il y a beaucoup de ruptures sur les trajets qui peuvent décourager les plus déterminés. » Trémies, tunnels, autoroutes urbaines, canal, qui contraignent à d’immenses détours, ou rendent les trajets trop inconfortables ou insécurisants. La Région y travaille, avec notamment la création de nouvelles passerelles. Mais on est loin du compte.

« Une de nos premières mobilisations, confie Emilie Herssens, sera de créer une conscience collective sur les “voies lentes”, des réseaux dépouillés de toute circulation motorisée, sentiers, tunnels, passerelles, qui peuvent se révéler d’excellents raccourcis. » Un inventaire existe. Il faut maintenant le valoriser et le faire connaître, pour que chacun puisse les utiliser et se les approprier. Et ce n’est pas toujours facile. Certains ouvrages d’art feraient d’efficaces passages ou raccourcis piétons, mais ne sont pas utilisables parce qu’en mauvais état ou condamnés par leurs propriétaires. En outre, ajoute Emilie Herssens, les aménagements urbains ne sont pas encore assez pensés en fonction des piétons.

« Walk », porte-voix des marcheurs

Preuve que le piéton devient un enjeu sérieux, une nouvelle ASBL voit le jour pour promouvoir la marche à pied : Walk est une plateforme qui rassemble une vingtaine d’associations et collectifs actifs sur le sujet. Elle aura pour mission de défendre les droits des piétons, renforcer la dynamique piétonne et promouvoir la marche. « On parle souvent de la marche de manière discrète. Jusqu’ici les acteurs investis sur cette question se sentaient seuls. » Leur donner enfin un visage et une voix est essentiel. Quel sera le rôle de Walk ? Intervenir dans le débat public, mais aussi très concrètement dans les institutions de mobilité. Ainsi à partir de ce mois de septembre, Walk siège au sein de la commission régional de Mobilité. Un pas de plus dans la bonne direction ? Rendez-vous sur le site www.walk.brussels.

S.R.

Une semaine d’événements pour la mobilité

Le programme de la semaine de la mobilité est plus restreint que d’habitude, notamment en raison du Covid.

Pour promouvoir la marche à pied, Bruxelles Mobilité propose :

Walk This Week, un défi à relever en équipe : marcher plus de 10.000 pas par jour pendant la semaine de la Mobilité. Objectif : 70.000 pas à la fin de la semaine.

Inscription : walkthisweek.semainedelamobilite.brussels

Au travail sans ma voiture : l’édition 2021 de l’opération qui consiste à expérimenter des modes de déplacement alternatifs à la voiture sur les trajets domicile-travail, se renouvelle et propose aux participants d’une vingtaine d’entreprises sélectionnées, des « missions de mobilité » : tester de nouvelles formes de mobilité, participer à des formations sur le vélo, la micromobilité ou la multimodalité.

A l’école sans ma voiture : 248 écoles bruxelloises ont aujourd’hui leur plan de déplacements scolaires. L’objectif est de porter ce chiffre à 300 écoles en 2025.

Dans les communes :

Les activités prévues dans les communes se concentrent le plus souvent au dimanche sans voiture (19 septembre). À côté des animations classiques sur la mobilité, marchés durables, ateliers réparation vélo et fêtes de la mobilité, quelques nouveautés s’annoncent :

Woluwe-Saint-Pierre propose le projet « Buck-e » : pour inciter les enfants de 6e primaire à rejoindre leur école à vélo, la commune récompensera les cyclistes en herbe avec de l’argent virtuel, à dépenser dans les commerces locaux.

Jette organise le 29 septembre une brocante de vélo d’occasion

Jette et Forest organisent des formations vélo parents-enfants (en partenariat avec Pro Vélo)

Watermael-Boitfort : soutient une initiative d’habitants, qui proposent des activités dans les cités-jardins Le Logis et Floréal, notamment des parcours cyclistes et piétons

Saint-Gilles : propose le projet Cargo Bike, qui consiste à prêter des vélos cargo pour deux semaines à des particuliers

Ixelles : accueillera le départ de la Schieve Parade place Flagey à 14h30. Il s’agit d’un nouveau festival ambulant et participatif organisé par un groupe de jeune bruxellois. La parade sera rythmée par des performances artistiques, musicales, circassiennes…