Visite du maire de Téhéran à Bruxelles : Alexander De Croo affirme son soutien à Hadja Lahbib
Le Premier ministre, Alexander De Croo, a affirmé lundi son soutien à la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, dans le dossier de la venue de dignitaires russes et iraniens à Bruxelles. À ses yeux, c’est la Région bruxelloise qui porte la responsabilité politique dans ce dossier.
“Il faut mettre les responsabilités politiques là où elles sont. Malgré un avis négatif, Bruxelles a quand même choisi de les inviter et même de payer leur séjour. La responsabilité se trouve à ce niveau“, a-t-il déclaré au micro de VTM.
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À ses yeux, la position du gouvernement fédéral à l’égard des autorités iraniennes ne fait pas de doute. “Soyons clairs: j’ai négocié durant un an avec l’Iran pour libérer un innocent belge et j’ai finalement obtenu quatre libérations. Notre avis sur l’Iran est très clair, et j’ai fait cela avec Hadja Lahbib. Son avis sur la question est très clair“, a-t-il ajouté.
De sources fédérales, on précisait en outre qu’il n’y avait pas de lien entre la venue du maire de Téhéran, Alireza Zakani, à Bruxelles et ces négociations en vue de libérer Olivier Vandecasteele.
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Le Brussels Urban Summit, dont la ville hôte était Bruxelles, s’est déroulé du 12 au 15 juin.
Le 20 mars, sollicité par l’administration régionale bruxelloise, le directeur Moyen Orient des Affaires étrangères a indiqué qu’une telle visite n’était “pas du tout opportune dans les circonstances actuelles“. “Il serait recommandable de ne pas inviter ces quatre personnes de la Ville de Téhéran ni par le secrétaire d’État Smet, ni par le Secrétaire général Jordi Vaquer (dirigeant de Metropolis l’association internationale organisatrice de l’Urban Summit auquel a participé le maire de Téhéran)”, a-t-il ajouté.
Le 3 mai, à la suite d’un entretien téléphonique un courriel émanant du cabinet de M. Smet demandait au même diplomate de préciser la ligne de conduite qui serait suivie : les visas des représentants des villes iraniennes membres de Metropolis seraient-ils dans tous les cas refusés? Une représentation technique ou administrative était-elle admise? S’il y a eu une réponse, celle-ci ne se trouve pas dans les courriels déposés par M. Smet au parlement bruxellois.
La donne paraît changer le 10 mai à la suite d’un entretien téléphonique entre M. Smet et Mme Lahbib. Selon le compte rendu qu’en fait un collaborateur de M. Smet, la ministre fédérale n’aurait pas de problème avec le fait que des villes russes et iraniennes soient invitées au Brussels Urban Summit, “certainement au niveau technique mais aussi politique si j’ai bien compris“.
Un autre collaborateur de M. Smet adresse le 11 mai un mail au cabinet de Mme Lahbib dans lequel il rappelle l’entretien qui a eu lieu. “Ministre Lahbib a confirmé hier que vous/votre administration n’allez pas refuser/bloquer les visas“, dit-il avant de demander qui est la personne qui suit ce dossier afin d’obtenir une confirmation de cette “approche“.
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Et le 8 juin, un autre diplomate, également collaborateur de Mme Lahbib, demande au cabinet de M. Smet comment ils souhaitent “procéder si le ministre souhaite toujours bien la venue de cette délégation : que toute la délégation qui s’est présentée à l’ambassade reçoive un visa ou seulement ceux à qui vous avez envoyé des invitations“.
Des visas “à territorialité limitée” seront finalement accordés à une délégation iranienne de 14 personnes comprenant le maire de Téhéran. Interrogée jeudi à la Chambre, Hadja Lahbib a pointé du doigt l’insistance de M. Smet pour inviter ces personnes malgré l’avis négatif des Affaires étrangères.
“Le 10 mai, le secrétaire d’État m’informe qu’il a des obligations à remplir vis-à-vis de l’organisateur pour le rayonnement de la Région bruxelloise et qu’il est très important que toutes les villes y participent. Il me demande de ne pas bloquer ces invitations au risque de mettre en péril cet événement auquel il tient tant“, a-t-elle expliqué.
“Face à cette insistance“, les Affaires étrangères ont procédé à diverses vérifications techniques, notamment auprès de la Sûreté de l’Etat et de l’OCAM, et également pris contact avec l’Office des étrangers.
Belga – Photo : Belga / Nicolas Maeterlinck