Violences sexuelles : “Ne laissez pas l’Église résoudre cela elle-même”

Il est nécessaire de mettre en place des points de contact indépendants et qui bénéficient d’une meilleure visibilité pour les victimes d’abus sexuels au sein de l’Église.

Le suivi des dossiers doit rester, quant à lui, strictement en dehors de l’Église, a indiqué vendredi le prêtre Rik Devillé lors de la première audition publique de la commission d’enquête parlementaire sur les abus sexuels dans l’Église.

Rik Devillé, à l’origine du comité “Mensenrechten in de Kerk”, a demandé avec insistance aux membres de la commission d’enquête de la Chambre “de retirer les dossiers des mains des autorités actuelles de l’Église” et “de ne plus jamais les laisser résoudre ce problème elle-même“. “Si vous initiez quelque chose, faites-le sans l’intervention des évêques“, a-t-il poursuivi. “Prenez cela vous-mêmes en main.”

Le prêtre faisait entre autres référence à la commission d’arbitrage mise sur pied dans la foulée de la première commission relative aux abus sexuels dans l’Église dans le but d’indemniser les victimes de dossiers prescrits. Les autorités ecclésiastiques y étaient alors parties prenantes.

Rik Devillé a également souligné que les victimes d’abus sexuels au sein de l’Église ignorent encore souvent vers qui se tourner pour être reconnues. “Comment se fait-il que je reçoive encore des lettres après toutes ces années ?“, s’est-il interrogé.

La problématique est si ancienne et a été si peu prise en compte que vous êtes maintenant confrontés à une personne de près de 80 ans qui a parfois des difficultés à l’expliquer“, a-t-il souligné à l’entame de son intervention devant les parlementaires.

Pour Rik Devillé, il est également nécessaire que les indemnités accordées par la commission précédente soient revues à la hausse et de souligner que la fondation d’utilité publique Dignity avait versé jusqu’à présent 6 millions d’euros, ce qui correspond à 5.386 euros en moyenne.

Nous savons depuis la commission précédente ce que vaut une vie détruite“, a-t-il noté alors qu’il faudrait “multiplier par cent” pour couvrir les dégâts réels.

Belga – Photo : Belga / Nicolas Maeterlinck